Document confidentiel : La stratégie mauritanienne contre Al Qaïda

Un document confidentiel révèle le plan antiterrorisme : La stratégie mauritanienne contre Al Qaïda
Le 14 décembre 2008, la Mauritanie avait été secouée par une embuscade meurtrière ciblant une patrouille de l’armée mauritanienne, bilan : 12 soldats tués par les terroristes d’Al Qaïda. Cet attentat terroriste a été la mèche qui a mis le feu en Mauritanie, laquelle elle s’est engagée dans une longue lutte contre le phénomène du terrorisme. Une lutte qui s’est traduite par la mise en place d’une stratégie qui va concerner tous les aspects confondus. Une lutte économique, sociale, idéologique et politique, voilà ce que les autorités mauritaniennes entendent de répondre face aux menaces d’Al Qaïda. Aujourd’hui, le journal Les Débats publie un important document sur la stratégie mauritanienne contre le terrorisme.
La société mauritanienne a été, depuis longtemps, connue pour être une société d’islam sunnite malikite, connue pour être une société de tolérance et de pardon. Elle était, d’ailleurs, connue dans le monde musulman et dans le continent africain de son islam saint et loin d’avoir les idées extrémistes, basées sur le fondamentalisme et la violence. Toutefois, l’apparition de la mondialisation a fini par affectée la société Mauritanienne qui a été confrontée à de nouvelles cultures et idéologies internationales. Ainsi, de nouvelles «traductions» de l’islam ont fait surface, étrangères au Mauritanie et c’est ce qui a résulté, en outre, l’apparition de phénomène du terrorisme dans ce pays voisin. «Guerre» froide contre le terrorisme, la violence et la criminalité. Pour contrer ce danger, venant d’ailleurs, les autorités mauritaniennes ont commencé à étudier ce phénomène et de préparer un avenir inquiétant. En 2008, une stratégie de lutte contre le terrorisme a été élaborée par la Mauritanie. Avant de lutter par la voie de la force, contre les groupes terroristes radicaux, la Mauritanie à songer de mener un «combat» au développement économique des zones les plus éloignées du pays. Puis, de mener une lutte de proximité qui vise à faire convaincre la population plantée dans les zones lointaines, telles les nomades et les plus pauvres des répercussions graves de l’idéologie des terroristes. Un travail qui nécessite beaucoup de moyens, de finance, de volonté et de sacrifice, mais dans cet aspect, les autorités mauritaniennes semblent déterminées d’aller jusqu’au bout avec l’aide précieuse de l’Algérie (dans le cadre de l’Unté de fusion et de liaison).
50 itinéraires des terroristes identifiés par l’armée mauritanienne
Sur le plan sécuritaire, la Mauritanie tient à sa flotte armée pour assurer une meilleure lutte, toutefois, elle a fait appel à ses voisins, tels que l’Algérie, à qui, elle a boosté une forte coopération sécuritaire depuis trois ans déjà. Cela dit, des patrouilles mixtes algéro-mauritaniennes ont été créées par les deux parties afin de mieux protéger les frontières. La Mauritanie fait partie, aujourd’hui,du Cémoc (Etats-majors des pays du champ), de l’Unité fusion alliance (UFL), services des renseignements regroupant 8 pays. Ces coopérations avec plusieurs pays de la région et du continent ont permis à la Mauritanie de bâtir une dure sphère contre le terrorisme. Ajouter à cela, la Mauritanie à créer de nouvelles unités de la police, de la gendarmerie et des gardes-frontières, cela pour contrer les terroristes et le crime organisé (trafic de drogue et d’armes). Grâce à ces unités, au moins 10 cellules de terrorisme ont été démantelées en cinq ans, cela sans oublier l’avortement de plusieurs tentatives d’actions terroristes qui ciblaient la Mauritanie. Parmi ces cellules démantelées figue celle de Ansar El islam, El Mourabitoune Fi Bilad Chankit, dirigé par un certain El Khedim Ould Selmane. Mieux, 50 itinéraires qui, d’habitude, les terroristes salafistes et les trafiquants de drogue et d’armes les emprunter souvent, ont été localisés, identifiés et aujourd’hui sous contrôles des services de sécurité mauritaniens. Ces itinéraires empruntés par les terroristes sont situés dans le désert mauritanien, depuis Anbikt Lahouach, à l’est du pays jusqu’à Aïn Bentili à l’extrême nord.
Le rôle des savants et oulémas religieux renforcé
La lutte contre les terroristes ainsi que leurs idéologies dévastatrices a poussé les autorités mauritaniennes de mener une lutte idéologique de proximité qui entre dans le cadre d’une stratégie à long terme. Pour cette raison, les savants religieux et les imams ont été conviés, par les responsables mauritaniens, à participer à la lutte contre les radicaux, en menant des opérations de sensibilisation au sein de la population mauritanienne, surtout la catégorie jeune. Les associations mauritaniennes ont été à leur tour appelées à la lutte contre le terrorisme en menant des conférences sur la question. Tenter de faire éloigner les jeunes des idéologies des terroristes, tenter de créer du travail pour les Mauritaniens, faire développer l’économie mauritanienne, encadrer les mosquées et écouter la population, telles sont les solutions idéales de la lutte contre le terrorisme.
