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Hussein Maaloum
Mar., 26 Sep, 2023
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Ataf, a conclu une visite de travail de deux jours aux États-Unis le 10 août, sur invitation de son homologue américain, Anthony Blinken. Cette visite, selon le ministère algérien des Affaires étrangères, vise à renforcer la collaboration économique et à approfondir la coopération politique entre l’Algérie et les États-Unis.
L’invitation américaine adressée à l’Algérie est notable compte tenu du contexte des développements mondiaux, notamment à la lumière du conflit russo-ukrainien et des événements qui se déroulent rapidement dans la région. Le récent coup d’État au Niger et les réactions qui ont suivi de la part de la communauté internationale et des nations africaines suscitent une inquiétude particulière. Ces circonstances soulèvent plusieurs questions pertinentes, comme celle de savoir si cette visite n’est qu’un événement de routine visant à améliorer la coopération entre les deux parties, ou si elle comporte des implications plus profondes. Cette visite témoigne de la volonté de l’Algérie de forger des liens plus étroits avec le monde occidental, notamment à la lumière des récentes visites du président Abdelmadjid Tebboune en Russie et en Chine.
Intérêts algériens en jeu
La visite d’Attaf à Washington a englobé de nombreuses questions, notamment celles relatives au dialogue stratégique, à la coopération économique et aux échanges commerciaux entre l’Algérie et les États-Unis d’Amérique. Elle a également porté sur des questions concernant la sécurité régionale après le coup d’État au Niger, ainsi que sur la question du territoire du Sahara, qui revêt une importance capitale pour l’Algérie.
Voici les principales questions qui ont été abordées lors de la visite du ministre algérien des Affaires étrangères aux États-Unis :
1- Le coup d’État au Niger et les défis de la sécurité régionale : Il semble y avoir une convergence notable entre les points de vue de l’Algérie et des États-Unis concernant la crise au Niger après le coup d’État du 26 juillet. Les deux parties ont convenu de condamner le coup d’État dès son origine, tout en préconisant l’utilisation de mesures diplomatiques pour rétablir la légitimité constitutionnelle à Niamey. En outre, les deux points de vue convergent sur le rejet de l’emploi de l’intervention militaire pour résoudre le coup d’État, ce qui contraste avec la position de la France et les positions de certains États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Outre le dossier sur le Niger, d’autres questions concernent les organisations terroristes opérant dans la région du Sahel africain. Notamment l’EI, qui exerce un contrôle sur la zone frontalière qui englobe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ainsi que le groupe connu sous le nom de ‘Nusrat al-Islam Wal Muslimeen’, affilié à Al-Qaïda. Ces questions épineuses ont le potentiel de catalyser une coopération accrue entre l’Algérie et les États-Unis. En particulier après le retrait des forces françaises de certains pays du Sahel comme le Mali et le Burkina Faso, le partenariat américano-algérien est devenu de plus en plus important. Toutefois, il convient de noter que le Conseil militaire au Niger a exprimé son opposition à la présence actuelle de ces forces.
2- La question du Sahara : Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé l’engagement des États-Unis à soutenir pleinement le processus politique des Nations unies concernant le Sahara. Cette question revêt une importance significative pour l’Algérie, notamment en raison de ses désaccords persistants avec le Maroc voisin. La reconnaissance de la ‘souveraineté marocaine sur le Sahara’ par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump avait tendu les relations entre l’Algérie et les États-Unis. Malgré le changement d’administration, le président Joe Biden n’a pas annulé cette reconnaissance.
3- Développer la coopération dans le secteur de l’énergie : Malgré le désaccord qui a surgi entre l’Algérie et les États-Unis d’Amérique concernant l’amélioration significative des relations entre le premier et la Russie, ainsi que la question du Sahara, le dossier de l’énergie apparaît comme un facteur facilitateur pour atteindre l’équilibre dans les relations algéro-américaines, compte tenu du rôle de l’Algérie dans la satisfaction de la demande européenne, notamment en ce qui concerne les approvisionnements alternatifs en gaz naturel russe.
