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Les correspondances confidentielles de l’ambassadeur Hilale révèlent les motivations qui se cachent derrière la générosité montrée par le Maroc envers l’institutions onusienne chargée des droits de l’homme. De 2008 jusqu’à 2014, Rabat a déboursé le montant annuel de 1 million de dollars au HCDH qui se plaint d’une crise financière en raison de la montée du nombre de réfugiés suite aux crises de la Syrie et du Sahel.
Dans une letre envoyée le 22 janvier 2013, Hilale indique : « Je voudrais rappeler la priorité du transfert des 250 000 dollars restants de la contribution du Maroc au budget du HCDH pour 2011, dont la Haut-Commissaire a exprimé à deux reprises le souhait de les recevoir… Ce transfert contribuera à rendre Mme Pillay plus attentive à nos préoccupations concernant la contribution de son bureau au prochain rapport du Secrétaire général sur le Sahara. »
La correspondance marocaine divulguée détaille comment les responsables marocains ont cherché à empêcher la Haut-Commissaire du HCDH, Mme Pillay, de se rendre au Sahara occidental pour rendre compte de la situation humanitaire dans le territoire. L’ambassadeur marocain Hilale a averti ses collègues que son « contact au HCDH » l’avait informé que divers organismes de l’ONU faisaient pression pour que Mme Pillay se rende au Sahara occidental. Dans des câbles ultérieurs, Hilale évoque la nécessité de bloquer les souhaits des hauts responsables d’empêcher Mme Pillay de se rendre au Maroc.
Les câbles révèlent que le Maroc fait pression pour que les droits de l’homme ne soient pas inclus dans le mandat de la Minurso, l’une des rares missions de maintien de la paix de l’ONU à ne pas disposer d’un tel mandat. En janvier 2013, Hilale a écrit pour dire qu’il avait demandé à un responsable de l’ONU « de faire prendre conscience à Pillay de l’importance d’éviter tout engagement sur l’éventuelle extension du mandat de la Minurso aux droits de l’homme, ou sur la création d’un mécanisme indépendant au Sahara occidental ».
Objet : Déclaration de Ross sur « la visite de Pillay au Sahara et aux camps de Tindouf»
Réf. : Votre fax nº 2300 du 24 octobre 2011
Comme suite à votre fax d’hier soir, relatif à l’entretien de M. Ross avec les experts du Groupe des Amis et son information sur « la demande de la Haut Commissaire aux Droits de l’homme de visiter le Sahara et les Camps de Tindouf », j’ai l’honneur de vous informer que je me suis enquis de la véracité de cette information auprès de M. Anders Kompass, Directeur des Opérations sur le terrain au HCDH, qui m‘a confié, « off the record » ce qui suit :
* Monsieur Ross a rencontré Mme Pillay, accompagnée de M. Sevanovich, son Représentant à New York, en septembre dernier en marge de l’Assemblée Anémie des Nations Unies. Il lui suggéré de se rendre au Sahara et dans les camps dg Tindouf afin de l’aider à débloquer le processus de négociation.
Mme la Haut Commissaire lui a répondu « qu’elle est positive à tout déplacement dans le monde afin de contribuer à la défense et la promotion des droits de l’homme et ce dans le cadre de son mandat ». Sans jamais prendre aucun engagement, avec lui, pour cette visite.
A son retour à Genève, Mme Pillay a sollicité l’avis de M Kompass sur cette proposition. Ce dernier l’a découragé à programmer une telle visite dans son agenda, car elle risque d’être instrumentalisée par certains, ou braquer violemment d’autres, voire même contre-productive au processus politique. Mme Pillay a accepté son conseil.
L’idée d’une telle visite pourrait être l’émanation de Sevanovich. Ce dernier poursuit une stratégie de déplacement de la Haut Commissaire sur tous les fronts.
M. Ross s’est fort probablement approprié cette proposition afin de la faire tacitement accepter par la Haut Commissaire, dès lors qu’elle sert son agenda.
* Le mandat de la Haut Commissaire ne contient aucune disposition pouvant l’inviter à contribuer à la mise en œuvre ou au déblocage du processus politique piloté par Ross.
Mme Pillay souhaite vivement se rendre en visite officielle au Maroc et ce, au courant de l’année prochaine. Une démarche sera entreprise auprès de cette Mission dans les prochaines semaines.
A la lumière de ces confidences, une seule conclusion s’impose : après le HCR M. Ross récidive insidieusement avec la Haut Commissaire pour augmenter ses pressions sur notre pays, en vue d’atteindre les objectifs de son agenda.
Très Haute Considération
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Genève, le 31 janvier 2013
Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération
Objet : Visite de M. Christopher Ross à Genève.
