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Texte intégrale de l’article :
États-Unis, le Front Polisario et le Sahara Occidental : La vérité !
-Les Sahraouis « paient » pour leur non-alignement pendant la Guerre froide.
-La « realpolitik », aussi nuisible qu’injuste.
-Le lobby marocain dépense 20 millions de dollars aux États-Unis.
-Le Front Polisario n’a jamais été terroriste : États-Unis.
-Les précieux Wikileaks.
Par Ricardo Sanchez Serra
Les États-Unis doivent présenter des excuses au peuple sahraoui, car leur soutien inconditionnel au Maroc a encouragé ce dernier à envahir impunément le Sahara Occidental et à reporter indéfiniment le référendum d’autodétermination, avec l’aggravation que cette population subit d’atroces violations des droits de l’homme de la part des forces d’occupation marocaines.
À l’époque de la Guerre froide, tant les États-Unis que l’Union soviétique exigeaient une inconditionnalité et un soutien total à leurs décisions politiques. Cependant, le mouvement de libération du peuple sahraoui, le Front Polisario, qui combattait le joug espagnol puis marocain, a refusé de s’aligner avec ces puissances dans ce monde bipolaire, car sa lutte était pour l’autodétermination et l’indépendance.
Ils ont payé cher pour cet « audace », car sans cela, le Sahara Occidental serait aujourd’hui libre, en raison de ce « donnant-donnant » des grandes puissances. Une des figures funestes pour les Sahraouis fut l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger, qui conseilla et soutint les Marocains lors de l’invasion de la « Marche Verte » — qui n’a pas été pacifique, car l’armée marocaine attaquait la population civile sahraouie avant l’annonce de celle-ci en 1975, en plus de leur fournir des armes et de la logistique, et faisait pression sur l’Espagne, la puissance administratrice de cette colonie, pour qu’elle cède illégalement le territoire au Maroc, contre les résolutions des Nations Unies, qui avaient déclaré ce territoire non autonome, en attente de décolonisation et de l’autodétermination du peuple sahraoui. Même l’invasion fut postérieure à l’avis de la Cour internationale de Justice de La Haye qui déclarait : « la conclusion du Tribunal est que les documents et informations présentés ne montrent aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara Occidental et le royaume du Maroc ou l’entité mauritanienne », il faut donc appliquer le « principe d’autodétermination… »
Les États-Unis, ainsi que la France et l’Espagne, appliquent dans leur politique étrangère la « realpolitik », par laquelle des principes sont sacrifiés au nom d’intérêts pratiques, sans se soucier de l’éthique, des valeurs ou du droit international. Dans le cas sahraoui, des préjugés ont également prévalu en raison des lobbies et de la propagande marocaine à plusieurs millions, par exemple que le Sahara Occidental serait un État instable, non viable, sans ressources et avec peu de population.
Selon la publication Foreign Policy de février 2014, entre 2007 et 2013 seulement, le Maroc a dépensé 20 millions de dollars (inscrits dans la loi d’enregistrement des agents étrangers (FARA)) aux États-Unis pour entretenir ses lobbies, groupes de pression et relations publiques. Douze sociétés sont inscrites dans le FARA officiellement, et d’autres ne le sont pas, mais opèrent illégalement, sans se déclarer.
« Les millions du Maroc semblent avoir été utilisés de manière efficace, car les États-Unis n’ont jamais fait pression sur le royaume pour qu’il tienne sa promesse d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental. »
Le Front Polisario et les États-Unis
Le Front Polisario, seul représentant du peuple sahraoui reconnu par l’ONU, a été le seul mouvement de libération nationale qui n’avait pas le soutien des pays de l’Est pendant la Guerre froide, contrairement à d’autres organisations comme l’Organisation de libération de la Palestine, le Congrès national africain (ANC), la SWAPO (Namibie), les sandinistes, le FMLN (Salvador) et le FRETILIN (Timor).
Il n’a jamais pu ouvrir de bureaux à Moscou ou à Pékin, tout simplement parce que le Polisario ne s’est pas déclaré communiste ou anti-impérialiste comme ces pays l’exigeaient. La nature du Polisario en tant qu’alliance nationale large n’a pas de couleur politique, mais parmi ses dirigeants et ses membres, toutes les tendances politiques sont représentées. Le seul point d’accord entre eux est de croire aux droits du peuple sahraoui, peu importe leur affiliation idéologique, religieuse, raciale ou de genre.
Les pays latino-américains qui reconnaissent la République arabe sahraouie démocratique (RASD) incluent le Mexique du PRI, le Panama de Torrijos, El Salvador, le Honduras, l’Équateur, la Colombie, la Bolivie, le Guyana, Trinité-et-Tobago, la Jamaïque, l’Uruguay, le Paraguay et Cuba, mais aussi le Venezuela de COPEI et le Pérou de Belaunde Terry, parmi beaucoup d’autres. Tous de différentes teintes politiques et idéologiques. Plus de 80 pays dans le monde reconnaissent la RASD. L’Union africaine soutient pleinement la République sahraouie, qui est membre fondateur de cette organisation et de son prédécesseur, l’OUA, depuis 1984. Le Maroc s’est retiré de l’Organisation africaine après avoir échoué à obtenir l’annexion du jeune État sahraoui. Cet État a un lien spécial avec l’Amérique latine, ayant été la seule colonie espagnole dans le monde arabe, ce qui explique que son système éducatif considère l’espagnol comme langue officielle aux côtés de l’arabe et du hassanya (dialecte sahraoui).
Il n’y a pas de causes de gauche ou de droite, il y a seulement des causes justes ou injustes. Le Front Polisario possède un bureau à Washington depuis 1977, en plus de sa représentation à l’ONU à New York. Il a toujours été proche des États-Unis à tous les moments.
