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Ignacio Cembrero, sur Pegasus : »Il n’est pas crédible que je sois le seul Espagnol espionné ».
Le ministère public a convoqué le journaliste ce vendredi en raison de la surveillance « très probable » du Maroc.
Je ne connais pas la position du CNI, mais il n’est pas crédible que je sois le seul Espagnol espionné », a déclaré Ignacio Cembrero lorsqu’il a été interrogé sur les actions du service de renseignement espagnol face à l’espionnage dont il aurait fait l’objet de la part du Maroc par le biais de Pegasus, un programme installé sur son téléphone portable pour le surveiller.
Dans un entretien téléphonique avec ElPlural.com, le journaliste a insisté : »Pourquoi la liste des numéros de téléphone espagnols n’est-elle pas apparue ? Je ne sais pas. L’Espagne est une priorité pour le Maroc. S’il y a une surveillance des Algériens, environ 1 000 téléphones français, dont l’un de ceux du Président de la République….. Il est incompréhensible qu’il n’y ait pas d’espagnol à part le mien ».
Le bureau du procureur général a finalement convoqué l’informateur ce vendredi pour ratifier la plainte déposée auprès du parquet le 26 juillet. Il y affirme avoir été victime d’une enquête via son téléphone, ce que Reporters sans frontières ratifie et désigne le coupable : « très probablement », il s’agit du Maroc.
C’est désormais la Computer Crime Unit qui sera chargée d’analyser la plainte déposée par Cembrero, ce dont il se félicite. Il a été avancé, donc je ne peux pas dire qu’il est loin d’être en retard. La prochaine étape est de savoir si elle ouvre des procédures, ce que j’espère », dit-il.
Plaintes du Maroc, mais pas d’action
Le Maroc a annoncé qu’il avait engagé des poursuites pour diffamation contre certains médias internationaux, tels que le quotidien allemand Munich, Amnesty International et la radio publique française. Il a aussi récemment engagé un cabinet d’avocats à Madrid pour « engager une action en justice » en Espagne pour, dit-il, « la publication et la diffusion répétées » de « nouvelles fausses, malveillantes et calomnieuses » contre le pays.
De l’avis de Cembrero, cela n’ira pas loin. Si les plaintes ne portent que sur la diffamation, elles n’iront nulle part. Il existe une jurisprudence abondante en France et en Espagne, les Etats ne peuvent pas être diffamés, seulement les personnes morales », précise-t-il.
Cembrero s’est joint à deux plaintes qui ont été déposées en France. L’une d’entre elles ne vise personne en particulier, mais demande au parquet d’enquêter. La seconde, déposée le jeudi 5 août, est dirigée contre la société israélienne NSO Group, créatrice de Pegasus.
Les plaintes
17 journalistes de sept pays différents, dont aucun journaliste français. Ils ont préféré agir de leur côté, mais on sait que le parquet va regrouper toutes les plaintes », dit-il, ajoutant : »L’autorité française de cybersécurité a invité certains journalistes à remettre leurs téléphones portables et tous ceux qui ont été analysés avaient Pégase ou des traces de celui-ci.
L’ancien correspondant au Maghreb assure que, lorsque la plainte passera devant un tribunal d’instruction, »le juge n’acceptera très probablement pas que des journalistes qui ne sont pas de l’Union européenne puissent être inclus dans la plainte ». Ainsi, 14 d’entre eux seraient laissés de côté. Sur les 17, il y aurait deux Hongrois, les Français, les deux Marocains ayant la double nationalité française et moi-même », précise-t-il.
Quant à l’Espagne, il espère que le ministère public enquêtera sur cette affaire et qu’il dénoncera l’État marocain et l’ONS « s’il le juge approprié ». J’ai l’intention de remettre mon téléphone et j’espère que des mesures seront prises contre les coupables et contre ceux qui ont aidé en vendant des produits pour le faire, comme le malware Pegasus », conclut Cembrero.
El Plural, 12/08/2021