Maroc : fin de la plus longue grève de l’histoire des étudiants en médecine

Compte tenu de la pénurie de médecins, le Maroc ne peut se permettre de perdre cette génération d’étudiants.

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Après une grève de onze mois, les étudiants en médecine au Maroc retournent à l’université. Depuis janvier, ils refusaient de suivre les cours et de passer les examens. Ils protestaient contre une réforme de leur formation : la durée des études avait été raccourcie d’un an, et les étudiants craignaient de ne pas être bien préparés à exercer la profession de médecin.

Après l’intervention d’un médiateur au nom du roi, les associations étudiantes et le ministère de l’Enseignement supérieur sont parvenus à un accord. La principale concession obtenue par les étudiants est un meilleur accompagnement lors de leurs stages, ainsi qu’une augmentation des places de stage. Lors d’un vote numérique, près de 58 % des étudiants ont approuvé cet accord.

Grave pénurie de médecins

Le gouvernement avait décidé, au début de l’année universitaire précédente, de réduire la durée des études d’un an pour pallier la grave pénurie de médecins dans le pays. Cependant, cette mesure a suscité une vive opposition parmi les étudiants, qui craignaient qu’elle n’ait l’effet inverse.

Les futurs médecins redoutaient de se retrouver en difficulté une fois diplômés, sans une préparation adéquate. Ils craignaient également que leur diplôme perde de sa valeur à l’étranger. Beaucoup de jeunes médecins préfèrent travailler dans des pays européens comme la France.

Les salaires des professionnels de santé au Maroc sont bien inférieurs à ceux de leurs homologues européens. Les médecins des hôpitaux publics envisagent de faire grève ce mois-ci pour demander une augmentation salariale. En octobre, les internes ont manifesté pour la même raison. Actuellement, ils touchent un salaire mensuel de 3 500 dirhams, soit environ 350 euros.

Selon les données de la Cour des comptes marocaine, il manque 47 000 médecins dans le pays. Une des principales organisations de médecins, la FEML, estime que chaque année entre six et sept cents médecins quittent le Maroc pour l’étranger.

Dispersés à l’aide de canons à eau

Environ 25 000 étudiants en médecine ont participé à la plus longue grève étudiante de l’histoire marocaine, selon l’association étudiante CEMC. La participation n’était pas sans risque. Certains étudiants ont été suspendus ou poursuivis en justice pour leur implication dans la grève et le boycott des examens.

À mesure que les négociations se sont enlisées durant l’été, la situation est devenue de plus en plus tendue. Le gouvernement accusait les étudiants de faire grève uniquement par peur de ne plus pouvoir travailler en Europe.

Les forces de l’ordre ont également dispersé des manifestations de manière musclée en utilisant des canons à eau, incitant certains parents et grands-parents à se joindre aux manifestations pour protéger leurs enfants de la violence.

La principale revendication des étudiants était de rétablir la durée des études à sept ans, comme c’était le cas auparavant. Selon l’accord, cela restera en vigueur pour tous ceux qui ont commencé leurs études avant 2023. Pour les étudiants inscrits cette année et l’année dernière, la durée des études sera de six ans.

Rattrapage des examens

Bien qu’ils n’aient pas réussi à obtenir satisfaction sur leur revendication principale, les étudiants accueillent favorablement le compromis. « Nous attendons de bonnes nouvelles depuis presque un an, donc je suis soulagé. Mais je ressens aussi de la tristesse. Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour trouver une solution? Beaucoup de problèmes auraient pu être évités », raconte Houdaifa Zarhouni, 23 ans.

Durant presque toute sa quatrième année et les premiers mois de sa cinquième, il n’a pas mis les pieds dans une salle de classe. Cependant, comme beaucoup de ses camarades, Zarhouni n’a pas abandonné ses études. « Nous allons d’abord rattraper les examens manqués de l’année dernière. La plupart d’entre nous ont continué à étudier durant la grève. »

D’après le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Santé, le soutien et l’augmentation des stages devraient permettre aux futurs médecins de bénéficier d’une formation adéquate, même en six ans, pour être bien préparés au marché du travail. Compte tenu de la pénurie de médecins, le Maroc ne peut se permettre de perdre cette génération d’étudiants.

Samira Jadir, correspondant au Maroc

Source : NOS, 08/11/2024

#Maroc #Santé #Etudiants

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