1994, la Mauritanie découvre le terrorisme islamiste
En 1994, une première cellule de terrorisme avait été née en Mauritanie, le Mouvement islamique mauritanien (MIM). Composée de vétérans mauritaniens ayant combattu en Afghanistan, toutefois, la cellule terroriste avait été anéantie. Quelques dizaines d’années après, en 2003, le terrorisme est de retour en Mauritanie. Cette fois, c’est le Mouvement islamique de prédication et de combat (MIPC) qui a été créé par des djihadistes mauritaniens qui ont combattu en Irak. Leur leadership n’est autre que le chef terroriste notoire, Mokhtar Belmokhtar (l’émir du désert) qui a eu l’idée de créer une cellule terroriste mauritanienne visant les intérêts mauritaniens et, le plus important de réaliser leur «rêve» : la création d’un Etat islamique en Mauritanie. Les terroristes, qui font partie de cette cellule, ont été hautement entraînés, dans les fiefs de l’émirat du désert (nord Mali), à des techniques de combats militaires et ce, dans le but de partir au djihad en Irak. Toutefois, les terroristes mauritaniens ont été informés par Mokhtar Belmokhtar que leur départ vers l’Irak est quasiment impossible, car il est trop dangereux pour eux de risquer leur vie en prenant les chemins vers l’Irak, d’autant que les pays frontaliers de l’Irak sont hautement sécurisés. Face à cette situation, quelques terroristes mauritaniens avaient décidé de livrer des attaques terroristes ciblant les intérêts mauritaniens. D’ailleurs, Mokhtar Belmokhtar avait pu gagner la confiance des djihadistes mauritaniens et de les convaincre du moment où, la Mauritanie avait des relations diplomatiques avec Israël.

15 attentats exécutés par les terroristes contre la Mauritanie
Depuis que les terroristes mauritaniens avaient pris la décision de rejoindre les rangs d’Al Qaïda au Maghreb Islamique, ces derniers ont été enrôlés dans une phalange propre aux djihadistes mauritaniens. Depuis l’année 2005 et jusqu’à 2011, ces terroristes ont exécuté 15 attaques contre la Mauritanie, dont des enlèvements des touristes, assassinats d’Occidentaux et soldats mauritaniens. Le 4 juin 2005, la Mauritanie découvre la première action terroriste. Il s’agit de l’affaire «Lamghiti», où 15 soldats mauritaniens furent assassinés dans une attaque terroriste, signée MIPC. Une attaque qui va réveiller tous les Mauritaniens. Le terrorisme est là, sur le sol mauritanien. Deux ans après cette attaque, les terroristes du MPIC avaient renoué avec leurs attaques. Le 23 octobre 2007, un hold-up avait eu lieu au port Nouakchott, lorsque plusieurs terroristes avaient ciblé un convoi bourré de 54 millions d’oukias (140.000 euros). Le 24 décembre 2007, soit quelques mois après l’attaque du port, les fous de Dieu avaient monté leurs crans en s’attaquant, cette fois, à des touristes étrangers, en tuant trois Français qui se promenaient dans la ville d’Allak. Trois jours après cet assassinat barbare, une autre phalange terroriste avait pris en cible une patrouille militaire mauritanienne à Adrar, tuant plusieurs soldats. Le 1er janvier de l’année 2008, l’ambassade Israélienne à Nouakchott avait été la cible d’une attaque à l’explosif, perpétrée par un jeune djihadiste mauritanien qui avait rejoint, quelques semaines auparavant, les rangs des terroristes. Le nouveau recru a été abattu par les forces de l’ordre mauritanien, toutefois, trois personnes avaient été blessées lors de cet attentat. Le 7 avril 2008, un inspecteur de police mauritanien avait été assassiné dans un accrochage avec les terroristes au quartier Tefghar Zina. Le 14 décembre de la même année, 12 militaires mauritaniens tombent dans une embuscade tendue par les terroristes. Quelques mois après, Christophe Logt, un ressortissant américain a été assassiné en plein centre-ville de Nouakchott. Les années se succèdent et les attaques aussi, le 8 août 2009, Moussa Ould Zidane, terroriste salafiste avait actionné sa ceinture explosive devant l’ambassade de France à Nouakchott, faisant deux blessés parmi les agents de sécurité français. Le 29 novembre de la même année, trois ressortissants espagnols ont été enlevés, à l’est de la ville Nouadhibou, par le chef sanguinaire Omar Sahraoui. Son acolyte, Abderrahmane Ould Meddou avait à son tour enlevé, le 18 décembre 2009, deux autres ressortissants italiens, toujours à l’est du pays.
Les Débats, 16/04/2012