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Fiche sur le conflit au Mali
I. Situation politique :
Deux années après l’arrivée au pouvoir du Président Boubacar Keita, le Mali souffre, de l’avis presque unanime des observateurs, de plusieurs dysfonctionnements au niveau de la gouvernance malgré les engagements formulés par les autorités maliennes lors de la Conférence des donateurs pour la reconstruction du Mali, organisée le 15 mai 2013.
Le Mali fait face également à un problème d’instabilité au niveau du Gouvernement qui s’est manifesté par le limogeage en avril dernier de l’ancien Premier Ministre Omar Tatam Ly et son remplacement par Monsieur Moussa Mara qui a formé un nouveau gouvernement, le 11 avril 2014. La non appartenance de ces deux personnalités au parti présidentiel (RPM), qui détient la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, provoque toujours un malaise chez les partisans du chef de l’Etat, qui souhaitent la nomination d’un des leurs à ce poste stratégique.
Une autre manifestation de la mal-gouvernance réside dans l’omniprésence de fils du Chef de l’Etat, Karim Keita, qui occupe tous les espaces de la gestion des affaires publiques et installe un système de clientélisme, de népotisme et de passe-droits. Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, à plus ou moins long termes, Karim Keita s’appuie sur l’expertise d’un allié de taille, l’ancien Ministre de la Défense, Soumailla Boubèye Maiga, et ses réseaux mis au service de l’Algérie.
Les relations du gouvernement malien avec les bailleurs de fonds traversent actuellement une crise de confiance notoire qui a provoqué la suspension de l’aide budgétaire européenne au gouvernement malien. Après l’annonce il y a quelque mois, par le FMI et la Banque Mondiale de leurs préoccupations concernant certaines transactions financières, allusion à l’achat d’un avion présidentiel et la passation suspecte d’un marché d’armement, l’Union Européenne a annoncé, en juin 2014, la suspension de son aide au Mali en raison du non respect par les autorités maliennes de ses engagements en matière de «bonne gouvernance» et de «réformes».
II. Situation militaire :
Malgré les efforts de la communauté internationale et du gouvernement malien, la quasi-totalité des villes du nord du pays, en dehors de Tombouctou et de Gao, sont aux mains de groupes rebelles rivaux.
Les autorités maliennes font preuve d’impuissance, voire d’un manque de discernement vis-à-vis des événements au nord du pays, comme il a été le cas lors de la visite du Premier Ministre malien, le 17 mai 2014 au nord du Mali, qui a provoqué une forte réaction militaire des groupes armés touaregs.
Ces difficultés s’accompagnent de plusieurs problèmes opposant les autorités maliennes à la Minusma. Il convient de signaler que la résolution du Conseil de Sécurité N°2164 (25 juin 2014) prolonge pour un an (juin 2015) la mission de la Minusma, ajoutant deux tâches supplémentaires à son mandat : la protection du Personnel des Nations Unies et l’appui à la sauvegarde du patrimoine culturel malien.
L’opération Serval qui a pris officiellement fin, le 31 juillet 2014, après plus d’un an et demi, n’a pas pu éradiquer totalement la menace terroriste sur le territoire malien. A cet effet, des soldats français engagés dans le cadre de la force Barkhane, ont bombardé, début août 2014, des positions jihadistes au nord du Mali. Pour rappel, la force Barkhane, qui a succédé à l’opération Serval, est composée de 3000 militaires français réparties sur les cinq pays du Sahel à savoir le Mali, le Tchad, le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso dont le but est d’élargir la lutte contre les mouvements djihadistes.
Signature d’un accord entre la France et le Mali : Conclu le 16 juillet 2014, l’accord de coopération militaire entre la France et le Mali vient conférer un cadre juridique à la présence militaire française au Mali. Cet accord définit en deux axes les domaines de la coopération en matière de la défense: l’échange de vues et d’informations relatives aux vulnérabilités, risques et menaces à la sécurité nationale et régionale, et l’organisation, l’équipement et l’entraînement des forces.
