L’Algérie veut reprendre son statut d’acteur influent

Nomination de Ramtane Lamamra : L’Algérie veut reprendre son statut d’acteur influent

Par Mohamed Mecelti

Redonner à l’Algérie sa place de leader sur la scène continentale est sans doute la première mission du nouveau chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, qui aura à gérer plusieurs dossiers sensibles et urgents.

Il s’agit bel et bien d’un nouveau souffle pour la diplomatie algérienne, affaiblie durant des années par la très longue maladie du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, laquelle a eu de lourdes conséquences quant au poids de l’Algérie sur la scène internationale.

Et c’est exactement ce statut d’acteur influent que le nouveau patron de la diplomatie algérienne devra récupérer en optant pour l’action proactive dans la politique étrangère afin de permettre à l’Algérie d’apporter sa contribution et d’œuvrer à l’unification des rangs dans la région.

«Forte de sa glorieuse histoire et du génie de son peuple, et grâce aux engagements de ses dirigeants, l’Algérie a de tout temps été l’initiatrice d’évènements remarquables et a su marquer de son empreinte l’histoire de cette nation et celle de la communauté internationale, voire de l’humanité tout entière», a indiqué, jeudi dernier, M. Lamamra lors de son installation dans ses nouvelles fonctions.

Fort d’une expérience de plus de 40 ans dans les instances internationales et dans le règlement des conflits, le diplomate de 69 ans a affirmé que l’Algérie poursuivra ses actions dans la région qui, en dépit de tous les difficultés, avance à pas sûrs vers l’unité et l’intégration. Il a néanmoins avoué que les conflits existants, en l’occurrence celui du Sahara occidental et la crise libyenne, influent sur l’action d’unification des rangs et sur le bond vers l’intégration et l’unité escomptées.

Avec le retour de ce poids lourd de la diplomatie, l’Algérie va contribuer énergiquement au règlement de la crise libyenne, un dossier compliqué et complexe. M. Lamamra va jouer de son expérience et de ses réseaux pour permettre à l’Algérie de peser significativement sur le cours des événements dans ce pays voisin.

Le règlement de la crise libyenne exige, selon M. Lamamra, «davantage d’engagement et de disponibilité à répondre aux exigences des parties et de l’Etat libyens. Un Etat en qui nous croyons toujours, et nous ne ménagerons aucun effort pour la consolidation de ses orientations et de ses décisions souveraines».

Il convient de rappeler que les Etats-Unis ont mis leur veto en avril 2020 à la nomination de Ramtane Lamamra à la tête de la commission spéciale de l’ONU en Libye.

Une mission délicate attend l’homme, notamment avec la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, mais aussi avec les bouleversements qu’a connus le dossier sahraoui depuis la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis ainsi que la présence directe de l’Etat sioniste, avec lequel le Makhzen a normalisé ses relations diplomatiques.

Ces derniers développements survenus dans les relations avec le voisin de l’Ouest ont imposé le retour de Lamamra aux Affaires étrangères, selon Fouad Sebouta, vice-président du Conseil de la nation. Celui-ci a estimé que son affectation aux affaires de la communauté à l’étranger est aussi un signal fort quant à la volonté des hautes autorités du pays de reprendre le rôle pionnier de l’Algérie, notamment dans les dossiers régionaux.

M. Sebouta a estimé que les relations exceptionnelles qu’entretient Lamamra avec les pays européens, la Chine et la Russie, mais aussi sa participation à plusieurs missions de médiation sur le Continent, qui lui a permis de tisser des réseaux précieux, font de lui l’homme de la situation.

Pour rappel, Ramtane Lamamra, qui a dirigé le ministère des Affaires étrangères de 2013 à 2017, a gravi, pendant plus de 40 ans, tous les échelons de la diplomatie algérienne. Il a été ambassadeur d’Algérie à l’ONU puis à Washington. Il a également occupé plusieurs postes au sein de l’OUA (Organisation de l’Unité africaine, devenue UA), dont deux fois celui de commissaire pour la paix et la sécurité.

Le Jeune Indépendant, 09/07/2021

Etiquettes : Algérie, Ramtana Lamamra, diplomatie, nouveau gouvernement,

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