Le gouvernement du Maroc est dans tous ses états. Sa diplomatie est sur le qui-vive. C’est le prochain rapport de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu au Sahara occidental, Christopher Ross, qui pousse les autorités marocaines à multiplier les déclarations médiatiques en vue de faire pression sur ce diplomate américain en espérant ainsi infléchir sa position.
Ce rapport que doit présenter Christopher Ross au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, dans quelques mois, donne déjà moult soucis au gouvernement du Maroc. Mais à chaque fois les officiels marocains ne manquent pas aussi de décocher des fléchettes à l’Algérie.
Le dernier officiel marocain à avoir critiqué l’Algérie est le représentant du Maroc à l’ONU, même s’il a utilisé un ton moins véhément que le le ministre marocain des Affaires étrangères du Royaume et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, qui, lui, fait très peu cas des us et coutumes diplomatiques dès lors qu’il s’agit de l’Algérie.
Le représentant du Maroc à l’ONU, Omar Helal, invite donc l’Algérie à faire preuve de « responsabilité et de réalisme » dans le dossier du Sahara occidental. Par «responsabilité et réalisme» ce diplomate marocain veut certainement dire que l’Algérie doit changer de position dans le dossier sahraoui et abandonner ainsi ses positions de principe à propos de l’autodétermination du peuple sahraoui et ce conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu. Car dans le dossier du Sahara occidental, le Maroc a toujours considéré, à tort il va sans dire, que c’est l’Algérie qui fait obstacle aux visées marocaines.
« L’Algérie utilise tous les moyens financiers et logistiques pour contrecarrer les efforts du Maroc visant à trouver une résolution à la question du Sahara occidental » a déclaré il y a quelques mois le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, poussant l’outrecuidance encore plus loin : il devait ajouter que « notre conflit aujourd’hui n’est pas avec le Polisario, mais avec l’Algérie ». La position constante de l’Algérie dans le conflit opposant le Maroc et le Front Polisario dans l’affaire du Sahara occidental sert d’alibi aux responsables politiques marocains pour dénigrer Alger.
«La position de l’Algérie vis-à-vis de la question sahraouie est saine et juste, il s’agit d’une position partagée avec d’autres peuples à travers le monde» a tout récemment indiqué le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’un entretien accordé à une chaîne de télévision nationale ajoutant que «l’Algérie demeurera attachée à sa position, et sa sérénité et sa conscience tranquille la dispenseront de répondre à chaque fois que des dépassements sont constatés».
Aux abois sur cette question de décolonisation le Maroc n’hésite pas à épingler Christopher Ross. Le gouvernement marocain a mené une grande campagne contre ce diplomate américain chevronné dans l’espoir qu’il soit remplacé par une autre personnalité moins hostile aux thèses marocaines, selon les officiels marocains.
En somme, pour le Maroc, le représentant du secrétaire général de l’ONU devrait être favorable à la solution d’autonomie de ce territoire du Sahara occidental comme defendue par le Roi et son gouvernement. Cette manoeuvre marocaine n’a pas réussi puisque Christopher Cross est toujours en poste.
Le comble c’est que même le secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki- Moon, n’échappe pas lui aussi aux critiques marocaines. En effet, selon Omar Helal pour que les négociations aient une chance d’aboutir « le secrétariat général de l’Onu devrait faire preuve de neutralité ». Décidément le Maroc ne s’embarrasse d’aucune considération et épingle tous ceux qu n’épousent pas ses thèses dans le conflit du Sahara occidental qui l’oppose au Front Polisario.
Par : KAMAL HAMED
LE MIDI LIBRE, 16/08/2014
Visited 1 times, 1 visit(s) today
Soyez le premier à commenter