Le succès de la diplomatie algérienne derrière les fake news du Maroc

Le Makhzen s’accroche à son phantasme

Une source diplomatique algérienne a nié, encore une fois, l’information relayée par la presse du voisin de l’ouest au sujet d’une éventuelle médiation saoudienne entre Alger et Rabat en vue d’une réconciliation.

Telle une rengaine, la question revient souvent dans les medias marocains. Ces derniers semblent scruter tout mouvement de personnalités étrangères qui débarquent à Alger, ou la visite de notre chef de l’Etat ou MAE à l’étranger, pour y déceler le moindre indice sur une éventuelle tentative de médiation. C’était le cas lors du périple dans les pays du Golfe, notamment au Koweït, du président Abdelmadjid Tebboune, de son déplacement au Caire, de sa visite d’Etat en Turquie, à la venue à Alger du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, de la visite officielle du président mauritanien, de l’ancien MAE français Jean-Yves Le Drian, et enfin dans le cas échéant du MAE saoudien. Soit une multitude d’occasions durant lesquelles la méditation était évoquée, à telle enseigne que cela prend des allures de phantasme cultivé par une certaine presse aux ordres du Makhzen, l’Etat profond, qui appelle de tous ses vœux à mettre fin à une rupture diplomatique devenue pesante à leurs yeux. Au demeurant, les médias, trolls ou mouches électroniques marocains pour rompus qu’ils soient aux pratiques des «fake-news» sont dans leur élément quand il s’agit de désinformation et de propagande destructrice, mais, la nouveauté cette fois-ci, c’est le lien entre leur besoin de médiation et la situation d’impasse vécue par le royaume chérifien sur le plan énergétique. La fermeture du GME suite au non renouvellement en octobre dernier de l’accord de fourniture du gaz algérien à un prix avantageux qui alimentait les centrales électriques de l’est marocain, lui a fait perdre 97% de ses approvisionnements énergétiques et jeté cette région dans le noir, poussant le pouvoir monarchique à recourir au marché-spot beaucoup plus onéreux. Egalement, les avions détenus ou immatriculés au nom du système du makhzen sont interdits de survol dans l’espace aérien algérien depuis fin août 2021, ce qui les a obligés à parcourir des distances supplémentaires, occasionnant d’énormes pertes pour la principale compagnie et le pays.

Lamamra exclut la médiation

Cependant, cette propension du royaume voisin à vouloir forcer la main à l’Algérie, a lieu sans compter sur la vigilance de notre diplomatie pour rétablir les faits. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a nié l’existence d’une médiation entre l’Algérie et le Maroc. Dans une déclaration aux médias en marge de son inspection du déroulement du concours d’entrée dans le corps diplomatique à l’Université Bab Ezzouar, M. Lamamra a déclaré : «La question de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc ne peut être réglée par la médiation, et la position de l’Algérie est claire et bien fondée, car elle estime que la partie qui a poussé les relations à un tel niveau est pleinement et irréductiblement responsable.» Il a ajouté : «Nous partageons des intérêts et un consensus avec l’Arabie saoudite, qui, comme d’autres pays, nous permettent de nous rencontrer régulièrement sans interférer avec notre ordre du jour». La précision du MAE algérien intervient dans le contexte de la récente visite du ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal Ben Farhan, et à la suite de rumeurs dans les médias marocains selon lesquelles une médiation internationale est en cours entre l’Algérie et Rabat. Ceci d’une part et d’autre part, une source diplomatique algérienne a aussi nié les informations relayées par certains médias selon lesquelles Riyad jouait le rôle de médiateur.

Une décision souveraine

«Non seulement, les relations entre l’Algérie et le Maroc n’ont pas été évoquées au cours desdits entretiens (des autorités algériennes avec le MAE saoudien, ndlr) mais plus encore, la position officielle algérienne est on ne peut plus claire à propos de toute initiative de médiation quelle qu’en soit la nature : les raisons qui ont présidé à la décision de rupture des relations (avec le Maroc) n’ont pas changé et la position de l’Algérie, à cet égard, ne changera pas non plus”.

“De ce fait, aucune initiative n’est sujette à discussion car il s’agit d’une décision souveraine fondée et justifiée par la responsabilité pleine et entière du Maroc dans la détérioration de nos relations bilatérales”, affirme-t-on de même source.

Ces deux réactions s’imbriquent avec celle exprimé en septembre dernier par Amar Belani, l’envoyé spécial du président de la République, chargé du Sahara occidental et du Maghreb, pour fermer définitivement la porte aux supputations et appels du pied exprimées par médias interposés et remettre la question de la rupture des relations diplomatiques dans son cadre. «C’est une décision de principe et souveraine, nous n’allons pas la négocier», a-t-il affirmé, en réponse à des rumeurs savamment distillées par certains sites aux ordres du Makhzen dans le cadre de la guerre électronique que mènent le Maroc et son allié sioniste, à l’Algérie. Les autorités algériennes, ont alors, rappelé qu’elles refusent toute médiation tant que le Maroc n’aura pas cessé ses actes hostiles, n’a pas fait son mea culpa.

A. R.

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