L’acte d’espionnage ne s’est pas limité aux journalistes marocains. Le consortium Forbidden Stories et le Security Lab d’Amnesty International ont mis en lumière le fait que l’infection avec Pegasus avait concerné le patron et fondateur de mediapart, Edwy Plenel…
Un grand scandale d’espionnage. Sans doute, le plus important depuis le début du siècle. Le Maroc en est le principal acteur. Le Makhzen a espionné, via un logiciel israélien plus de 50.000 responsables politiques et militaires, ainsi que des opposants et des journalistes. Et ce ne sont pas des moindres. Les victimes du Maroc se recrutent parmi les plus hautes sphères de la France, de l’Allemagne, d’Algérie et sans doute d’autres pays. Les investigations lancées par une quinzaine de journaux, lèvera le voile sur les très nombreux méfaits que seules des Etats voyous en sont capables. Le Maroc et Israël répondent parfaitement à la description.
Il faut savoir que ce grand scandale d’espionnage est le fait du logiciel espion israélien baptisé Pegasus. Le journal Le Monde et seize rédactions coordonnées par l’organisation Forbidden Stories ont fait éclater l’affaire du siècle. Avec l’appui technique d’Amnesty International, ces médias ont mis la main sur une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone, présélectionnés par certains clients de NSO Group pour une éventuelle mise sous surveillance. Pegasus qui permet de prendre le contrôle d’un téléphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et sa caméra.
Les coordonnées téléphoniques de nombreux journalistes marocains figurent dans la base de données de Pegasus. «Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le logiciel espion Pegasus, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group», rapporte A.I. Ainsi, «le numéro de Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar Al-Yaoum, qui purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour viol, au terme d’un procès politique, a été entré comme cible potentielle dans le logiciel espion de NSO, ainsi que sa femme»¸ selon sa défense.
Les cas d’Omar Radi et de Taoufik Bouachrine, ne sont pas isolés a-t-on découvert lors de l’investigation. Tous les patrons de médias indépendants sont systématiquement traqués. Parmi leurs cibles potentielles, on trouve ainsi les fondateurs du Desk, Ali Amar, ou celui du site éléctronique Badil, Hamid El-Mahdaoui, condamné à trois ans de prison en 2018 pour sa «participation» au soulèvement populaire du Rif, (octobre 2016) sévèrement réprimé par le pouvoir en place.
L’acte d’espionnage ne s’est pas limité aux journalistes marocains.
Le consortium Forbidden Stories et le Security Lab d’Amnesty International ont mis en lumière le fait que l’infection avec Pegasus avait concerné le patron et fondateur de mediapart, Edwy Plenel, ainsi que Dominique Simonnot, ancienne enquêtrice du Canard enchaîné, actuellement journaliste au quotidien français, Le Monde.
L’enquête révèle également un nombre impressionnant de journalistes et patrons de presse français. Mais le forfait ne s’arrête pas là, puisqu’on retient la très probable infection du téléphone du président français Emmanuel Macron, de certains hauts responsables des services de renseignement français, ainsi que de quelques chefs de l’opposition française.
L’investigation qui devra durer plusieurs jours, voire des semaines, pour «éplucher» la liste de personnes espionnées par le Maroc, fera à n’en pas douter d’autres révélations. Pour l’heure, on commence déjà à évoquer des numéros de téléphones de journalistes algériens, mais également de responsables du gouvernement. A ce stade des révélations, même préliminaires, le scandale est déjà gigantesque et ne peut que prendre de l’ampleur avec le temps.
D’ores est déjà les premières réactions tombent. Paris qualifie l’acte marocain de très grave et less médias français, Mediapart et le Canard Enchaîné ont annoncé qu’ils allaient porter plainte à Paris, suite à des informations indiquant que les téléphones de certains de leurs journalistes ont été espionnés par un service marocain, à l’aide du logiciel sioniste Pegasus. «Nous allons porter plainte contre X avec constitution de partie civile», a précisé le président de la société d’édition du journal Le Canard Enchaîné, Michel Gaillard. «Les numéros des téléphones portables de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel (cofondateur du site) figurent parmi les dix mille que les services secrets du Maroc ont ciblés en utilisant le logiciel espion fourni par la société israélienne NSO», a confirmé le site d’information Mediapart dans un article.
Anissa Mesdouf
Ouest Tribune, 22/08/2021
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