Pays Bas : Le Maroc devant le tribunal pour non-paiement du travail d’un entrepreneur

L'entrepreneur Khalid Boutachekourt affirme avoir préparé l'ouverture à l'époque, mais n'avoir jamais reçu de paiement. "Indigne d'un parti de cette envergure."

Etiquettes : Pays Bas, Maroc, Khalid Boutachekourt, centre culturel marocain à Amsterdam,

L’entrepreneur Khalid Boutachekourt a comparu mardi devant le tribunal contre l’État marocain. Il aurait dû organiser en 2015 l’ouverture d’un centre culturel marocain à Amsterdam, mais l’événement a été annulé. Boutachekourt recevra-t-il les 60 000 euros pour le travail déjà accompli, ou n’a-t-il pas suffisamment documenté son travail à l’époque ?

Anna Herter

« En ce qui concerne votre facture, nous attendons une bonne nouvelle », avait envoyé par message l’ambassadeur du Maroc à l’entrepreneur Khalid Boutachekourt il y a presque dix ans. « La personne responsable à Rabat (…) a réaffirmé hier que votre facture sera réglée », indique un autre message à peu près à la même période.

Ce mardi, une dizaine d’années plus tard, Boutachekourt se trouve au tribunal d’Amsterdam, où il poursuit l’État marocain avec son entreprise. Il attend depuis près de dix ans l’argent qu’il estime lui être dû, environ 60 000 euros.

Spectacle

À l’automne 2015, l’ambassade demande à Boutachekourt d’organiser un événement d’ouverture de plusieurs jours pour un centre culturel marocain à Amsterdam. La fête doit avoir lieu dans la même année et être un véritable spectacle, avec de la bonne nourriture et des performances d’artistes tels que la chanteuse Hind.

Le temps presse, Boutachekourt se met immédiatement au travail. Mais peu avant l’ouverture, le Maroc annule tout sans raison claire. Il reçoit selon ses dires une nouvelle date, et : une fois l’événement réalisé, il pourra établir une facture pour tous les frais, qui sera réglée en une fois.

Aucune nouvelle date n’est fixée. Le bâtiment de la Plantage Middenlaan, que le Maroc a acquis il y a un peu plus de onze ans et qu’il a ensuite largement rénové, n’a toujours pas ouvert ses portes. Boutachekourt estime avoir attendu assez longtemps et souhaite être payé pour les heures que son bureau a consacrées aux préparatifs. Il a d’abord tenté de passer par une agence de recouvrement, maintenant il se tourne vers le tribunal.

« Jamais de signature »

La discussion au tribunal ce mardi est d’ordre formel. Il n’est pas question de savoir si l’entreprise de Boutachekourt a bien réalisé les heures figurant sur la facture. La qualité des prestations n’est pas contestée non plus. La question principale est de savoir s’il y a eu juridiquement une convention, et par conséquent : qui est responsable des frais engagés.

L’avocat Robert Berendsen affirme au nom du Maroc qu’il n’y a jamais eu de signature sous le contrat rédigé par Boutachekourt. Il fait référence à une version préliminaire où le bureau indique explicitement qu’il commencera les travaux uniquement après réception d’un exemplaire signé, ou au moins d’une confirmation par mail. « Aucune de ces deux choses n’a été faite », dit Berendsen. « Pourtant, M. Boutachekourt a commencé les travaux. »

Selon l’avocat de Boutachekourt, Kevin Stephan, les échanges WhatsApp et autres correspondances montrent clairement qu’il y avait une convention. « Ce n’est pas idéal comment cela s’est déroulé », reconnaît-il. « Mais il faut le voir dans son contexte, c’était une cocotte-minute, il y avait très peu de temps. » Il souligne que M. Boutachekourt n’a évidemment pas imaginé se retrouver dans une telle situation près de dix ans plus tard.

« Catalyseur inspirant »

Pendant ce temps, il reste flou si et quand le soi-disant Maison du Maroc verra le jour. Sa création a été réaffirmée en 2021 dans un accord entre les Pays-Bas et le Maroc. Celui-ci précise que le centre doit servir de « catalyseur inspirant » pour « rassembler la communauté marocaine aux Pays-Bas ».

Les projets pour le centre ne sont pas sans controverse. Plusieurs organisations marocaines-néerlandaises s’inquiètent des intentions du gouvernement marocain. « C’est une forme de soft power par laquelle le Maroc veut garder le contrôle sur les Marocains au-delà des frontières », a déclaré l’activiste des droits de l’homme Habib el Kaddouri du Collectif des Marocains des Pays-Bas (SMN) au Het Parool.

Selon le Maroc, il n’en est rien. Le centre doit, selon l’ambassade, veiller à l’échange culturel, la compréhension mutuelle et la coopération entre le Maroc et les Pays-Bas.

Dans un peu plus de deux mois, le juge rendra son verdict, sauf si les deux parties parviennent à un accord avant cette date. C’est une possibilité qui a brièvement été évoquée lors de l’audience.

Source : Het Parool, 6 août 2024

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