Le Sahel et la guerre d’influence des grandes puissances – Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, France, Barkhane, Sahara Occidental, Mauritanie
Pour Makhlouf Sahel, expert en questions de stratégie et de sécurité, qui était hier l’invité de la Radio nationale chaîne 1, «il est très important pour les pays du Sahel de rétablir le mécanisme des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger, ndlr) pour faire face aux défis communs».
Interrogé sur la visite d’Etat du président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, l’intervenant estime qu’elle vient dans une «période importante» marquée par des «défis communs». «Il s’agit d’établir des ponts en matière de coopération et coordination dans les domaines économique, commercial et de sécurité», a-t-il ajouté à ce sujet.
L’intervenant relève que cette visite intervient à un moment particulier de la situation dans la région du Maghreb et du Sahel. «Ce qui arrive dans la région, notamment depuis novembre 2020, avec les actes d’hostilité commis par les forces coloniales marocaines à l’encontre de manifestants pacifistes sahraouis dans la région des Guergarate (zone tampon administrée par l’ONU, ndlr). Je rajoute aussi les actes d’hostilité commis par le Maroc par le bombardement de camions algériens faisant trois morts parmi des ressortissants algériens qui effectuaient une opération commerciale en direction de la Mauritanie. Il y a un autre facteur qui est l’établissement des relations diplomatiques entre le Makhzen et l’entité sioniste. Il s’agit clairement d’une relation entre deux entités colonisatrices», a-t-il expliqué. Makhlouf Sahel estime qu’en plus des précédents aspects, il y a aussi les «menaces terroristes», que ce soit «avec la situation en Libye ou dans la région du Sahel» ou «la criminalité transfrontalière avec tous ses aspects, comme la contrebande de drogue, d’armes et la traite d’êtres humains». Ajoutant que «ce sont tous ces aspects qui nécessitent une coordination entre les deux pays». Interrogé sur la situation sécuritaire au Maghreb, l’invité de la radio considère que la «menace terroriste» persiste, surtout «avec ce qui se passe en Libye».
D’ailleurs, dit-il, «la présence de mercenaires en Libye est une des causes qui retardent le règlement politique dans ce pays voisin». «Sans compter que la présence de mercenaires en Libye a relancé les activités terroristes dans le Sahel, notamment au Mali, Niger et au Burkina Faso», explique encore l’intervenant.
Ce qui complique davantage la situation, selon lui, «c’est la guerre d’influence que se livrent les grandes puissances dans le Sahel et le Maghreb». «Ce qui retarde le règlement politique en Libye, par des pressions directes sur les acteurs libyens, c’est cette guerre d’influences de plusieurs intervenants étrangers», explique encore l’intervenant.
Le Quotidien d’Oran, 29/12/2021
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