par Abdou Benabbou
Dans quelques heures l’événement sur lequel le président de la République a beaucoup misé va s’enclencher. Les commentaires sur les élections législatives n’ont pas manqué, les uns sarcastiques, les autres volontaristes dans une ambiance de doutes pour que nul ne sache quelle sera la finalité d’un scrutin censé préfigurer aux yeux du pouvoir politique une des amorces de ses principaux engagements tracés pour se diriger vers une Algérie nouvelle.
Pourtant, cette Algérie transformée est bien là, visible à l’œil nu pour peu qu’un effort d’observation soit fait. Le pays a bien changé de visage sous l’effet de plusieurs lames de fond sociales et économiques gravant une profonde mue de la société. Il y a eu de tout. Jusqu’au sang qui a coulé pour que chacun soit obligé de raser les murs pour se prémunir des étêtements et des éventrations de la décennie de braise et de feu pour qu’aujourd’hui le peuple lassé n’aspire plus qu’à la paix et à la tranquillité. Dans son cheminement souvent contrarié, la sérénité est devenue sa principale attente même si ses doléances et ses réclamations accompagnent souvent de grands bruits.
Les stigmates du drame n’ont pas disparu, loin s’en faut, et le peuple dans sa majorité a compris que les messies bienfaiteurs ne viendront jamais. Brimée, malaxée, la population a été tenue à boiter pendant de longues années sans jamais se faire vacciner des théories démagogiques. Elle a gardé son esprit paysan éveillé comme antidote et atout secret contre les emphases populistes des opportunistes de tous bords quand des bienfaits pouvaient être arrachés. La proximité religieuse et la forte implication dans la foi se sont taillé le beau rôle pour s’ériger en investissement sûr et garanti.
Il devient donc illusoire de croire que ses futurs représentants soient des envoyés de Dieu et ceux qui se dirigeront ce samedi vers les urnes ont plus que jamais conscience des réelles données de leur pays. On s’accommode de ce que l’on a en espérant que demain il fera jour sans trop croire aux miracles promis par les absents dispersés.
Le Quotidien d’Oran, 10 juin 2021
Etiquettes : Algérie, élections législatives, 12 juin 2021, décennie noire, terrorisme,