Furieuse d’avoir été écartée, pour les prochaines élections législatives, de la 2e circonscription de Paris au profit d’une rivale, Nathalie Kosciusko-Morizet, Rachida Dati ne sait plus à quel saint se vouer. Elle déverse son fiel sur le chef de file de son parti, François Fillon, et prédit, dans Le Parisien d’aujourd’hui, une défaite électorale de son camp dès le premier tour de l’élection présidentielle. Pour les observateurs avertis de la scène politique française, cette disgrâce de l’ancienne ministre et courtisane de Nicolas Sarkozy était somme toute prévisible, après la défaite humiliante de son mentor à la primaire de la droite, en novembre dernier.
Rachida Dati s’est distinguée au cours de son mandat au gouvernement en tant que ministre de la Justice et même au Parlement européen en tant que députée par un activisme à tous crins pour défendre les intérêts du Maroc, qui la plaçait systématiquement à la pointe de toutes les campagnes anti-algériennes qu’elle menait avec un zèle qui en disait long sur ses accointances avec le Makhzen.
Au Parlement européen, cette lobbyiste du palais royal ne ratait pas une occasion pour voler au secours du régime monarchique de Rabat, de plus en plus fragilisé sur le plan diplomatique, essentiellement à cause de l’occupation du Sahara Occidental et du refus de s’inscrire dans le processus de décolonisation exigé par les Nations unies.
Lors de sa dernière intervention en date, elle s’est escrimée, face à des eurodéputés incrédules, à vendre l’image d’un Maroc féérique. «Dans le Maghreb comme dans le Machrek, claironnait-elle, le Maroc se démarque à la fois comme un pays stable, mais aussi comme un partenaire fiable.» Et de ruminer le même discours, à savoir que l’Europe aurait tout intérêt à coopérer avec le Maroc, parce que «le royaume peut être un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, un partenaire efficace, en particulier dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation».
Plus crânée encore, elle a affirmé que «le renforcement de notre coopération avec le royaume chérifien doit être une priorité de notre politique étrangère et de la stratégie européenne». Relayant la propagande du Makhzen, servie en forme de chantage, cette avocate du Makhzen promettait que le Maroc était en mesure de «maîtriser les flux migratoires toujours plus importants vers notre continent». Sur un ton plus moralisateur, elle prévenait que «ne pas comprendre» l’utilité d’une coopération avec le Maroc, «c’est ne pas être à la hauteur des difficultés que nous traversons et commettre une faute historique dont nous serons comptables».
En mars dernier, Rachida Dati a été de nouveau actionnée par Rabat pour parasiter l’autorité judiciaire de l’Union européenne en tentant de remettre en cause sa décision sur l’accord agricole entre le Maroc et l’UE, déclaré nul et non avenu par la Cour de justice de l’union. La lobbyiste du Makhzen avait adressé une question au Conseil de l’Europe au sujet de l’arrêt rendu le jeudi 10 décembre 2015, annulant la décision du conseil sur l’accord entre l’UE et le Maroc, relatif aux mesures de libéralisation réciproque en matière de produits agricoles. La réponse du conseil fut cinglante en disant n’avoir pas pour politique de «répondre à des questions hypothétiques».
Mettant autant de zèle pour diffamer l’Algérie, Rachida Dati est allée plus loin que les anciens ultras de la guerre d’Algérie, en qualifiant un jour les accusations de torture pratiquée par l’armée française en Algérie durant l’occupation de «fantasmes». Son rapprochement avec l’extrême-droite était en fait déjà en marche.
R. Mahmoudi
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