Selon El Confidencial, si les propos du secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un tweet daté du 28 juin « sont passés inaperçus », deux semaines après, «ils ont pris toute leur importance » suite à la conférence de presse du porte-parole du département d’État, Ned Price, dans laquelle il déclarait que « les États-Unis sont déçus par la nouvelle selon laquelle un tribunal marocain a condamné le journaliste Souleiman Raissouni à cinq ans de prison ».
El Confidencial indique que « la déclaration du département d’État a provoqué une réaction furieuse d’un haut fonctionnaire marocain, reprise par toute la presse du pays. L’écho médiatique des propos de ce fonctionnaire indique qu’ils ont été encouragés par les plus hauts niveaux du gouvernement » en allusion au patron des prisons marocaines, Mohamed Saleh Tamek.
Le quotidien espagnol remarque la différence des discours des Etats-Unis, de l’Espagne et de l’UE, les alliés classiques du régime marocain. « Ned Price a exprimé sa déception à l’égard de la condamnation presque au moment où le nouveau ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, a pris ses fonctions lundi. M. Albares a souligné que le Maroc, le seul pays qu’il a mentionné, est « un grand ami et voisin du sud ». Aucun gouvernement européen n’a jusqu’à présent exprimé une préoccupation similaire à celle des États-Unis concernant la condamnation de Raissouni », précise El Confidencial.
« L’affaire Raissouni a également incité le porte-parole américain à exprimer une préoccupation plus générale concernant « la liberté d’expression et d’association au Maroc ». « La liberté de la presse est fondamentale (…) et les gouvernements doivent veiller à ce que les journalistes puissent exercer leurs fonctions essentielles en toute sécurité, sans craindre d’être arrêtés injustement, de subir des violences ou des menaces », a-t-il ajouté. « Nous suivons de près cette affaire, ainsi que celles d’autres journalistes détenus au Maroc, dont Omar Radi, et avons fait part de ces préoccupations au gouvernement marocain et continuerons à le faire », a conclu Ned Price », ajoute-t-il.
« Ces dernières années, pas un seul journaliste n’a fini derrière les barreaux au Maroc pour ses écrits. Tous l’ont été pour des délits sexuels, comme si les journalistes les plus critiques étaient tous des pervers. En portant de telles accusations contre ceux qui publient des articles qui mettent les autorités mal à l’aise, il leur est difficile de se défendre et cela peut saper le soutien qu’ils peuvent rassembler. Les commentaires du porte-parole du département d’État montrent que l’administration du président Joe Biden ne croit pas aux accusations portées contre les lanceurs d’alerte. Il reste à voir jusqu’où ira sa sensibilité aux droits de l’homme au Maroc. On le verra en octobre, lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies renouvellera le mandat de la MINURSO, le contingent de l’ONU déployé au Sahara occidental. En 2013, l’administration du président Barack Obama a cherché à modifier ce mandat pour donner aux « casques bleus » des pouvoirs de surveillance des droits de l’homme sur le territoire. Elle a d’abord consulté le dénommé Groupe des Amis du Sahara Occidental sur la question, mais la France et l’Espagne s’y sont fortement opposées, se conformant ainsi à la demande de la diplomatie marocaine. L’administration Biden essaiera-t-elle à nouveau dans trois mois ? », conclue-t-il.
Etiquettes : Maroc, Etats-Unis, Soulaiman Raïssouni, Omar Radi, Jope Biden, droits de l’homme, Sahara Occidental, MINURSO,
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