Vers une crise politique sans précédent au Maroc

La décision des USA de présenter un projet de résolution sur la supervision des droits de l’homme au Sahara occidental par la MINURSO, a poussé le Palais royal au Maroc à fouler aux pieds la Constitution du pays, relèvent des politologues et certains médias dans la capitale marocaine. Selon eux, le roi Mohamed VI, «incapable, en raison de son incompétence, de tenir une réunion avec ses subordonnés, n’a pas hésité à humilier son Premier ministre en le rendant un simple serviteur aux ordres» de ses conseillers de deuxième catégorie, lors de la réunion d’urgence tenue au Palais royal pour informer les partis des derniers développements de la question du Sahara occidental. 
D’après le site électronique marocain Lakome, les milieux démocratiques au Maroc ont qualifié cette réunion d’«insulte » soulignant qu’il était plus décent que cette réunion soit présidée par le roi en tant que «chef d’État». Seulement celui-ci est connu pour son « inaptitude » dans l’exercice de sa fonction de plus haut responsable dans le pays. Raison pour laquelle, il brille par son absence dans les grands rendez-vous nationaux et internationaux, préférant son bon plaisir et se reposant sur des conseillers dont certains occultes ne sont pas marocains. 
La crise soulevée par ce qui s’apparente à un lâchage du Maroc par les États –Unis, en dépit des millions de dollars de lobbying et de la «diplomatie pastilla», certains politologues relèvent qu’avant le décès de Hassan II, nombreux étaient les commentaires récurrents sur l’opportunité de nommer Moulay Rachid héritier de la couronne à la place de son grand frère. En raison de l’incompétence du prince Mohamed, au Maroc et en dehors du Maroc, beaucoup pensaient que le poste d’héritier reviendrait au très sage Moulay Rachid, à l’époque candidat du tout-puissant Driss Basri. 
Pour combler ce défaut, le makhzen a mené une campagne de propagande immense pour qu’il soit considéré comme le «Roi des pauvres». Le nouveau titre a fait fureur au Maroc et à une certaine presse française et notamment l’inénarrable Charles Saint-Prot, laudateur de la monarchie chérifienne, qui le lui rend bien. La raison pour laquelle Mohamed VI dont l’image a été travaillée par une célèbre agence de communication ayant pignon sur rue à Paris et qui conseille, souvent pour leur malheur, des hommes politiques français, a adopté le titre de « Roi des pauvres » est évidente : faire disparaître les commentaires sur son manque d’aptitude pour hériter du trône. Et l’astuce a marché. Le simple citoyen marocain n’a plus parlé des flagrantes carences pour régner dans un pays ancré dans les années médiévales. Le Maroc, faut-il le rappeler, est la seule monarchie dans le monde où l’on voit encore les sujets se prosterner et baiser la main de leur souverain. 
Les graves maladresses politiques du souverain marocain et ses volte-face se sont accumulées l’une derrière l’autre. Qui se souvient de la rogne enfantine de Mohamed VI lorsqu’il a décidé d’expulser Aminatou Haidar ? Il a fini par céder après la courageuse résistance de la pasionaria sahraouie et de la protestation internationale qui s’en est suivie. L’héroïne sahraouie a fini par rentrer à El Ayoun et son combat a été pour beaucoup dans les prises de position de la Fondation Kerry Kennedy. Sans parler de la décision lamentable de retirer la confiance à l’ambassadeur Christopher Ross. Et celle d’annuler les exercices militaires conjoints avec l’armée américaine comme si une puissance comme les USA pouvait tolérer un pareil chantage? 
Face à l’échec annoncé de la diplomatie marocaine qui aura des répercussions certaines sur l’évolution de la situation au Sahara occidental, le Maroc en désespoir de cause se tourne vers la France qui tente avec l’appui du ministre espagnol des A E acquis aux thèses marocaines, et tente d’infléchir la position des autres membres du groupe des Amis du Sahara occidental, qui se compose de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Russie et de l’Espagne.« Ce qui est clair, c’est que l’initiative des États-Unis finira par s’imposer sur le terrain, quelle que soit la forme que prendra la surveillance impérative des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. Il faut peut-être rappeler au Maroc que c’est l’ancien ministre marocain des Affaires étrangères, Fassi Fihri, qui avait fait part de ‘‘l’extrême déception et de la forte interrogation du royaume du Maroc face au retrait, par le Polisario, de l’examen de la question des droits de l’Homme qu’il a, lui-même, introduite lors du dernier round des négociations, en janvier 2011 à Manhasset’’. Ceci a été rapporté par l’agence de presse officielle marocaine MAP, dans une dépêche datée du 9 mars 2011, et à moins de reconnaître un manque flagrant de cohérence politique, on ne peut que s’étonner de cette volte-face, qui fait qu’on récuse aujourd’hui ce que l’on s’est targué de revendiquer hier. C’est dire le cafouillage qui existe à Rabat entre un souverain qui gouverne de plus en plus par procuration, et le makhzen soucieux de la perpétuation de ses seuls intérêts. Une situation d’autant plus inquiétante que le cousin du roi le prince Moulay Hicham, dans un article retentissant, annonce pour 2018 un « Autre Maroc » et l’avènement d’une monarchie parlementaire.
Mokhtar Bendib

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