Le Maroc refuse d’interdire les tests de virginité

Rabat, 14 décembre (EFE) .- Le gouvernement marocain a ignoré l’appel lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’interdire les tests de virginité dans le monde entier, alors qu’ils sont pratiqués au pays à chaque fois qu’il y a un rapport de viol et qu’ils sont également courants avant la célébration de nombreux mariages.

Le 17 octobre, l’OMS, appuyée par ONU-Femmes et ONU-Droits de l’homme, a lancé un appel mondial à l’interdiction du dénommé « test à deux doigts » pratiqué sur une femme pour vérifier si elle conservait l’hymen. la valeur scientifique est nulle (ne peut pas prouver s’il y a eu pénétration ou non) et qu’ils constituent des examens « douloureux, humiliants et traumatisants ».

Interrogé à ce sujet, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustafa Jalfi, a alors répondu, avec une certaine indifférence, que ces tests « ne sont pas obligatoires » dans le pays.

La représentante de l’OMS au Maroc, Maryam Bigdeli, a reconnu à Efe que son agence « n’a pas abordé cette question avec les autorités sanitaires » dans le pays après y avoir passé presque deux mois et s’est cachée derrière le même argument que le gouvernement:  » une pratique qui ne répond à aucune obligation légale « .

Cependant, il s’agit là d’une demi-vérité: l’article 488 du Code pénal dispose que ce que l’on appelle la « défloration » (ou perte de la vierge) constituera une circonstance aggravante dans tous les cas de viol et entraînera une augmentation du nombre des années de prison pour l’agresseur.

Par conséquent, chaque fois qu’une violation est rapportée à une mineure ou à une femme célibataire, la police, le procureur ou le juge ordonne le test d’hymen, généralement à la demande de la famille de la femme, afin d’aggraver la peine du violeur. Dans certains cas, c’est l’agresseur qui prétend prouver qu’il y a eu un faux rapport.

« Nous devrions commencer par demander un amendement au Code pénal et supprimer cet article, mais la vérité est que personne ne l’exige », explique le sociologue Abdiamad Dialmy, l’un des éditeurs d’éducation sexuelle les plus populaires, « et c’est compréhensible: demander aux médecins de cesser de délivrer des certificats de virginité sera considéré comme une promotion du libertinage et des relations sexuelles entre jeunes », a-t-il ajouté.

Pour sa part, Chafik Chraibi, gynécologue connu et défenseur de la légalisation de l’avortement, se déclare totalement opposé à la pratique des tests de virginité, mais reconnaît que la question « n’est pas discutée par la classe médicRabat, 14 décembre (EFE) .ale » du pays.

Un test de virginité, pratiqué par un médecin généraliste ou un gynécologue, peut coûter le prix d’une consultation, entre 100 et 300 dirhams (de 10 à 30 euros).

«C’est un test simple mais violent: le médecin sépare les jambes de la femme et lui écrase le vagin. Il est d’une grande violence lorsque la jeune fille n’a pas d’expérience sexuelle», explique Sumaya Naamane Guessous, membre de l’Association marocaineRabat, 14 décembre (EFE) . de sexologie et auteur de « Au delà de la pudeur », un classique de la sexualité au Maroc.

Guessous n’est pas étonné que la classe médicale ait été immunisée contre les appels de l’OMS: « Imaginez, dans les quartiers populaires de Casablanca, et en été, période des mariages, un médecin peut facilement faire entre 10 et 15 tests de virginité quotidiens « , dit-il.
Rabat, 14 décembre (EFE) .
« Et où est le secret professionnel, la protection de la vie privée? » Poursuit-il, « le test est fait pour communiquer immédiatement avec la famille, en effet, il y a des médecins qui invitent la mère ou la future belle-mère à assister au moment du test de virginité pour prouver qu’il n’y a pas eu de tromperie « .

«Et le pire, conclut-il, est que c’est une affaire de femmes», c’est-à-dire que ce sont les mères qui exigent la virginité de la future belle-fille.

Tous les spécialistes consultés s’accordent à dire que ces tests sont pratiqués principalement dans des environnements modestes, à la campagne ou dans des quartiers urbains pauvres.

Dialmy soutient que la pratique est en régression car dans la société actuelle « l’hymen est le seul capital d’une femme pauvre, mais pas parmi les classes aisées, où d’autres actifs, tels que leurs études ou leur travail, gagnent en valeur ».

Le spécialiste attribue à l’Islam l’obsession de la virginité: « Dans le Coran, la femme idéale est la houria, la vierge qui n’a été touchée par personne: c’est l’idéal féminin ».

Guessous, pour sa part, estime que l’idée de femme pure ne vient pas de la religion, mais de ce qu’il appelle la mentalité arabe patriarcale: « La valeur suprême de l’homme est la virilité, celle de la femme, la virginité. Pour le mariage, l’homme présuppose des expériences sexuelles, mais pas la femme « , conclut-il. EFE

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