Droits de l'homme en Chine et au Sahara Occidental : Une hypocrisie à la française

Manifestations à El Aaiun, Smara et Bojador pour célébrer la résolution
2099 du Conseil de Sécurité insistant sur la protection des
droits de l’homme au Sahara Occidental
Seulement voilà, quand il s’agit de la question du Sahara occidental, les autorités françaises n’ont pas la même attitude. Pas le moindre mot, pas la moindre allusion sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, lors de la visite de François Hollande, il y a deux semaines, au Maroc. Il ne fallait pas froisser Sa Majesté le roi.


On dénonce en Chine et on se tait au Maroc, il ne fallait pas froisser Sa Majesté le roi.
Pour illustrer la citation «deux poids, deux mesures», il n’y a pas mieux que la position des autorités françaises sur la question des droits de l’homme. La pesée diffère que l’on soit en Chine ou au Maroc.
En visite en Chine, jeudi dernier, le président français, François Hollande a abordé les questions du Tibet et les droits de l’homme «de manière franche et respectueuse» avec son homologue, Xi Jinping. «Nous avons abordé tous les sujets de manière franche et respectueuse», a indiqué M. Hollande dans sa conférence de presse durant laquelle il a, en effet, abordé la question du Tibet et des droits de l’homme. Le président français a même évoqué une liste de l’Union européenne sur les dissidents chinois sur laquelle figure, entre autres, le prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo. Cette position venant d’un pays des droits de l’homme vaut son pesant d’or. Avant cette visite, Paris était sérieusement embarrassée par la situation des droits humains en Chine. D’ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a accompagné le président Hollande dans son voyage en Chine, a eu de la peine à dissimuler cet embarras avant le voyage. Le chef de la diplomatie répondait à l’Assemblée nationale à la question d’un député sur le non-respect par Pékin de l’autonomie du Tibet sur les immolations de moines tibétains et sur l’emprisonnement du prix Nobel de la paix, Liu Xiaobo.
«A chaque fois qu’il nous est donné de parler avec les autorités chinoises, nous abordons ces questions. Je l’ai fait moi-même, il y a quelques jours en étant reçu par les plus hautes autorités chinoises, (…) non pas avec à l’esprit telle ou telle provocation, mais dans le souci de l’efficacité», a dit le ministre. Et d’ajouter: «Il en est de même s’agissant du prix Nobel et de son épouse.» 
Seulement voilà, quand il s’agit de la question du Sahara occidental, les autorités françaises n’ont pas la même attitude. Pas le moindre mot, pas la moindre allusion sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, lors de la visite de François Hollande, il y a deux semaines, au Maroc. Il ne fallait pas froisser Sa Majesté le roi. «Le plan présenté en 2007 par le Maroc, qui prévoit un statut d’une large autonomie pour la population du Sahara occidental est une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée», a déclaré le président français devant le Parlement marocain à la grande déception des organisations de la défense des droits de l’homme. Plus encore, la France a pesé de tout son poids pour faire reculer Washington sur la question du respect des droits de l’homme au Sahara occidental. 
Il y a quelques jours, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, a présenté un projet de résolution qui prévoyait d’étendre le mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l’homme. Et c’est la levée de boucliers. Oubliant son statut de berceau des droits de l’homme, la France s’arrange du côté marocain et fait reculer les Américains qui ont fini par renoncer à défendre la mise en place d’un mécanisme de surveillance et de compte rendu des violations régulièrement signalées par les ONG ou les civils sahraouis. 
On dénonce en Chine, et on se tait au Maroc quitte à fouler aux pieds le principe immuable de la défense des droits de l’homme. Une hypocrisie bien à la française.
Brahim TAKHEROUBT – 
L’Expression, 27 Avril 2013

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