Selon certaines analyses, la France compte installer une base militaire au Mali dans un lieu qui serait loin de la frontière algéro-malienne pour éviter tout malentendu avec l’Algérie.
III- Question touareg et retour de l’Algérie sur la scène malienne :
Après s’être opposé à toute opération militaire au Mali visant à déloger les groupes armés, opposition qui l’a mis un peu à l’écart durant les premiers mois de l’intervention française et onusienne au Mali, l’Algérie a signé ces derniers mois un retour spectaculaire dans la médiation entre les groupes armés du nord du Mali et le gouvernement malien.
Ce retour en force sur la scène malienne est d’autant plus significatif qu’il bénéficie désormais du soutien de la France, dont le chef de la diplomatie, Monsieur Laurent Fabius a déclaré, le 09 juin 2014, au cours d’une visite à Alger que « le dialogue au Mali passe par trois canaux : la CEDEAO, le Représentant spécial du Président malien et l’Algérie, dont l’efficacité est reconnue par les uns et les autres ».
L’Algérie se cherche une crédibilité internationale à ses initiatives de médiation. A cet effet, elle a profité de la tenue à Djedda les 18 et 19 juin 2014, de la 41ème du Conseil des Ministres de l’OCI pour faire connaître son rôle de médiateur dans la crise malienne. De même, lors du 23ème sommet de l’Union Africaine, tenu fin juin 2014 à Malabo, le Ministre algérien des Affaires Etrangères a fait part de l’enthousiasme de son pays pour jouer ce rôle de médiation.
Mais au-delà de ces considérations, il convient de signaler que l’Algérie, octroie un intérêt particulier au conflit au Nord du Mali pour lequel elle a créé en accord avec les autorités maliennes, le comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le nord du Mali, qui a tenu jusqu’à aujourd’hui six réunions dont la dernière s’est déroulée à Alger le 21 août 2014 sous la présidence des chefs de la diplomatie des deux pays.
S’agissant des résultats obtenus dans cette médiation algérienne, il convient de signaler qu’une déclaration de cessation des hostilités et une feuille de route des négociations entre les protagonistes ont été signés, le 24 juillet 2014, dans le cadre du dialogue inclusif inter-malien qui s’est déroulé du 17 au 24 juillet 2014 à Alger.
La feuille de route détermine d’une part les principes de références régissant les dispositifs de règlement du conflit, et d’autre part l’agenda des négociations ainsi que les thèmes et les mécanismes de déroulement de ces négociations.
Comme principes de base, les parties s’accordent à respecter l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali ainsi que la forme républicaine et la laïcité de ce pays. Le Mali et les groupes armés rebelles expriment dans ce cadre leur engagement à un règlement pacifique du conflit.
Au sujet de l’accompagnement de la médiation entre les Parties, la feuille dispose que l’Algérie mène cette médiation, en tant que chef de file, avec une équipe composée de la médiation de la CEDEAO, de l’ONU/MINUSMA, de l’UA, de l’OCI, de l’UE ainsi que d’autres Etats de la région.
IV- Relations Maroc-Mali
a- Coopération bilatérale
Marquées depuis plus d’une décennie par une léthargie due à la reconnaissance par le Mali de la pseudo-RASD, les relations bilatérales entre le Maroc et le Mali connaissent actuellement une certaine amélioration, sous l’effet de la nouvelle donne créée par les deux visites de Sa Majesté le Roi au Mali respectivement en septembre 2013 et février 2014.
Au cours de la visite royale au Mali au mois de février 2014, les deux pays ont procédé à la signature de 17 accords de coopération. Ces accords portent sur des actions de coopération dans les domaines de l’élevage, du transport aérien, du commerce, de la santé, des télécommunications, de l’énergie, de la formation professionnelle, de la micro-finance et du logement social.
