Quand la synthèse devient exercice hypocrite

Le plus grave s’agissant de l’affaire sahraouie est que Hollande pratique le double langage dans la définition de la position française. A Alger en ne faisant pas référence dans son discours devant le Parlement algérien au «plan de large autonomie» pour le Sahara Occidental préconisé par le souverain marocain et en se déclarant appuyer celui de l’ONU, il a donné l’impression à certains qu’il se désengageait de la politique de soutien sans faille aux thèses marocaines suivie par ses prédécesseurs.
Les indépendantistes sahraouis ont eu la faiblesse de croire que les marques de sympathie que des parlementaires et élus du Parti socialiste français prodiguent à leur cause nationale deviendraient position officielle de l’Etat français en cas d’accession d’un socialiste à la présidence de la République. Pourtant François Hollande, candidat du PS, est bel et bien devenu chef de l’Etat français et les socialistes sont avec lui aux commandes de la France, sans que l’espoir qu’ont nourri les Sahraouis se réalise. Dans l’affaire sahraouie comme dans toutes celles pour lesquelles les socialistes ont promis qu’ils apporteront du changement, François Hollande a opté pour la continuité en mettant pour chacune d’elles ses pas sur ceux de son prédécesseur de droite. 
Le plus grave s’agissant de l’affaire sahraouie est que Hollande pratique le double langage dans la définition de la position française. A Alger en ne faisant pas référence dans son discours devant le Parlement algérien au «plan de large autonomie» pour le Sahara Occidental préconisé par le souverain marocain et en se déclarant appuyer celui de l’ONU, il a donné l’impression à certains qu’il se désengageait de la politique de soutien sans faille aux thèses marocaines suivie par ses prédécesseurs. L’omission n’a été que «tact diplomatique» dont à Rabat il s’est empressé d’effacer l’impression de lâchage du Maroc qui s’est imposée à ceux qui en ont fait une lecture superficielle et hâtive. 
Devant le Parlement marocain, François Hollande s’est vu habile en déclarant soutenir à la fois la démarche onusienne et le «plan de large autonomie» du roi. Mais en stipulant que ce dernier «est une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée», il a en fait tacitement réitéré le soutien sans faille de la France au Maroc pour la question sahraouie. 
L’homme de «la synthèse» ainsi que le perçoivent ses amis socialistes ne peut prétendre avoir réussi celle-ci en prodiguant son soutien à deux plans dont les finalités sont aux antipodes. Il a fait un grand écart qui met à nu la duplicité dont la diplomatie française fait montre dans l’interprétation des résolutions onusiennes. Ne pouvant ignorer abruptement celles-ci parce que fondées sur le principe universellement reconnu du droit des peuples à l’autodétermination, la France en fait une lecture par laquelle elle se permet d’affirmer qu’elle ne ferme pas la porte à la solution de «large autonomie» préconisée par le monarque marocain. Les députés marocains ne se sont pas trompés sur le côté vers lequel penchent les sympathies de leur hôte français et l’ovation qu’ils lui ont faite se justifie amplement. 
Les Sahraouis n’ont rien à attendre de François Hollande, comme les Palestiniens de la part de Barack Obama. La France a choisi de faire du Maroc son allié stratégique primordial au Maghreb et dans la région méditerranéenne. L’Amérique en investissant de ce rôle Israël pour le Proche et Moyen-Orient. Que pèsent pour eux alors à cette aune les valeurs et les principes qu’ils prétendent défendre à travers le monde et dont «ingénument» Palestiniens et Sahraouis leur en réclament la défense s’agissant de leurs causes nationales respectives. 
par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran, 7 avril 2013

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