Marche panafricaine à Paris : "Sarkozy doit partir"

Les refrains de l’indignation des ivoiriens et autres « panafricanistes » continuent de retentir dans les rues de Paris. Ce fut le cas ce week-end du 11 février. A l’approche des présidentielles françaises, ils ont voulu donner une connotation plus franco-africaine à leur manifestation. Il était donc question de définir la conduite à tenir des franco-africains lors des prochaines présidentielles en France. Les manifestants n’ont pourtant pas dérogé à la coutume. Dans la marche qui les a conduits de la place d’Italie à la place de la Bastille, ils ont exprimé de vive voix leur amertume face à la tragédie africaine. Ils s’en sont particulièrement pris aux présidents fantoches africains manipulés par l’Occident pour la cause impérialiste et néocolonialiste. Le couple Sarkozy-Ouattara a donc été encore une fois la cible des propos virulents et dénonciateurs des manifestants tout au long de leur marche.

Passée la coutume, le meeting tenu à la place de la Bastille a eu pour sujet principal les présidentielles françaises. Les franco-africains ont décidé de se prononcer publiquement sur ces élections. Abel Naki, l’un des intervenants, a défini le cadre et les objectifs de la manifestation. Pour lui, Nicolas Sarkozy doit tomber dès le premier tour des élections. Il a lancé dans des termes à peine voilés un slogan du genre «Tout sauf Sarkozy ». Quant aux autres candidats, il les a invités à un marchandage du vote des franco-africains, dont le cordon ombilical n’a pas encore été rompu avec l’Afrique. Il a dressé quelques «revendications », le terme est de lui, que doit s’engager à satisfaire tout candidat sollicitant le vote de la communauté franco-africaine. 

 
Selon Abel Naki, il n’est pas question de donner une consigne de vote. Pourtant le «Tout sauf Sarkozy » en est une. Il est plutôt question de créer un cadre de discussion avec les différents candidats. Il n’a pas manqué de souligner le poids non négligeable que représentent les franco-africains dans la population électorale française. Entendons Abel Naki, coorganisateur de la manifestation, dans ce large extrait de son intervention: « Notre premier objectif c’est que Nicolas de Bocsa Sarkozy doit tomber. Nicolas Sarkozy doit tomber dès le premier tour. Et les africains et les citoyens français sont tous unanimes là-dessus. Les afro-descendants, tous les peuples noirs, du monde arabe, nous sommes tous unanimes là-dessus. Et cet après-midi nous rentrons tous en campagne et nous allons battre la campagne du peuple africain, la campagne de la dignité de l’Afrique, la campagne de la libération de l’Afrique, la campagne de la dignité de l’homme noire. (…) 
 
Aujourd’hui cette manifestation n’est dédiée à aucun candidat, ce n’est pas une manifestation pour battre campagne pour un candidat. Nous nous réunissons pour créer le cadre de discussion, pour créer le consensus, afin que tous ensemble nous choisissions le candidat qui pourra répondre aux revendications que nous allons lui présenter. Nous sommes d’accord sur plusieurs revendications. Nous sommes d’accord que la cellule élyséenne de la politique française en Afrique soit démantelée. Le candidat qui sera prêt à démanteler cette cellule élyséenne de la politique française en Afrique, nous serons prêts à le voter. Le candidat qui prendra en compte la souveraineté des États africains, ce candidat-là, nous serons prêts à le voter. Le candidat qui sera contre la Françafrique, contre les mallettes d’Argent, nous serons prêts à voter ce candidat.» 
 
Cette stratégie de marchandage du vote des franco-africains suscite quelques interrogations. Aura- t-elle l’adhésion de tous les franco-africains? Sera-t-elle efficace? Est-elle politiquement correcte en se focalisant sur la politique étrangère du futur président français, au mépris de sa politique intérieure? Il sera bien difficile, voire impossible à tout président français, quel qu’il soit, de balayer du revers de la main un vieux système transafricain et néocolonialiste dans lequel des individus, des partis politiques et la nation française trouvent tous leur compte. En attendant, il faut espérer que ces «revendications » ne se transforment pas en billets de banque au profit de certains « leaders panafricanistes ». Il faut souligner que les congolais étaient remarquablement représentés à cette manifestation. Elle a eu le soutien de responsables politiques et d’Associations fortement impliqués dans la résistance patriotique ivoirienne. Blaise Pascal Logbo, président du COPACI, Brigitte Kuyo, Représentante du FPI, Anne Gnizako, présidente des 3000 Femmes pour la Côte d’Ivoire, Topo Léontine, présidente des Femmes patriotes et Christine Zékou, représentante du CODESCI ont tous apporté leur soutien à la manifestation à travers leur présence effective.

Zeka Togui

InfoAbidjan, 17/2/2012

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