Algérie : Partis : la mort subite ?

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De nombreux partis politiques y compris ceux qui écument le paysage depuis plus de 30 ans risquent de laisser des plumes à l’issue des élections locales prévues le 27 novembre prochain.

En effet, l’article 318 de la loi organique relative aux parrainages électoraux place la barre très haut pour ceux qui ambitionnent de présenter des listes dans toutes les communes et les wilayas du pays. Ils doivent réunir pas moins de 800.000 signatures pour ouvrir droit à présenter des listes dans toute l’Algérie.

Un chiffre astronomique qui relève objectivement de la gageure alors même que les partis et plus généralement la pratique politique, sont vomis par la population. Le fait est que ce seuil de signatures exigé dépasse même et de loin celui des élections présidentielles censé être plus « sérieuse » et plus stratégique pour un pays.

Le texte stipule ainsi que chaque liste présentée par un parti politique ou un groupe d’indépendants doit obligatoirement être accompagnée de 35 parrainages d’élus de la circonscription électorale. De fait, et compte tenu de la de nos partis, il paraît extrêmement difficile pour n’importe quelle formation de réussir cette épreuve mis à part peut-être l’ex parti unique le PFLN et son clone le RND qui disposent de relais locaux. Et encore !

Question à un dinar fortement dévalué : Pourquoi le gouvernement à-t-il dressé ce barrage insurmontable devant les partis politiques alors même qu’il y a déjà une abstention record lors du référendum sur la constitution et surtout les élections législatives ? La logique politique aurait voulu que le gouvernement fasse en sorte que les partis et les citoyens-électeurs soient encouragés à participer à cette double consultation électorale.

Or, curieusement, ce fameux article 318 leur dresse au contraire un vrai barrage. Des formations politiques qui disposent de bases populaires respectables n’ont pas manqué de dénoncer cette disposition. A commencer par le MSP d’Abderrazak Makri qui a qualifié, hier, le chiffre de 800.000 signatures d » imaginaire qu’aucun esprit sain ne peut accepter dans le contexte actuel ».

Pour le parti islamiste cette exigence va également « impacter le droit de contrôle des commissions des élections au niveau des communes. Et si un parti comme le MSP présent pratiquement dans toutes les communes du pays s’inquiète, que dire alors des micros partis ?

Alors que les dernières élections législatives ont supprimé de la carte près une quinzaine de formation n’ayant obtenu aucun siège à l’APN, article 318 risque de leur fermer carrément la barrière et mourir ainsi de leur belle mort. L’on s’achemine vers un double scrutin qui sera organisé exclusivement pour un petit groupe de trois ou quatre partis au maximum au niveau national.

Certains observateurs n’hésitent pas à pointer la volonté du pouvoir d’imposer une reconfiguration politique de sorte à mettre les anciens partis hors d’état de nuire à travers la promotion des listes des indépendants qui vont rafler la mise en prévision de la création d’un parti politique après le 27 novembre prochain pour servir d’appareil au président Tebboune.

Les chefs du groupe des indépendants à l’assemblée ne se sont d’ailleurs pas caché il ya quelques jours en annonçant la mise sur pied d’un nouveau parti politique qui aura à porter le programme de la « nouvelle Algérie ».

Par Imane B.

L’Est Républicain, 08/09/2021

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