L’assemblée générale élective de la Confédération africaine de football (CAF), qui s’est déroulée le 12 mars à Rabat, a accouché d’un plébiscite pour le richissime Sud-Africain Motsepe, avantageusement boosté qu’il fut par le président de la FIFA.
Cet événement (dont l’épilogue était déjà écrit depuis plusieurs jours) aurait pu être d’une actualité secondaire sans cette monumentale bourde commise par la délégation algérienne menée par Kheireddine Zetchi, le président de la FAF.
Le programme envoyé quelques semaines auparavant aux 54 Fédérations nationales africaines comportait, comme l’exige le règlement, les propositions d’amendements des statuts, dont l’une (inscrite par la partie marocaine), imposait la mise en place de conditions d’admissibilité à tout nouveau postulant à la qualité de membre de la CAF.
Le secrétaire général de cette instance l’a annoncé à la fin du scrutin : la résolution a été approuvé par 100% des présents, ce qui laisse entendre que même la partie algérienne a entériné cette disposition particulière qui contentait le Maroc.
Il ne faut pas être dupe pour admettre que celle-ci visait à faire barrage à une entité non encore membre de l’ONU, la RASD, et à sa jeunesse d’opérer un brassage intra-africain et d’exister dans le concert des nations continentales, ce qui aurait été salutaire à son épanouissement. Il est, en effet, inadmissible pour un responsable d’une Fédération de renom, celle de l’Algérie en l’occurrence, de ne pas avoir flairé le subterfuge marocain, en fréquentant les coulisses de la CAF et d’y organiser un travail d’opposition aux uns et de sensibilisation aux autres à la mesure des intérêts d’un peuple spolié de son droit à l’autodétermination. Désormais, cette mesure n’a cours qu’en Afrique. La FIFA et les autres Confédérations continentales (Amérique du Sud, Amérique du Nord, centrale et Caraïbes, Europe, Asie et Océanie) intègrent en leur sein des Fédérations nationales dont les pays ne sont pas membres de l’ONU. C’est le cas, par exemple, du Kosovo, de Taïwan, de Gibraltar, Chypre du Nord, des îles Feroe (non reconnus par l’ONU en tant que nation) et de nombreuses îles et archipels d’Océanie.
Il était donc du devoir de Zetchi de faire preuve de vigilance, comme le font nos nombreux cadres et personnalités astreints dans les conférences internationales à veiller dans leurs démarches à la défense des intérêts nationaux. Manque d’expérience, passivité ou désintérêt ? La posture de l’abstention que le président de la FAF a beau faire prévaloir au cours de ces assises renseigne en fait sur la docilité dont il a fait preuve face à la flibusterie marocaine, manœuvre grotesque qui ne visait qu’un seul objectif. Au terme de cette forfaiture lamentable qui n’honorera pas les dirigeants du football africain, la presse du royaume s’est empressée de s’enflammer en la qualifiant de «victoire diplomatique sur l’Algérie». Rien que ça ?…
Le peuple sahraoui peut s’enorgueillir d’avoir été, en 1999 au sommet de Syrte (Libye ), un éminent membre fondateur de l’Union africaine (UA) et, qu’à ce titre, il jouit de ses pleins droits diplomatiques au sein de la communauté africaine. Il est toutefois dommage que l’instance continentale du football africain, à travers ses membres élus, corrompus pour la plupart, continue à être colonisée par les Blancs du Nord et n’arrêtent pas de s’adonner à des filouteries d’un autre âge. Ces attitudes qui perdurent viennent nous rappeler combien la politique de la chaise vide de nos représentants sportifs dans les instances continentales et internationales impacte considérablement nos intérêts nationaux et, partant, la place la plus large dont devrait jouir notre pays dans les structures sportives dirigeantes africaines et mondiales.
El Watan, 17 mars 2021
Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, CAF, FIFA,
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