Les Marocains poursuivent inlassablement leur guerre médiatique contre lAlgérie, dans laquelle tous les coups fourrés sont permis pour porter atteinte à limage et à la stabilité de son voisin. Ainsi, après avoir essayé de sapproprier une figure emblématique de la Révolution algérienne, en loccurrence le président Mohamed Boudiaf, en le présentant comme «le plus marocain des présidents algériens», la presse à la solde du Makhzen marocain tente une nouvelle OPA, en donnant la parole au symbole de lex-FIS, Ali Benhadj, à un moment où la polémique sur limplication des anciens responsables du parti dissous dans le débat politique bat son plein.
Cest ce qui ressort de linterview, en deux parties, qua réalisée avec lui le journal en ligne Hespress, dans sa version arabe. Toutes les questions que lui a posées le journaliste, qui a tenu à ce quil soit photographié aux côtés dAli Benhadj chez lui, à Alger, sont destinées à raviver les sentiments de rancSur de son hôte et à mettre en relief labsence de volonté en Algérie pour instaurer un dialogue politique sérieux.
Ce nest pas la première fois que les Marocains volent au secours de la mouvance extrémiste en Algérie. Rabat avait, en effet, accueilli le fondateur du GIA, Abdelhak Layada, en 1993, et avait essayé de sen servir comme carte de chantage dans le dossier du Sahara Occidental. Les autorités marocaines ne lont livré aux services de sécurité algériens quaprès quAlger eut menacé de le récupérer par ses propres moyens sur le sol marocain. Conscients de la gravité de leur geste et des lourdes conséquences que cela allait avoir sur les relations entre les deux pays, le roi Hassan II finit par céder à la pression des autorités algériennes.
Dans linterview accordée par lex-numéro deux du parti dissous au média marocain, Ali Benhadj sest adonné à ses exercices rhétoriques habituels, en essayant de faire accroire à son «invité» que son parti existait toujours, avec une direction «homogène» et des positions «unies». Il explique quaucun dialogue nest possible avec le pouvoir en dehors dune conférence nationale qui regrouperait tous les acteurs de la scène politique «sans exclusive». Il argue du fait que lAlgérie propose sa médiation pour résoudre le conflit malien, en invitant les factions armées de lAzawad à Alger.
Par ailleurs, Benhadj se demande pourquoi le pouvoir na pas invité Abassi Madani, «en tant que personnalité nationale», au dialogue avec Ahmed Ouyahia, dans le cadre des discussions sur la révision de la Constitution, du moment que d«autres personnalités du FIS y ont été conviées en cette qualité». Interrogé sur les responsabilités de son parti dans «la décennie noire», Benhadj rejette, comme à son habitude, toute implication dans les violences qui ont fait des dizaines de milliers de victimes et prétend que tout a commencé après linterruption du processus électoral, en janvier 1992.
En réponse à une question sur le rôle de larmée dans la vie politique en Algérie, lex-prédicateur de la mosquée de la Sunna retrouve sa véritable nature, en disant que «tout le commandement de larmée algérienne est impliqué dans la spoliation de la volonté populaire» et que «tous ses dirigeants sont passibles de peine de prison pour avoir bafoué la Constitution». Fin dentretien. Le journal marocain a eu toutes les réponses quil voulait.
R. Mahmoudi
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