Le Black-out médiatique au Maroc

La santé du Roi demeure toujours un sujet interdit au Maroc et ses actuels problèmes de santé font l’objet d’un black-out royal.
Les Marocains se posent naturellement des questions quant à la santé de leur roi. Sans que cette appréhension ne soit visible, ni lisible, dans les colonnes de la presse du pays, alors que le sujet est assez commenté un peu partout à travers le monde. Comment donc un problème aussi sensible est devenu si présent dans divers médias au moment même où il est frappé d’interdit dans les médias marocains ? L’exception confirme la règle, et elle est signé par Ali Anouzla, directeur de publication d’un site web d’opinions « Lakome». Dans un éditorial, signé la semaine passée, l’auteur a évoqué « les problèmes politiques et constitutionnels liés à l’absentéisme royal». L’éditorialiste a mis en évidence les voyages et séjours répétés du roi à l’étranger. L’article d’Ali Anouzla n’a pas été démenti par les autorités marocaines. Ces dernières se contentaient d’attaquer aussi bien l’auteur que l’article. Un job dans lequel a été engagé le site arabophone Kawaliss El Yaoum (les coulisses d’aujourd’hui). Estimant que l’article d’Anouzla est synonyme de « pécher en eau trouble », Kawaliss soutient que « tous les Marocains savent que l’institution monarchique est présente sur la scène politique nationale et accomplit ses missions quel que soit le lieu où se trouve le roi».
A l’exception d’Anouzla, qui n’est pas à sa première singularité, la presse marocaine a préféré ne rien dire sur l’absence prolongée de Mohamed VI. Car en 2009, alors directeur du quotidien «Al Jarida Al Oula», Ali Anouzla a été condamné déjà à une année de prison suite à un article sur la santé du Roi Mohamed VI qui a accédé au pouvoir en juillet 1999. Son journal n’a pas pu résister plus d’une année avant d’abandonner l’aventure médiatique. Un média marocain estime cependant que le journaliste ne risque rien dans le sens ou « la nouvelle Constitution a plaidé pour la liberté d’expression».
En tout état de cause, la presse marocaine qui donna, à travers certains cas, des signes de liberté, vient de prouver qu’elle est soumise à des lignes rouges qu’elle ne peut pas franchir. La santé du roi Mohamed VI est une de ces lignes colorées au rouge. Mais la témérité professionnelle d’Ali Anouzla n’y peut rien devant le black-out quasi royal imposé autour du sujet.

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