Peur panique à l'approche de la visite de Ross : Le Maroc veut faire diversion

par Abdelkrim Zerzouri
Décidément, Alger ne pouvait rester insensible et se prémunir de toute la réserve qu’elle s’est promise face aux provocations et aux accusations du Makhzen, histoire de garder son calme et d’éviter surtout de pousser le bouchon plus loin dans cette escalade diplomatique orchestrée par les Marocains. 
Le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra, avait dans ce contexte laissé entendre récemment, lors d’un passage sur une chaîne de télévision privée, que l’Algérie se fera un honneur de ne plus riposter à chaque invective de responsables marocains, qui profitent ces derniers temps de la moindre lucarne pour jeter le discrédit sur les autorités algériennes, mais considérant certainement que les dérives ont atteint un seuil de l’intolérable, on a laissé soin de cette mission de mise au point à un «haut fonctionnaire du MAE». Après avoir qualifié de «minable» la position algérienne sur le dossier sahraoui, provoquant un tollé général en plein mois de Ramadhan, le chef de la diplomatie marocaine, M. Salah Eddine Mezouar, est revenu à la charge avec un cran en plus dans le ton hostile. Il s’est illustré ces derniers jours sur le plateau d’une chaîne de télévision étrangère en tentant encore et toujours de coller à la partie algérienne tous les torts fictifs à l’origine du blocage de la construction de l’UMA, avancer de fausses vérités sur l’épisode d’Amgala pour lequel le ministre marocain accuse l’Algérie d’avoir armé et pris part aux affrontements qui ont opposé, en 1976, les forces marocaines au Front Polisario, faire porter la responsabilité exclusive de l’Algérie dans la fermeture des frontières en 1995, et bien sûr l’éternel reproche d’une perturbation de la solution préconisée par le Maroc dans le traitement du dossier sahraoui. Pour «rafraîchir» la mémoire du ministre marocain des Affaires étrangère, dira le haut fonctionnaire du MAE, et «l’aider à parachever ses classes en diplomatie», ironisera-t-il, il rappellera à la mémoire «la guerre des sables», en 1963, où l’Algérie, qui sortait à peine d’une douloureuse et longue guerre d’indépendance contre le colonisateur français, a dû repousser les assauts expansionnistes de l’armée marocaine, tout en soulignant dans ce sillage que le diplomate marocain «n’a pas été non plus en mesure d’établir une quelconque responsabilité de l’Algérie dans les affrontements entre les forces armées royales et le Front Polisario qui, soit dit au passage, se sont déroulés sur le territoire sahraoui, et le rôle de l’Algérie s’étant limité à fournir aux réfugiés sahraouis nourriture et assistance médicale». Quant au blocage de l’UMA, il indiquera que «c’est le Maroc, et non l’Algérie, qui a pris l’initiative de geler les activités de l’UMA par une lettre adressée, en décembre 1995, par son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Abdelatif Filali, à ses homologues maghrébins». Au sujet de la fermeture des frontières, le haut fonctionnaire du MAE met en lumière toute la responsabilité du Maroc, le premier à engager les hostilités sur ce plan. 
«La question du Sahara Occidental est une question de décolonisation qui relève de la responsabilité des Nations unies. Il est vain de mettre cette question au cœur de la relation bilatérale comme se plaît à le faire Mezouar, car la position algérienne, qui rejoint celle de la communauté internationale, est inflexible». 
«Aurait-il oublié que le Maroc a été le premier à attenter à la dignité de l’Algérie et de ses enfants. Les autorités marocaines avaient accusé l’Algérie d’être derrière l’attentat qui a ciblé, en août 1994, un hôtel à Marrakech alors que l’Algérie faisait face à des actes terroristes d’une extrême sauvagerie. Une véritable chasse aux Algériens avait été organisée au lendemain de cet événement. Elle s’est traduite dans un premier temps par l’instauration de visas pour les Algériens désirant se rendre au Royaume. Des dizaines d’Algériens ont ainsi été chassés de leurs hôtels et expulsés manu militari sans ménagement, tandis que des centaines ont affirmé avoir subi des brutalités de la part des services de police marocains», indiquera à ce propos le haut fonctionnaire du MAE. Non sans rappeler dans ce sens «qu’au moment où l’Algérie entamait un processus de normalisation de ses relations avec le Maroc, en décidant de dépêcher en 2005 une délégation conduite par l’ancien chef du Gouvernement algérien, M. Ahmed Ouyahia, accompagné d’une délégation comprenant plusieurs ministres, le ministère marocain des Affaires étrangères a rendu public, la veille, un communiqué dans lequel il a fait comprendre clairement que le chef du Gouvernement algérien n’était pas le bienvenu au Maroc». Qui cherche alors le pourrissement des relations bilatérales ? S’agissant de la situation qui prévaut au niveau des frontières et qu’on trouve «étrange», selon une expression de Sa Majesté le roi du Maroc, le responsable du MAE remet sur tapis les conditions de l’ouverture des frontières. A ce propos, il dira que «les responsables marocains ne doivent pas, inutilement, simuler l’amnésie car les choses sont on ne peut plus claires : arrêt de la campagne de dénigrement contre l’Algérie, coopération efficiente et de bonne foi pour stopper les flux massifs de drogues et se résoudre, une fois pour toutes, à accepter que l’Algérie ne reniera pas sa position de principe qu’elle n’a eu de cesse de proclamer depuis le début, à savoir que la question du Sahara Occidental est une question de décolonisation qui relève de la responsabilité des Nations unies. Il est vain de mettre cette question au cœur de la relation bilatérale comme se plaît à le faire Mezouar, car la position algérienne, qui rejoint celle de la communauté internationale, est inflexible». Enfin, le haut fonctionnaire du MAE explique cette peur panique du Maroc par «l’approche d’un rendez-vous crucial, en octobre prochain et en avril 2015, où l’envoyé personnel du Secrétaire Général de l’Onu, M. Christopher Ross, devra faire rapport au Conseil de sécurité sur la question du Sahara Occidental dans le cadre de l’évaluation de tout le processus politique avec, à la clé, la possible redéfinition des paramètres devant guider la recherche d’une solution à la question du Sahara Occidental qui soit en conformité avec la légalité internationale et qui reléguerait aux oubliettes la thèse unilatérale et déséquilibrée de l’autonomie sur laquelle le Maroc a tant investi». Faut-il donc s’attendre et se préparer à d’autres attaques du Makhzen dans les mois à venir ?

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