Alger a des cartes que Rabat ne possède pas

Une quinzaine de dirigeants politiques de premier plan, des chefs de partis et de grands militants connus sur la scène libyenne vont se réunir aujourd’hui à Alger pour trouver une solution politique au chaos qui règne actuellement dans ce pays.
Livré aux milices, la Libye est dirigée par deux Parlements et deux gouvernements rivaux, l’un proche de milices islamistes et l’autre reconnu par la communauté internationale. Les deux délégations tenteront à Alger de se mettre d’accord sur la « forme » d’un gouvernement d’union et les modalités d’une cessation des hostilités. La diplomatie algérienne a réussi à convaincre l’ONU d’écarter le Maroc du dossier libyen.
Retournement de situation, à la place de Rabat, c’est finalement Alger qui abritera demain une réunion entre les factions armées libyennes. La semaine dernière, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) annonçait, dans un communiqué, qu’une réunion des représentants de dirigeants et militants politiques libyens se tiendra la semaine prochaine en Algérie. En outre, l’UNSMIL a écarté le royaume marocain de la liste des pays devant accueillir une rencontre de ce genre. L’Algérie a reçu durant les derniers mois « plus de 200 acteurs libyens dans la discrétion la plus totale ».
Une autre réunion se tiendra à Bruxelles et regroupera des représentants de municipalités libyennes dans le cadre du processus du dialogue interlibyen. La mission a également convoqué une troisième réunion qui concernera les chefs de tribus et des responsables de la société civile libyenne. Dans ce contexte, la MANUL a appelé les chefs de groupes armés à un cessez-le-feu et à s’engager, dans le processus de dialogue de « manière constructive ». L’Algérie possède une carte maîtresse que les Marocains n’ont pas.
Il s’agit de l’influence sur les plus radicaux qui contrôlent le Parlement à Tripoli. La semaine dernière, des députés du Parti de la justice et de la concorde ont vivement dénoncé le choix du Maroc pour abriter des négociations de paix. Une carte que Rabat n’a pas. Comme sur le dossier malien, Alger semble avoir réussi à écarter Rabat de toute médiation sur le conflit libyen.
Le roi du Maroc a cru bon de vouloir jouer le médiateur pour régler le très complexe conflit dans ce pays. Il savait pourtant que l’Algérie, directement concernée par l’affaire, était engagée dans une médiation saluée par la communauté internationale.

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