Mali: L’UE mise sur le rôle central de l’Algérie

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L’envoyée spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, Emanuela Claudia Del Re, a lors de sa visite hier, à Alger, mis l’accent sur le rôle central que peut jouer l’Algérie dans la réussite du processus de transition démocratique au Mali. Et ce, compte tenu de sa capacité de dialoguer avec l’ensemble des pays du Sahel, a-t-elle précisé.

En abordant différents sujets, elle a fait part, autour d’un petit déjeuner avec des journalistes de différents organes de presse à l’hôtel El Aurassi, de ses échanges tenus avec Ramtane Lamamra sur des questions relatives à la stabilité dans la région. Entre autres, la crise alimentaire et ses retombées sur les populations. Mais surtout ses liens avec les flux migratoires. Des échanges qu’elle qualifie de « sérieux » sur différents sujets notamment de l’heure tenus lors d’une réunion importante. Mme Del Re a fait part du souhait de l’UE que l’Algérie joue un rôle plus important dans la région du Sahel. Elle dira que « le rôle de l’Algérie est central notamment du point de vue géographique, c’est carrément un pont entre le Sahel et l’Europe », précise-t-elle. Elle dira que l’UE mise sur le concours de l’Algérie en affirmant que «l’Algérie a une grande expérience, un pays qui a la capacité de dialoguer avec l’ensemble des pays du Sahel, et que c’est un pays capable de développer et faciliter le processus de transition démocratique au Mali».

La représente de l’Union européenne a affirmé que « Lamamra était ferme, lors des échanges, en précisant que l’Algérie est toujours pour l’ordre constitutionnel, avec l’adhésion de la CEDEAO». Et de préciser que Lamamra a critiqué les sanctions économiques de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qualifiées de dures, imposées au Mali, ui ont affecté beaucoup plus la population que le gouvernement. «L’Algérie a un rôle à jouer au Mali du fait qu’elle est convaincue de trouver des solutions concrètes et pragmatiques», dit-elle. Et d’affirmer que l’Algérie a déjà fait des propositions dans ce sens, selon Lamamra. Elle a rappelé que l’UE est un partenaire du Mali ainsi que d’autres pays du Sahel. En s’appuyant ainsi sur le rôle de l’Algérie dans le cadre du dialogue pour transmettre des messages positifs aux Maliens.

L’envoyée spéciale s’est dite pour des solutions qui doivent venir des acteurs de la région, «mais il y a la contribution des pays étrangers et plus particulièrement des pays européens qui sont pour la progression». Et de souligner qu’on doit travailler ensemble et ce n’est pas un travail facile. «Il y a les problèmes de la pauvreté, l’explosion démographique et la difficulté de trouver du travail aux jeunes». L’envoyée spéciale de l’UE a exprimé le soutien de son organisation et sa disposition à soutenir davantage « fripol » dont le siège est en Algérie.

Pour l’envoyée spéciale de l’UE, la présence de la Russie au Mali «est une ligne rouge». En affirmant que le gouvernement malien connaît la position de l’UE sur cette question. «Il a donc nié la présence de Wagner au Mali jusqu’à la dernière minute».

Elle précise clairement que la présence de Wagner au Mali, alors que l’entreprise privée n’est même pas enregistrée en Russie et qui n’a pas de règles d’engagements «est inacceptable» à ses yeux. Elle a affirmé avoir évoqué devant M. Lamamra que la présence des tiers étrangers peut influencer négativement sur le processus de transition démocratique au Mali. Elle a tenu à affirmer qu’on doit beaucoup faire attention à cette question car «il s’agit d’une question d’équilibre dans le monde, une question de géopolitique».

La représentante de l’UE a défendu un des membres de l’Union, en l’occurrence la France. Et ce, en affirmant que « la France demeure un géant de développement dans la région du Sahel, et sur le plan militaire, la France s’est beaucoup engagée grâce à ses interventions. Ils ont obtenu des résultats importants en neutralisant des groupes terroristes».

«Mais, ils ont parallèlement enregistré des pertes, 58 militaires français au Mali et au Sahel, selon le dernier bilan. Ce qui est pesant pour l’opinion publique et le Parlement». Et de préciser que la France peut prendre des décisions bilatérales mais au niveau de l’Union européenne, «on travaille en famille». Elle a affirmé que l’UE a réalisé beaucoup de choses, avec le Mali, notamment sur le plan militaire. «Nous avons formé 18.000 soldats maliens, en regrettant le fait que ces soldats n’aient pas les moyens nécessaires pour faire face à la difficulté du terrain». Elle ouvre une parenthèse pour affirmer que ceux qui sont sur le terrain interviennent alors qu’ils n’ont ni nourriture, ni de l’eau à boire, ni même des kits sanitaires.

«Ils meurent simplement parce qu’ils sont blessés et ne trouvant pas des kits sanitaires de secours». En matière de développement local, l’UE a fait beaucoup de choses importantes mais cela reste invisible et parfois insuffisant vu les défis, précise-t-elle. L’envoyée spéciale a exprimé, par ailleurs, le soutien de l’UE pour un possible renouvellement du mandat de la mission onusienne et sa mise en œuvre au service de la population malienne. Pour ce qui est de la stabilité sécuritaire au Sahel, elle a affirmé que les efforts du Niger sont énormes « mais il reste très difficile de contrôler les territoires dans le Sahel car la menace est diversifiée, elle n’est pas seulement liée au terrorisme», dit-elle.

par M. Aziza

Le Quotidien d’Oran, 02 juin 2022

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