La République arabe sahraouie démocratique (RASD) n’est pas contre les solutions pacifiques, mais conditionne son retour à la table des négociations avec le Maroc à la reconnaissance par ce dernier du Sahara occidental en tant qu’Etat souverain membre à part entière de l’Union africaine (UA), a indiqué, mardi, le ministre de l’Information, porte-parole du gouvernement sahraoui, Hamada Salma Daf
« La République sahraouie n’est pas contre les solutions pacifiques, elle y est même favorable, mais elle reste déterminée à poursuivre la lutte armée qui est fortement soutenue par le peuple sahraoui», a précisé Hamada Salma Daf dans une déclaration à l’APS. Concernant l’appel de l’Union africaine, lors de son récent sommet, aux deux parties au conflit à réunir les conditions d’un retour à la table des négociations, le responsable sahraoui a affirmé que la RASD «est prête à revenir à la table des négociations avec le Maroc et à œuvrer pour un nouvel accord de cessez-le-feu, mais à condition que le Maroc reconnaisse le Sahara occidental en tant qu’Etat souverain membre à part entière de l’UA».
Lors de son 14e sommet extraordinaire, tenu par visioconférence le 6 décembre sous le thème «Faire taire les armes», l’Union africaine avait demandé au Conseil de paix et de sécurité (CPS) d’apporter les contributions attendues de l’UA en appui aux efforts de l’ONU pour engager les deux parties au conflit (Maroc et RASD), qui sont tous deux des Etats membres de l’Union africaine, à «préparer les conditions d’un nouveau cessez-le-feu et parvenir à une solution juste et durable au conflit, garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes de l’UA et de l’ONU et aux objectifs et principes de l’Acte constitutif de l’organisation panafricaine».
A une question sur une éventuelle reprise des négociations, en l’absence d’un envoyé onusien, M. Selma Eddaf a précisé que sa présence «n’est pas nécessaire pour la reprise des négociations», étant un simple «médiateur» dans la question de règlement. «C’est le Conseil de sécurité qui ferait la différence. Malheureusement, ce dernier semble embarrassé par rapport aux membres permanents qui entravent le processus de règlement au Sahara occidental et l’instauration de la paix dans la région.»
Concernant les développements de la situation sur le front de bataille, suite à la violation du cessez-le-feu par l’armée marocaine le 13 novembre dernier, il a souligné que «le moral du soldat sahraoui est plus qu’au top. Outre les triomphes qu’il réalise sur le front, il jouit d’un grand soutien du peuple sahraoui qui fait front commun». Il a rappelé l’élan de milliers de jeunes Sahraouis qui ont rejoint les casernes depuis le début de l’agression marocaine pour se porter volontaires dans les rangs de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS). Par contre, «le moral de l’armée marocaine est au plus bas, les forces de l’armée sahraouie menant des attaques sur ses points de retranchement et ses bases. La riposte de l’armée marocaine demeure anarchique, car ne ciblant pas des points fixes, ce qui est désappointant pour le soldat marocain», a-t-il ajouté.
Madrid sommée d’assumer ses responsabilités historiques
Le gouvernement espagnol, puissance administrante au Sahara occidental, doit assumer ses responsabilités historiques et faire avancer en urgence le processus de décolonisation de ce territoire non autonome, sous occupation marocaine, a indiqué mardi l’Union générale des travailleurs d’Espagne (UGT) dans un communiqué, cité par l’agence sahraouie SPS. «La responsabilité maximale incombe au gouvernement espagnol», qui doit «nécessairement assumer l’urgence d’avancer courageusement» dans le processus de décolonisation du Sahara occidental, souligne l’organisation syndicale qui rappelle les obligations du gouvernement espagnol en termes de respect du droit international.
L’UGT s’interroge sur la position contradictoire du gouvernement espagnol qui d’un côté «se vante de son caractère démocratique et de sa défense des droits de l’homme» mais s’abstient d’un autre côté de défendre ces principes dans le cas du Sahara occidental. Pour l’UGT, «le rôle de l’Espagne est fondamental en tant que puissance administrative du territoire du Sahara occidental» et aussi en raison de ses liens historique, politique et social particuliers avec son ancienne colonie.
Malheureusement, «l’attitude du gouvernement et de la majorité de l’opposition espagnole montre un désintérêt volontaire basé sur des calculs géopolitiques jamais expliqués» mais qui, par ailleurs, prend en compte des intérêts politiques et économiques importants, ajoute le communiqué. L’organisation syndicale appelle à un consensus au sein de la classe politique espagnole, exhortant «l’opposition conservatrice au Parlement à renoncer à sa «position lâche sur un problème qui exige du courage».
Déplorant le chantage exercé par le Maroc sur l’Espagne, l’UGT souligne que «la politique étrangère de l’Espagne ne peut continuer à être soumise aux menaces» marocaines. Rappelant, à ce titre, les droits politiques et économiques du peuple sahraoui, l’UGT regrette que «pendant des décennies ces droits reconnus aient été violés sans que les principaux acteurs de la scène politique internationale ne bougent le petit doigt pour apporter des solutions justes».
«La situation s’est récemment aggravée avec l’avancée illégale des troupes d’occupation marocaines vers la frontière sahraouie avec la Mauritanie», sans que cette violation ne soit condamnée par les grandes puissances ou par l’Espagne», s’indigne l’UGT qui dénonce la décision unilatérale du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en violation des résolutions de l’ONU sur un territoire en attente de décolonisation.
L’organisation n’a pas manqué de souligner la solidarité permanente entre les deux peuples espagnol et sahraoui.
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