Commémoration du 8 mai 1945: Macron « zappe » les massacres

La commémoration des tragiques événements du 8 Mai 1945 en Algérie, où la France coloniale a massacré des dizaines de milliers d’Algériens a été, une fois de plus, une occasion de se rappeler les crimes commis par la France.

En la circonstance des appels, comme à chaque fois, ont été lancés à l’adresse des Français pour non seulement reconnaître leurs crimes, mais aussi et surtout pour présenter des excuses au peuple algérien. Mais peine perdue puisque ces appels n’ont pas trouvé oreille attentive. Du moins du côté officiel. C’est en effet le cas pour le président de la République, Emmanuel Macron. Ce dernier, qui a fêt en grandes pompes l’anniversaire de la victoire sur le nazisme lors de la Seconde Guerre mondiale, n’a pas soufflé mot sur les crimes commis par la soldatesque coloniale en Algérie un certain 8 Mai 1945 où pas moins de 45.000 Algériens sans défense ont été massacrés.

Des crimes qui restent, presque 80 années après, impunis. « Le 8 mai 1945, l’Europe était libérée du fascisme et de souffrances humaines indescriptibles » a ainsi indiqué Emmanuel Macron, dimanche soir dans un tweet. On voit bien que le Président français, qui vient juste d’être réélu pour un second mandat, a passé totalement sous silenc les massacres et les autres « souffrances humaines indescriptibles » des Algériens dont le seul tort est d’avoir cru se libérer du joug colonial et des affres lorsqu’ils sont sortis manifester en masse à Sétif, Guelma et Kherrata. Ils ne s’attendaient sûrement pas à une telle barbarie de l’armée française et des colons.

« 77 ans plus tard, la paix sur notre continent est mise en péril par la Russie qui a fait le choix d’agresser et d’envahir un pays souverain l’Ukraine », a aussi indiqué le Président français dans son tweet en guise de comparaison avec le fascisme nazi. Cette nouvelle occultation prouve que ce n’est certainement pas demain que les Français vont faire des actes courageux pour reconnaître leurs crimes en Algérie quand bien même Emmanuel Macron a fait quelques pas positifs dans ce sens. Mais, pour la partie algérienne, cela reste nettement insuffisant. Du côté algérien l’oubli n’est pas à l’ordre du jour. « Ils resteront gravés, par leurs tragédies affreuses, dans la mémoire nationale, mais également dans le référentiel historique dont les bases ont été jetées vaillamment par le combat de notre peuple contre l’injustice du colonialisme et en quête de la liberté et de la dignité » a indiqué Abdelmadjid Tebboune dans son message à l’occasion de la commémoration de ces tragiques massacres. « C’est pourquoi notre attachement au dossier de l’Histoire et de la mémoire émane de ces pages glorieuses et de la responsabilité de l’état envers son capital historique » a ajouté Tebboune. Mais, comme il l’a précisé sans « surenchère ou négociation ». C’est dire que des divergences de perception persistent entre les deux parties. Benjamin Stora ne s’y est pas trompé en évoquant, récemment, ces divergences relatives à ce lourd dossier.

Par : KAMEL HAMED


Le Midi libre, 10 mai 2022
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