Par Said Zarwal*
À la suite de l’adoption de la résolution 2548 du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, la partie sahraouie a annoncé son rejet implicite du contenu de la résolution, tandis que l’occupation marocaine s’en félicitait. Cette évolution coïncide avec les événements internationaux et régionaux qui ont un impact direct sur la question du Sahara Occidental. Tout le monde commence à s’interroger sur l’avenir du statut à Guerguerat et son influence sur la question du Sahara occidental. Je pense que la réponse à cette question devrait tenir compte des possibilités et développements suivants:
– Si le blocage du passage de Guerguerat continue d’entraîner la suspension des exportations des entreprises marocaines et européennes, les forces d’occupation marocaines pourraient mener une tentative d’occupation de la zone comme cela s’est produit en 2016.
– Voter « oui » au référendum algérien signifie que l’armée algérienne a la base constitutionnelle pour intervenir au-delà des frontières de son pays, y compris le Sahara occidental, et c’est un fait nouveau qui pourrait dissuader le Maroc de se retirer en lançant une nouvelle aventure militaire au Sahara occidental.
– La question de Guerguerat pourrait être la base de toute négociation future au cas où le Maroc accepterait de participer aux négociations sans poser la condition que la partie sahraouie se retire de Guerguerat dans un premier temps en échange d’un retour au plan de règlement onusien.
– Tout retrait de la zone de Guerguerat en échange de fausses promesses du Maroc, revient à répéter le même scénario de siège de la zone de Zag qui s’est terminé par le retrait de Rabat de ses obligations.
– Le Maroc tentera de profiter de ses relations avec l’Espagne pour faire pression sur le POLISARIO, d’autant plus que les hommes d’affaires espagnols sont touchés par le blocage de Guerguerat.
– Au cas où la Mauritanie ne trouverait pas d’alternative pour compenser sa pénurie alimentaire, elle pourrait reconsidérer son traitement de la question de Guerguerat.
– Le puissant lobby marocain en Mauritanie pourrait agir dans le cadre des pressions exercées sur les cercles de décision à Nouakchott pour qu’ils soumettent une protestation officielle contre ce qu’on pourrait appeler «le siège de la Mauritanie et nuire à sa sécurité alimentaire».
– La victoire de Trump aux élections présidentielles américaines pourrait conduire à une accélération des étapes de normalisation entre Rabat et Israël en échange de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis occupés, sans inclure les territoires libérés, ce qui peut impliquer une reconnaissance américaine de la souveraineté sahraouie sur ces zones libérées.
– Quelles que soient les tendances de la politique internationale et régionale, la partie sahraouie devrait s’efforcer d’éviter le retrait de la zone de Guerguerat sous des slogans et des justifications qui ne sont plus convaincants pour les masses populaires, comme ce fut le cas avec la question du redéploiement.
– En cas de pression externe accrue sur la question de Guerguerat, il ne faut pas se retirer sans obtenir des résultats tangibles, notamment:
• La libération des prisonniers politiques sahraouis.
• Obliger la partie marocaine à éviter d’exporter les richesses sahraouies par le passage de Guerguerat.
• Changer la réglementation des transactions douanières à Guerguerat en ajoutant un poste de contrôle sahraoui et en garantissant des revenus au Trésor public, comme le font le Maroc et la Mauritanie.
• Urbanisation des territoires libérés s’étendant des frontières algériennes à la région de Lagouira.
• Exiger de la partie mauritanienne de reconsidérer l’autorité de facto qu’elle impose à la ville de Lagouira.
* Rédacteur en chef de Futuro Sahara)
Source : Futuro Sahara, 3 nov 2020 (traduction non officielle)
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