Quand Mandela s’indignait de certaines « pratiques » au Maroc

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Il n’a pas été le seul à s’en indigner, mais il était celui dont l’indignation était la plus sincère. Selon une source proche d’un défunt et connu politicien, lors de sa visite au Maroc en avril 1995, Nelson Mandela aurait appris que les noirs qui servaient directement Hassan II, ses « abids » (esclaves), comme disent encore certains au Maroc, lui baisaient la main. Mais pas de la même manière que le font pratiquement tous les Marocains, mais d’une manière assez spéciale.

Hassan II obligeait ses « abids » à baiser sa main enveloppée d’une sorte de mouchoir en tissu ou un fichu.

« Sidna » senior estimait que les lèvres aimantes charnues de ses noirs, dont la plupart vivaient et résident encore à Touarga, le quartier situé à l’intérieur du palais royal de Rabat, étaient indignes d’effleurer sa divine main.

Mandela, chantre de la lutte contre le racisme anti-noir, en aurait gardé un souvenir amer jusqu’au point de le dire en privé à ce politicien marocain qu’il considérait comme un ami.

Mais pourquoi cette indignation sélective cher Madiba ? Il y avait pire au Palais. Certains, et pas un petit nombre, noirs et blancs, ne baisaient pas seulement les mains de « Sidna » senior, ils lui baisaient également les pieds.

Demain Online, 09/12/2013

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Le Maroc ce pays qui n’aime pas les africains-noirs.

Au Maroc, les marocains attisent et pratiquent la haine des subsahariens jusqu’à la lie. Samedi dernier, la radio française Rfi a diffusé un élément dans lequel elle a recueilli des témoignages d’africains victimes de racisme et de traitements dégradants de la part de marocains qui les accusent de tous les péchés d’Israël. Un jeune Africain noir a décrit avec amertume le traitement qu’il a subi alors qu’il était régulièrement établi à Tanger, ville du nord du royaume. Il a été expulsé de son immeuble, ses affaires détruites, avant de se retrouver sans aucune ressource dans la rue, essuyant, comme si cette humiliation ne suffisait pas, des jets de pierre.

Bien avant Rfi, la chaîne de télévision France 24, dans son émission « les observateurs », a montré le calvaire de ces jeunes aventuriers noirs africains traqués par la police marocaine. La chaîne ivoirienne TV2 en 2014 a également diffusé un documentaire sur la misère des réfugiés africains au Maroc. A priori on pourrait croire à un de ces matraquages médiatiques pour discréditer l’image du Maroc comme en ont l’habitude les médias occidentaux. Mais la récurrence des faits et les témoignages d’Ivoiriens qui se sont réfugiés dans ce pays lors de la crise postélectorale, finissent par dissiper tous les doutes sur l’effectivité du racisme au Maroc, un pays africain. Des Africains qui maltraitent d’autres Africains, cela se passe dans le royaume chérifien. Pourtant depuis qu’il a pris le trône, Mohamed VI ne cesse de multiplier les relations avec les pays au sud du Sahara, à coups d’investissements, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, le roi Mohamed VI en personne a fait le tour des capitales africaines à la conquête de débouchés pour les investisseurs marocains. Banques, Btp, cimenteries, pêche, commerce, de nombreuses entreprises marocaines ont gagné des parts de marché dans ces domaines. Des contrats juteux assortis de signatures d’accord de coopération bilatérale avec à la clé l’établissement de marocains dans ces pays sans la moindre entrave ni de la part des états, ni de la part des populations noires.

Tel est donc le Maroc dont les ressortissants sont bien accueillis en Afrique Noire mais qui se refuse à toute réciprocité à cause de la différence de peau. Ce qui est écœurant, c’est que cette maltraitance des Africains noirs du Maroc se passe dans la plus grande indifférence des pouvoirs publics. On ferme les yeux là-dessus comme on ferme les yeux sur les drames de la migration vers l’Europe en pirogue à travers la Méditerranée.

À Tanger, des Noirs africains attaqués à la machette

Des Noirs africains manifestent dans les rues de Tanger pour dénoncer la violence dont ils sont victimes. Photo de Yassine Lachiri pour Tanja 24.com

Des attaques sanglantes à l’arme blanche ont eu lieu dans le quartier Boukhalef à Tanger, où vivent majoritairement des Noirs subsahariens sans-papiers, candidats à l’immigration en Europe. Témoignages de migrants sous le choc…

Les attaques sont survenues vendredi 29 août, dans quartier Boukhalef à la sortie de Tanger, expliquent plusieurs témoins contactés par France 24. Si les assaillants n’ont pas été identifiés, les personnes ciblées sont toutes des Noirs africains, la plupart sans papiers. Quatorze d’entre eux ont été blessés, selon les rapports de la police de Tanger. Un Sénégalais a par ailleurs été retrouvé égorgé à proximité des lieux de l’attaque. Sur une vidéo amateur publiée sur Facebook, on le voit allongé par terre sans vie, dans une flaque de sang.