Il est important de souligner que les États-Unis ont déclaré l’OLP et l’ANC comme des organisations terroristes à un moment donné, mais n’ont jamais déclaré le Front Polisario terroriste. Les États-Unis ont toujours adopté une politique anti-coloniale en Afrique, et ont traité le Sahara Occidental comme une question de décolonisation, conformément à toutes les résolutions de l’ONU.
La position américaine change-t-elle ?
Au Congrès, la cause sahraouie bénéficie du soutien des républicains, comme celui du sénateur conservateur James Inhofe (Oklahoma) — qui est l’un des législateurs les plus respectés des États-Unis pour ses principes, tout comme l’était Kennedy en son temps — ainsi que des démocrates. Le président de la Ligue d’Amitié Américano-Sahraouie, formée en août 2013, est Joseph Pitts (Républicain de Pennsylvanie), et elle est composée, entre autres, de Betty McCollum (Démocrate du Minnesota). Les sénateurs Inhofe et le démocrate Patrick Leahy (Vermont) sont de grands amis du Sahara Occidental : ils demandent à leur pays de protéger les droits humains et de soutenir le référendum. Ils sont en désaccord sur tout, sauf sur la question sahraouie, car ce n’est pas une question d’idéologie, mais de justice et de légalité.
Peu avant, à la fin de juillet 2013, un groupe intitulé « Citoyens des États-Unis pour le Sahara Occidental » a été présenté à New York, composé d’universitaires, de journalistes, d’anciens diplomates, d’activistes des droits humains, d’artistes et d’étudiants.
Hillary Clinton a été une secrétaire d’État très favorable au Maroc. Tout a changé lorsque John F. Kerry a pris ses fonctions. En tant que sénateur et président de la Commission des Relations Extérieures, il avait signé des pétitions en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui.
Face à l’augmentation des violations des droits humains du peuple sahraoui par le Maroc, le Secrétaire d’État John F. Kerry a promu en avril 2013 une initiative au Conseil de Sécurité de l’ONU pour que les Casques Bleus (MINURSO : Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental) présents au Sahara Occidental aient le pouvoir de surveiller les droits humains. Cette proposition a été présentée par l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Susan Rice. Cette décision a provoqué une vive réaction au Maroc, entraînant une protestation véhémente : le roi a convoqué tous les partis politiques, suspendu les manœuvres militaires conjointes avec les États-Unis, nommées « Lion Africain », et envoyé des missions diplomatiques au groupe des pays « amis » du Secrétaire Général de l’ONU sur la question du Sahara Occidental (composé de la Russie, de la France, de l’Espagne, de la Grande-Bretagne et des États-Unis), obtenant finalement que les États-Unis retirent l’initiative sous la menace d’un veto français, soutenu de manière surprenante par l’Espagne et la Russie.
Cela démontre que le Maroc cache quelque chose de grave en matière de violation des droits humains. La découverte, en septembre 2013, de fosses communes au Sahara Occidental de personnes tuées par les troupes marocaines, ainsi que l’utilisation en février 1976 de napalm et de phosphore blanc contre les réfugiés civils sahraouis à Um Dreiga, indique qu’il y avait dès le début un plan d’extermination du peuple sahraoui pour le soumettre au joug de ses nouveaux colonisateurs.
Frank Ruddy, ancien ambassadeur des États-Unis et ancien chef de la MINURSO, mentionne dans un article publié dans le journal le plus conservateur des États-Unis, le Washington Times, que « Freedom House, dans son rapport annuel le plus récent, a classé la situation du Sahara Occidental comme la « pire des pires » en termes de politiques, de droits civils et d’abus. Cela place le royaume du Maroc dans la même catégorie que la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, la Chine pour son mauvais traitement des Tibétains occupés, et la Syrie pour ses abus continus envers son propre peuple ».
3. Pour protéger les ressources naturelles des Sahraouis et respecter les résolutions de l’ONU, les États-Unis ont approuvé l’accord de libre-échange avec le Maroc, en excluant le Sahara Occidental.
4. Les États-Unis sont le principal bailleur de fonds (21 % en 2013) des activités du Programme Alimentaire Mondial (PAM), chargé de la sécurité alimentaire des camps de réfugiés sahraouis.
(1) Conclusion du rapport du Département d’État des États-Unis. 2014. Le problème le plus important concernant les droits humains dans ce territoire était les restrictions imposées par le gouvernement marocain aux libertés civiles et aux droits politiques des défenseurs de l’indépendance. Les problèmes graves incluent les limitations à la liberté d’expression, de la presse, de réunion et d’association ; l’utilisation de la détention arbitraire et prolongée pour étouffer la dissidence, ainsi que l’abus physique et verbal des détenus pendant l’arrestation et l’emprisonnement. Les autorités ont également continué de refuser la reconnaissance des associations indépendantistes. En conséquence, ces associations ne pouvaient pas ouvrir de bureaux, recruter des membres, collecter des dons ou visiter les activistes sahraouis indépendantistes ou séparatistes du Polisario détenus dans des centres au Maroc.
Il existait une impunité généralisée, et aucun processus judiciaire n’a été engagé contre les violateurs des droits humains. Les organisations sahraouies de défense des droits humains ont affirmé que la majorité des policiers et autres fonctionnaires accusés de torture ont conservé leurs fonctions. Il n’y a eu aucun rapport d’enquête ou de sanction pour abus ou corruption parmi les services de police et de sécurité, ce qui contribue à la perception généralisée d’impunité.
*Journaliste péruvien. Membre de la presse étrangère.
PUBLIÉ DANS LE JOURNAL « LA PRIMERA », de Lima-Pérou, le 21 mai 2014.
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