Selon El Confidencial, les punitions marocaines contre l’Espagne se poursuivent. “Il y a d’abord eu la punition migratoire, avec une avalanche record de sans-papiers à Ceuta en mai – autorisée, sinon encouragée, par les autorités marocaines. Puis ce fut le volet diplomatique, avec le retrait peu après de son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich. C’est maintenant le tour du coup économique. Mohammed VI a lancé un coup géopolitique d’un million de dollars pour ramener ses migrants au Maroc pour les vacances sans qu’ils devoir mettre le pied en Espagne, lançant son troisième défi direct à Madrid en à peine un mois », affirme-t-il.
Pour le journal espagnol, « le fait que cette mesure sans précédent – liée aux transports – soit annoncée par le ministère des affaires étrangères et non par le ministère de l’industrie montre qu’il s’agit d’une décision politique, encadrée dans la crise entre les deux pays voisins ».
« Cinq ports andalous – Algeciras, Almeria, Malaga, Tarifa et Motril – ainsi que ceux de Ceuta et Melilla, subiront une baisse de leurs revenus ; de même, les compagnies maritimes qui exploitent les routes entre l’Espagne et le Maroc seront gravement touchées. Selon la Confédération espagnole des entrepreneurs de stations-service, les stations-service où les immigrants transhumants se sont ravitaillés perdront environ 100 millions d’euros », signale le média espagnol ajoutant qu’en 2019, « dernière année où l’OPE a fonctionné à plein régime avant la pandémie, près de 1,6 million de Marocains résidant en Europe à bord de plus de 370000 véhicules ont traversé la péninsule à l’aller et au retour et ont embarqué dans les ports andalous ».
D’après El Confidencial, « le changement de traversée, en embarquant, par exemple, à Marseille au lieu d’Algésiras, allonge le voyage de 30 à 48 heures. Et, surtout, il multiplie le prix jusqu’à six fois ». La mesure n’a pas été du goût des MRE marocains. « Face à la colère de ses sujets en Europe, Mohamed VI décide d’intervenir. Dans un communiqué du 13 juin, il a ordonné aux « acteurs du transport aérien, notamment la compagnie Royal Air Maroc, ainsi qu’à ceux du transport maritime, d’assurer des prix raisonnables, à la portée de tous (…) afin que les familles marocaines à l’étranger puissent rentrer au pays ». Le mandat royal a été exécuté ipso facto. Le lendemain, la direction de la marine marchande a annoncé dans un autre communiqué que, « conformément aux instructions royales », la traversée aller-retour – quatre personnes avec une voiture – de la France ou de l’Italie vers un port marocain ne coûterait que 995 euros ».
D’autre part, selon le journal ibérique, la décision royale n’est pas légale. « En ordonnant aux compagnies aériennes de proposer des billets à des « prix raisonnables » aux « familles marocaines », Mohammed VI commet une ingérence dans le marché qui contredit l’accord aérien de 2018 entre le Maroc et l’Union européenne. Celle-ci stipule qu’il doit y avoir une « concurrence loyale » entre les entreprises. La RAM, subventionnée pour offrir des billets bon marché, ne lutte pas à armes égales avec ses rivaux ».
« A cette première objection juridique s’ajoute une discrimination – potentiellement illégale – car ces réductions ne sont destinées qu’aux familles marocaines et non, par exemple, aux touristes européens qui veulent partir en vacances au Maroc. Il reste à voir si les compagnies aériennes européennes desservant le Maroc feront appel des « remises » de Mohamed VI devant les tribunaux », a-t-il ajouté.
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