Un Forum Economique maroco-malien a été organisé le 15 mai 2014 à Bamako entre les opérateurs économiques des deux pays.
Dans le cadre de cette nouvelle dynamique des relations bilatérales, le Président malien Ibrahim Boubacar Keïta, a effectué une visite de travail au Maroc pour participer à Meknès aux 7ème Assises de l’agriculture, ainsi qu’à l’ouverture officielle du SIAM organisé du 24 avril au 3 mai 2014.
Au cours de cette année (2014), plusieurs Ministres maliens ont effectués des visites au Maroc, dont le Ministre de la Justice, garde des sceaux, le Ministre des maliens de l’extérieur. D’autres visites sont attendues, notamment celle du Ministre des Affaires Etrangères, celle du Ministre malien des Domaines de l’Etat, des Affaires Foncières et du Patrimoine et celle du Médiateur de la République du Mali.
b- Le Maroc et le problème touareg
Quelques semaines avant de se rendre au Mali, en visite officielle, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a reçu le 31 janvier 2014, Monsieur Bilal AG Chérif, Secrétaire Général du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad. Lors de cette audience, Sa Majesté a réitéré le souci constant du Maroc de préserver l’unité territoriale et la stabilité du Mali, ainsi que la nécessité de contribuer à une solution et à un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara et de favoriser le développement et la dignité du peuple malien frère, dans la concorde entre l’ensemble de ses composante. A cette même occasion le Souverain a encouragé le MNLA à continuer à s’inscrire dans le cadre de la dynamique régionale, initiée par l’ONU et la CEDEAO, selon une approche réaliste et efficiente, à même de parvenir à une solution définitive et durable à la crise actuelle.
Suite aux affrontements qui ont opposés au cours de la seconde moitié de mai 2014, les groupes armés touaregs aux forces militaires maliennes, le Maroc a joué un rôle crucial et discret auprès du MNLA pour parvenir au cessez-le-feu entre les protagonistes le 23 mai 2014.
Les autorités maliennes ont toujours sollicités la médiation du Maroc dans le conflit les opposant à certaines factions touaregs. Cette appréciation qui a été exprimé à plusieurs reprises par des hauts responsables maliens, a été réitéré par le Ministre malien des Affaires Etrangères, le 30 juillet 2014 à Bamako, lors des festivités de la fête de trône, qui a demandé la poursuite de ces efforts discrets du Maroc en faveur du retour de la paix et de la réconciliation dans son pays.
Depuis le déclenchement de la crise au Mali et notamment depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 au Mali le Maroc n’a cessé de réitérer « son attachement à la stabilité, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République du Mali ».
Après la proclamation unilatérale par le MNLA de l’indépendance de l’Azawad, le Maroc a réitéré le 07 avril 2012 la position du Maroc au sujet de la proclamation unilatérale par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de l’indépendance du Nord-Mali vis-à-vis de la République malienne. Il a qualifié cette démarche de « totalement inacceptable pour le Royaume du Maroc eu égard à ses graves incidences sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la région tout entière ».
Le Royaume a appelé, le 17 mai 2012, à l’occasion de la présentation d’une aide humanitaire aux réfugiés maliens au Burkina Faso « les Maliens, toutes composantes et sensibilités confondues, à la réconciliation, à la concordance et à la tolérance, en mettant de côté les divergences pour réaliser la sécurité et la stabilité dans ce pays frère et faire face aux défis auxquels il fait face dans cette étape difficile de son histoire ».
Suite aux actes de destruction perpétrés par les groupes armés contre certains sites culturels et mausolées au nord du Mali, Le Maroc a indiqué dans un communiqué publié, le 30 juin 2012, qu’il suit « avec une grande préoccupation les développements dangereux qui se poursuivent au Mali frère et qui ont entraîné la destruction volontaire de sites historiques, culturels et religieux dans l’ancienne ville de Tombouctou ».
SOURCE :
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