« Ils ont brûlé mon argent et mes affaires : je n’ai plus rien et j’ai peur de retourner à Boukhalef »

Daouda (pseudonyme) est un Ivoirien sans-papiers, qui cherche à partir en Espagne. Il a été blessé à la tête lors de l’attaque de vendredi soir. En convalescence à l’hôpital Mohamed V de Tanger, il a accepté de témoigner.Nous étions dans le quartier Boukhalef avec des amis, lorsqu’on a vu des Noirs courir en notre direction et dire « Barrez vous, les Arabes arrivent ! ». Au loin, on a aperçu des gens avec des djellabas. Certains avaient le visage caché. Ils jetaient des cailloux, mais d’autres étaient armés de machettes et de couteaux. J’ai voulu m’enfuir, mais j’ai reçu une pierre sur la tête et je me suis évanoui. Quand je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital. J’ai une grosse entaille sur la tête et j’ai été lacéré dans le dos.J’ai fui la Côte d’Ivoire il y a quatre ans, et ça fait trois mois que je suis à Tanger. Des amis m’avaient proposé de venir habiter à Boukhalef avec eux. Je n’ai pas eu d’alternative : ailleurs, c’était soit trop cher, soit les locataires noirs n’étaient pas les bienvenus.Hier, mes amis m’ont appelé pour me dire que les assaillants étaient entrés chez nous et avaient tout saccagé. Je n’avais pas grand-chose : juste quelques vêtements, des photos et un peu d’argent gagné en faisant des petits boulots de maçon. Tout est parti en fumée. J’ai peur d’y retourner, car je sais que ça va recommencer et que la prochaine fois, ils ne me rateront pas.

« Les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs, des alcooliques »

Konaté (pseudonyme) travaille pour l’association espagnole Caminando Fronteras, qui fournit une aide humanitaire aux migrants à Tanger. Il prenait un thé dans le quartier quand les violences ont éclaté.On m’a dit qu’il fallait que je parte car j’étais noir. Pourtant, j’ai un travail, j’ai mes papiers. Mais ces soirées-là, où ça chauffe, il n’y a aucune distinction. Ce ne sont rien d’autre que des scènes de justice populaire : les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs, des alcooliques, à l’origine de problèmes d’insécurité dans le quartier [RFI évoque des expéditions commanditées par des promoteurs immobiliers pour pousser au départ les migrants squatteurs NDLR]. Comme ils estiment que les autorités ne prennent pas suffisamment le problème au sérieux, ils ont décidé de les chasser eux-mêmes. Ils font l’amalgame entre « Noir-sans-papier-insécurité », alors qu’il y a beaucoup d’habitants en situation régulière à Boukhalef, qui payent leur loyer.Ce sont des groupes organisés avec un chef qui donne des ordres. Ils sortent le plus souvent le vendredi, après la prière du soir, et visent à la tête, ce qui laisse penser qu’ils veulent blesser mortellement. Ils entonnent des chants racistes en arabe tels que « on ne veut plus voir ces singes ici « ou « c’est notre guerre sainte ! « .
Le plus grave, c’est que cela se passe souvent sous l’œil des policiers qui n’interviennent pas. Vendredi, le Sénégalais a été tué à quelques mètres du commissariat de Boukhalef. Des personnes dont on a détruit les appartements ou qui ont été blessées ont attendu des heures pour déposer plainte. Tout est fait pour dissuader les Noirs africains de rester ici.

En réaction à ces attaques, une centaine de Noirs africains ont défilé dans les rues de Tanger pour dénoncer les violences dont ils sont régulièrement victimes, avant d’être dispersés par la police. Ces épisodes haineux se sont multipliés ces six derniers mois. Il y a quinze jours, dans le même quartier, quatre personnes avaient été blessées à l’arme blanche dans une attaque similaire.

Lundi, une présence policière renforcée était visible dans les rues du quartier Boukhalef. Le parquet de Tanger a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie et affirme avoir arrêté plusieurs personnes dans les deux camps, accusées d’être impliquées dans les violences de vendredi. Contacté par France 24 pour s’exprimer sur le sujet, le conseil régional des droits de l’Homme pour Tanger, organisme étatique du ministère des Affaires étrangères, n’était pas disponible ce lundi.

La région de Tanger compterait plus d’un millier de migrants subsahariens, dont environ 800 dans le quartier Boukhalef, en attente de passer en Espagne. D’après les chiffres officiels, le Maroc compterait 30 000 sans-papiers sur son territoire.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Alexandre Capron (@alexcapron), journaliste pour les Observateurs de France 24.

France 24

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