Le roi Mohamed VI, qui a fait main basse sur toutes les richesses de son royaume ainsi que celles des territoires sahraouis occupés, se trouve aujourd’hui au pied du mur. Beaucoup d’analystes lui prédisent en effet, une fin tragique s’il ne change pas de cap tant qu’il en a encore l’occasion. Une crise imminente aux conséquences potentiellement mondiales approche, et elle concerne le Maroc et le commerce du phosphate. Le pays détient 75% des réserves connues de phosphate, «le quasi monopole le plus impressionnant de l’histoire humaine», selon Jeremy Grantham, cofondateur du fonds d’investissement américain Grantham Mayo van Otterloo, interrogé par la BBC.
Premier problème selon la BBC : les réserves sont énormes, le manque ne se fera pas sentir avant des décennies, voire des siècles. Le phosphate est donc une ressource dévaluée et exploitée sans aucune limite pour l’environnement –même si son prix a connu une forte hausse ces dernières années, avant d’entamer une baisse en 2013. Or, l’apport excessif en phosphate de l’agriculture qui n’est pas absorbé par les plantes se déverse dans les rivières, contribuant au phénomène d’eutrophisation des milieux aquatiques (excès de matières organiques dans les eaux causé par la croissance puis la dégradation de quantités excessives d’algues). Le milieu aquatique, à la longue, devient hostile à toute forme de vie autre qu’anaérobique.
Autre question brûlante : les ressources marocaines sont, comme l’explique le Global Post, situées pour une part au Sahara occidental, territoire revendiqué par le Maroc qui l’occupe depuis 1975 et par le Front Polisario. Si le Maroc est accusé d’exploiter les ressources du territoire qu’il occupe illégalement au regard du droit international au détriment des populations locales, les multinationales qui achètent sa production sont jugées complices, à commencer par PotashCorp, la plus grande entreprise d’engrais au monde, comme l’explique une longue enquête du Christian Science Monitor. Le gouvernement marocain se défend en affirmant que les mines situées sur le territoire du Sahara occitendal profitent aux populations locales, mettant en avant les embauches sur place et les financements de services publics, avec notamment la première université du territoire…
Les représentants sahraouis, eux, expliquent que ces derniers sont discriminés dans l’attribution des emplois dans les mines ou les ports au profit des Marocains qui viennent s’installer sur place grâce aux incitations financières du gouvernement. Une politique ségrégationniste existe dans les territoires occupés. Calquée en grande partie sur les actions menées par la soldatesque sioniste dans les territoires palestiniens, elle va bien au-delà des tortures, des tribunaux spéciaux, des viols, et des détentions arbitraires. La déportation attend les
familles de tous les militants de la cause sahraouie, dont les maisons sont systématiquement détruites alors que les terrains sont attribués à des sujets marocains alléchés par les nombreuses facilités qui leur sont offertes par le makhzen.
Mais ce ne sont pas tant les questions morales qui inquiètent le reste du monde que les enjeux stratégiques de la région: le proche Mali devenant le terrain de jeu des terroristes d’Al-Qaïda, certains experts pensent que le Maroc –et donc l’approvisionnement en phosphate– pourrait être à son tour touché par des troubles internes. Ces troubles sont également renforcés par la présence de cellules terroristes et islamistes locales au
moment où le roi Mohamed VI, qui a mis à sac son royaume via un nombre effrayant de sociétés-écrans, a refusé de tirer les leçons requises par les printemps arabes, en procédant à de fausses réformes, gardant les pleins pouvoirs (quasi-divins) entre ses seules mains ainsi que celles de ses rares conseillers. De surcroît, toute une génération de Sahraouis qui a grandi dans les camps de réfugiés —majoritairement en Algérie— a été totalement absente des révolutions arabes, et cette jeunesse envisage de plus en plus de se battre contre le Maroc, explique le Global Post.
Le souverain chérifien se trouve donc au pied du mur. Ayant raté toutes les occasions de trouver une sortie honorable, il risque fort de faire face à de violentes jacqueries internes alors que les Sahraouis, qui ont maintes fois brandi la menace, peuvent reprendre la lutte armée face au silence complice de la communauté internationale du pillage de leurs ressources naturelles (halieutiques en sus du phosphate) et de tous les dénis de droit dont ils sont les victimes au quotidien…
Kamel Zaïdi
Le Courrier d’Algérie, 06/01/2014
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