Le voyage éclair du Ministre des Affaires Etrangères marocain à Nouakchott et la participation d’une délégation du Parti Istiqlal au Congrès du parti au pouvoir en Mauritanie ont donné, certes, une occasion à la presse marocaine d’afficher des grands titres : « Chabat en Mauritanie ou le génie de la conciliation », écrit Le Soir Echos, « Maroc-Mauritanie : Rabat veut tourner la page de deux années de tension », remarque Yabiladi. Et comme il n’y a pas de fumée sans feu, si l’on parle de conciliation et de tournure de page, c’est qu’il y a des vrais problèmes entre les deux pays.
Les raisons des tensions entre les deux pays restent un énigme, mais il y a des indices décisifs qu’il y a lieu de soulever pour se faire une idée de ce qui dérange le président Mohamed Ould Abdelaziz au Maroc.
Un détail dont les dimensions ne peuvent échapper aux observateurs et politiciens mauritaniens a été révélée par le site français l’Express dans un article publié le 10 mars 2013 : Une interview avec l’ennemi juré du président Ould Abdelaziz, le mauritanien Moustapha Limam Ould Chavi « conseiller spécial » du président burkinabé et négociateur lors de prises d’otages, dans laquelle il dévoile l’installation de sa famille au Maroc pour des raisons de sécurité.
Alors qu’il est l’objet d’un mandat d’arrêt de l’Interpol délivré par les autorités mauritaniennes, Ould Chavi peut séjourner en toute tranquillité dans le royaume du Maroc.
Et c’est au Maroc aussi que s’est réfugié, depuis plus de deux ans, un homme d’affaires dont l’histoire remplit tous les supports de la presse mauritanienne, Ould Bouamatou, dont les sociétés sont dans le collimateur des Impôts et de la Banque centrale de Mauritanie.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. D’après l’hebdomadaire mauritanien Le Calame, se basant sur une information rapportée par le journal marocain « Marrakech El An » citant des sources dites très fiables, Ould Bouamatou aurait reçu dans sa villa de Marrakech l’ancien Président mauritanien Ely Ould Mohamed Vall, membre actif d’un regroupement visant à détrôner Mohamed Ould Abdelaziz. A croire que le Maroc est devenu le nid des conspirateurs contre le président mauritanien.
D’autre part, le Maroc n’a jamais apprécié la position de neutralité de la Mauritanie par rapport au conflit du Sahara Occidental. En particulier, sachant que l’ONU n’est pas indifférente à l’avis des autorités mauritaniennes sur ce conflit. En témoigne la présence mauritanienne en tant que pays observateur dans toutes les négociations sur le Sahara Occidental sous les auspices de l’Envoyé Spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental.
Plus grave encore, toute amélioration des relations entre la Mauritanie et l’Algérie est perçue comme un geste d’ennemitié envers le Maroc. Depuis plus de 37 ans, le Maroc conditionne sa diplomatie et l’a rendue otage du conflit qui l’oppose aux sahraouis. Surtour lorsqu’un pays comme la Mauritanie refuse de retirer sa reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique, proclamée par le Front Polisario sur les territoires libérés du Sahara Occidental
Donc, parler de normalisation des relations entre le Maroc et la Mauritanie n’est que de la poudre aux yeux. La preuve? Le roi Mohamed VI se rendra au Sénégal vendredi 15 mars. Un passage par le pays voisin aurait réellement contribué à faire croire que les nuages qui couvrent les relations entre les deux pays sont en train de se dissiper.
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