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Le chef de la diplomatie espagnole espère récupérer les relations avec Rabat en créant un cadre qui empêche ces crises de devenir cycliques.
Miguel Ángel Alfonso
Au Palais de Santa Cruz, siège de la diplomatie espagnole, les traditions prévalent. Mais personne n’a été surpris que José Manuel Albares rompe l’une des coutumes les plus ancrées au sein du ministère des affaires étrangères, celle de choisir le Maroc comme première destination après sa nomination comme ministre. Il était plus qu’évident que les relations avec Rabat, partenaire stratégique en Afrique du Nord et pays « ami », n’avaient cessé de se détériorer depuis l’arrivée du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, à Logroño le 28 avril pour traiter avec le covid-19. L’élément déclencheur d’un dossier qui a pour toile de fond la souveraineté du Sahara occidental et qui, un mois après sa nomination, rejoint les manifestations à Cuba et le traité sur Gibraltar comme ses principaux défis.
Albares, quant à lui, a d’abord réuni ses prédécesseurs sous les gouvernements du PP et du PSOE, d’Arancha González Laya – des mains duquel il a reçu le portefeuille ministériel le 12 juillet et qui a également rompu la tradition de faire ses débuts au Maroc – à Abel Matutes. Son entrée en fonction avait eu lieu en plein milieu des manifestations à Cuba, sans qu’il ait eu le temps de réagir ni même de défaire les valises qu’il avait préparées à la hâte à son poste précédent, l’ambassade d’Espagne à Paris.
Mais quatre semaines plus tard, l’affaire marocaine est toujours au point mort et les canaux de communication entre les deux pays sont rompus. D’autant plus que la crise a atteint son apogée les 17 et 18 mai avec l’entrée de plus de 10 000 citoyens marocains par la clôture de Ceuta face à la passivité des forces de police marocaines, ce que plusieurs membres du gouvernement ont directement qualifié d' »invasion ».
Le retour de Ghali en Algérie n’a pas non plus été suffisant. L’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, a averti le gouvernement que cela n’était pas « suffisant » pour mettre fin à la crise.
M. Albares s’est rendu mardi à Lisbonne pour préparer, avec son homologue portugais, le sommet bilatéral entre l’Espagne et le Portugal qui se tiendra le 28 octobre à Trujillo (Cáceres). De là, il a demandé du « temps » pour reprendre les relations avec Rabat et a minimisé l’importance de la question de sa première destination. « Le premier voyage au Maroc sera important, mais le deuxième, le troisième ou le quatrième le seront encore plus. L’objectif est de maintenir un cadre solide de relations, afin que les crises avec le Maroc ne deviennent pas cycliques. Mais cela, expliquent les sources diplomatiques, « demande de la patience ».
Traité avec le Royaume-Uni
Le 22 juillet, Albares a rencontré son collègue britannique Dominic Raab dans le but d’adoucir le rejet par le Royaume-Uni du mandat de négociation de la Commission européenne sur le futur traité qui régira les relations entre le Rocher et l’UE.
Le Royaume-Uni estime que le traité signé le 31 décembre dernier « cherche à saper la souveraineté britannique » sur la colonie. Plus précisément, Londres est contrariée par la disposition selon laquelle des « gardes-frontières espagnols » seront chargés de contrôler l’entrée à Gibraltar par le port, l’aéroport et les eaux adjacentes.
Dans le cas de Cuba, le Foreign Office évite de le qualifier officiellement de « dictature ». La position de la diplomatie espagnole pendant les protestations contre le gouvernement de Miguel Díaz-Canel a été guidée par la prudence. M. Albares est favorable à la recherche d’une position commune au sein de l’UE et à l’exigence que La Havane libère les détenus et écoute les revendications des manifestants.
El Correo, 09/08/2021
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