L’Afrique en quête d’une union de «sauvetage»

Les travaux de la 27e Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine se sont achevés, hier à Kigali, dans des circonstances assez particulières.
Cette conférence s’est déroulée dans une conjoncture assez spéciale au moment où le continent africain tente tant bien que mal de résister aux nombreuses contraintes liées à la sécurité, à l’économie et aux conflits diplomatiques. Parmi les dossiers débattus lors de cette rencontre à laquelle a pris part le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le sort de la ville de Juba, au Soudan du Sud. A ce sujet, un appel a été lancé pour déployer une force régionale de protection dans cette région et ouvrir une enquête sur les récentes violences dans cette ville.
Les problèmes liés à la sécurité, notamment en Libye et au Mali, ont été traités dans l’attente de trouver une solution concrète par les instances internationales et les gouvernements de ces pays en conflit. Un événement phare qui a marqué les travaux de cette 27e session, c’est le souhait exprimé par le roi du Maroc, Mohammed VI, de réintégrer l’Union africaine après l’avoir quitté en 1984. Le message du roi marocain marque une nouvelle ère de relations entre les pays africains, notamment ceux en conflits diplomatiques. 
A ce sujet, ce sommet a été marqué par la visite, samedi dernier, en Algérie, du ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Nacer Bourita accompagné du patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation, le contre-espionnage marocain) Yacine El-Mansouri, portant un message au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. 
Cette visite qui est intervenue au lendemain des attentats de Nice et à la veille du sommet de l’UA pourrait être un signe d’une nouvelle ère de relations entre les deux pays qui pourraient coopérer dans la lutte antiterroriste, domaine dans lequel l’Algérie a acquis considérablement de l’expérience. Le conflit du Sahara occidental a été, notamment, évoqué lors de cette conférence à Kigali. 
Effectivement, l’Union africaine a réitéré son soutien indéfectible pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. «L’UA demeure solidaire avec le peuple sahraoui et réaffirme avec force son droit à l’autodétermination», a annoncé la présidente de la Commission de l’UA, Dlamini-Zuma, à l’ouverture du sommet africain. Sur le volet économique, l’Union africaine a exprimé sa volonté de s’affranchir de la dépendance frustrante et compromettante des financements extérieurs. 
Par ailleurs, les chefs des Etats africains ont adopté, en marge du sommet, le principe d’une taxe sur les importations pour financer l’organisation panafricaine et réduire la dépendance vis-à-vis des pays donateurs. 
Cette nouvelle taxe de 0,2% doit s’appliquer à toutes les importations des 54 Etats membres de l’UA, à l’exclusion de certains biens de première nécessité qui restent à déterminer. 
Le budget 2016-2017 de l’UA s’élève à 781 millions de dollars, hors opérations de maintien de la paix. Sur cette somme, les Etats membres ne financent que 212 millions, contre 569 millions de dollars par les donateurs étrangers (Union européenne, Etats-Unis, Chine, Banque mondiale), soit près de 73% du budget.
Election reportée du nouveau président de la Commission de l’UA
L’élection pour la succession de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, qui devait avoir lieu hier à Kigali, a été reportée au prochain sommet de l’Organisation panafricaine en janvier 2017. Ce report a été motivé par le fait de permettre à des personnalités emblématiques de postuler, selon des diplomates qui expliquent que les dirigeants africains ont jugé que les candidats en lice «n’ont pas le profil souhaité pour ce poste». Les trois candidats en lice pour succéder à la sud-africaine Dlamini-Zuma n’ont pas obtenu le nombre de voix nécessaires lors d’une réunion tenue à huis clos en marge du 27e sommet de l’UA.
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