L’Algérie cherche à favoriser la collaboration avec les compagnies énergétiques américaines. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Ataf, a annoncé un accord établi avec ‘Occidental’ et des discussions en cours avec ‘Chevron’ et ‘ExxonMobil’, d’importantes sociétés pétrolières aux États-Unis. Cette annonce a été faite lors de la rencontre d’Ataf avec les membres du Congrès Troy Nalls, le chef de la Commission du Congrès américain pour l’amitié avec l’Algérie. Les deux parties ont convenu d’organiser un prochain symposium à Washington DC, axé sur le renforcement de la coopération algéro-américaine dans le secteur de l’énergie.
4- Renforcer les relations économiques bilatérales : L’Algérie vise à renforcer ses liens économiques en établissant un partenariat stratégique avec les États-Unis d’Amérique, suite à ses collaborations fructueuses avec la Russie et la Chine. Pour faciliter ce partenariat, Michelle Sison, la secrétaire d’État adjointe américaine chargée des organisations internationales, a effectué une visite de travail en Algérie le 25 juillet. Au cours de sa visite, elle a rencontré le ministre des Affaires étrangères Ahmed Ataf pour jeter les bases de cette alliance.
L’Algérie poursuit activement une stratégie de diversification de ses partenariats, couvrant à la fois les régions orientales et occidentales du monde. Le pays cherche à attirer l’attention des grandes puissances économiques et à mettre en évidence le potentiel d’investissement sur son territoire, notamment avec la mise en œuvre de ‘facilitations approuvées par la nouvelle loi sur l’investissement’.
Les investissements américains en Algérie sont estimés à 2,7 milliards de dollars, et ils sont concentrés dans les industries pétrolière et pharmaceutique, la production d’électricité et les technologies modernes, selon le ministère algérien du Commerce et de la Promotion des exportations, le 23 juillet.
5- Session de dialogue entre les États-Unis : La sixième session du dialogue stratégique entre l’Algérie et les États-Unis s’est récemment tenue, marquant un échange annuel d’organisation de cet événement important entre les deux nations. L’année précédente, la cinquième session du dialogue avait eu lieu à Alger, avec le secrétaire d’État adjoint américain qui avait présidé les discussions aux côtés du ministre algérien des Affaires étrangères de l’époque, Ramtane Lamamra. La conclusion de la sixième session, qui a eu lieu lors de la visite d’Ataf à Washington, est particulièrement significative étant donné la situation actuelle de circonstances régionales et internationales très polarisées. Par conséquent, des préparatifs sont en cours pour le forum d’affaires algéro-américain, un événement à venir qui vise à réunir des entreprises et des hommes d’affaires de premier plan. L’objectif de l’Algérie en organisant ce forum est d’attirer des investissements américains accrus, en tirant parti des opportunités présentées par la nouvelle loi sur l’investissement promulguée au cours de l’année précédente.
6- Contenir les tensions entre les deux parties : Lors de sa visite à Washington, Ataf s’est efforcé d’atténuer les relations tendues entre les deux nations, notamment à la lumière de la campagne agressive initiée par le sénateur républicain Marco Rubio, qui est également vice-président de la commission du renseignement du Sénat américain, le 16 septembre. La campagne visait à pénaliser l’Algérie pour son acquisition d’armement russe. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large de certains groupes d’intérêt au sein du Congrès américain visant à classer l’Algérie comme faisant partie de la ‘sphère russe’ et à lui imposer des mesures punitives.
Envoyer des messages directs
L’Algérie vise à transmettre des messages explicites à toutes les parties prenantes concernées concernant les affaires régionales et internationales en cours par le biais de la visite du ministre des Affaires étrangères Ahmed Ataf aux États-Unis. Cette visite témoigne de l’engagement de l’Algérie à adopter une approche plus équitable dans ses relations diplomatiques avec les puissances mondiales. Un tel changement de politique pourrait améliorer la capacité de l’Algérie à naviguer efficacement dans les dynamiques en évolution rapide dans les deux domaines à l’heure actuelle.
Source : Arab Wall
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