Comme suite au fax de notre Ambassadeur à New York, que vous avez bien voulu me transmettre, relatif au périple européen de M. Ross, j’ai l’honneur de vous informer que j’ai entrepris des démarches auprès du HCDH et du HCR, au sujet d’éventuelles rencontres entre M. Ross et les responsables respectifs de ces deux Agences. Ci-après les éléments d’information recueillis:
– M. Ross a demandé à s’entretenir avec Mme Pillay, Haut Commissaire aux Droits de l’homme et avec M. Guterres, Haut Commissaire pour les Réfugiés.
-Mme Pillay le recevra le mardi, 5 février.
-A cet égard, j’ai demandé à mon ami Anders Koinpass, Directeur des Opérations sur le Terrain, au HCDH, de bien vouloir sensibiliser Mme Pillay sur l’impératif d’éviter tout engagement de sa part sur un éventuel élargissement du mandat de la Minurso aux droits de l’homme, ou sur la création d’un mécanisme indépendant au Sahara.
-J’ai tenu à lui rappeler que suite à sa récente visite dans la région, M. Ross avait clairement indiqué dans son Briefing au Conseil de sécurité, le 28 novembre dernier, que « les droits de l’homme ne font pas partie de mon mandat” et que sa mission consiste à « s’engager dans des consultations avec les intervenant internationaux, qui seront suivies par une période de diplomatie calme des Navettes avec les parties et les Etats de la région ».
-M. Kompass m’a promis d’en discuter avec Mme Pillay, préalablement ‹a sa rencontre du 5 février, avec M. Ross.
L’entretien avec M. Guterres s’avère impossible, en raison du déplacement de ce dernier en Asie.
M. Athar Sultan Khan, Chef de Cabinet du Haut Commissaire pour les réfugiés, m’a assuré que M. Ross sera reçu par lui, personnellement, ou par le Directeur du Mena, M. Yacoub El Hillo. Ajoutant qu’il veillera à ce que l’entretien pore uniquement sur la situation des populations des camps de Tindouf et qu’aucune discussion ne puisse être engagée sur le programme des CBM, afin de ne pas lui offrir l’occasion d’y interférer, de nouveau.
Très haute considération
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Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Genève, 8 fév 2013
Objet : Entretien de M. Ch. Ross avec Mme la Haut Commissaire aux droits de l’homme.
Référ : Mon fax 351 du 07 février 2013.
Comme suite à mon fax cité en référence, j’ai l’honneur de vous communiquer, ci-après, les principaux éléments d’information recueillis auprès de mon « Ami » au Haut Commissariat aux Droits de l’homme -HCDH- au sujet de l’entretien, d’hier, entre Mme Pillay, Haut Commissaire aux droits de l’homme et M. Christopher Ross:
M. Ross a briefé Mme Pillay sur sa récente visite dans la région. en mettant l’accent sur le Sahara.
Il a déclaré qu’il ne fera aucune recommandation sur les droits de l’homme, car sa Mission sera consacrée, maintenant, à la recherche d’une solution politique au différend du Sahara.
Il a, néanmoins, précisé qu’il laisse les recommandations sur les droits de l’homme à la Haut Commissaire, en espérant qu’elle en formulera, dès lors que cela relève de son mandat.
Il lui a, également, recommandé de suivre son exemple et de visiter le Sahara.
Mme la Haut Commissaire ne s’est engagée sur aucun des conseils ou recommandations que M. Ross lui a tait.
Elle n’a pas réagi à sa recommandation de visiter le Sahara.
S’agissant de la recommandation sur l’élargissement du mandat de la Minurso aux droits de l’homme, elle a répondu que « c’est au SG de l’ONU de décider de ce qu’il souhaite avoir dans son rapport au Conseil de sécurité ».
Ces informations appellent les observations suivantes :
* Mme Pillay semble avoir pris conscience de l’inutilité de faire des recommandations qui seront, par la suite, écartées par le SG de l’ONU ou par les Etats membres du Conseil de sécurité.
Parallèlement, elle serait, à présent, plus encline à écouter le Directeur des Opérations sur le Terrain, que le Chef de la Section Mena, le tunisien Frej Fenniche, qui l’a induite en erreur avec plusieurs pays arabes et qui a manœuvré derrière son dos, avec son Adjointe partante, la Sud-Coréenne, Wha Kang, et son Représentant à New York, M. lvan Simonovic.
* La double requête de M. Ross à Mme Pillay de faire elle-même une recommandation sur les droits de l’homme et de visiter le Sahara, démontre que, malgré ses déclarations, M. Ross fait pression, indirectement, sur la Haut Commissaire pour l’amener à agir elle-même dans ce domaine et partant, mettre le SG de l’ONU devant 1’impossibilité de rejeter des recommandations qui s’inscrivent dans le corps de son mandat.
“ En ‹d’autres termes, M. Ross semble n’avoir rien retenu de l’épisode de retrait de confiance du Maroc et persiste dans ses prises de positions pro-polisaro-algériennes. Ce qui appelle de la part de notre diplomatie, la plus grande vigilance.
Très haute considération
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