Espagne-Algérie-gaz: Accord politique en attendant les négociations techniques

Espagne, Algérie, Maroc, Gaz, Medgaz, #Algérie, #Maroc, #Gaz, #Medgaz, #Espagne,

«J’ai reçu la garantie d’approvisionnement en gaz de l’Algérie vers l’Espagne, ainsi que l’engagement algérien de satisfaire la demande espagnole.» C’est ainsi que le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, s’est exprimé à l’issue de son déplacement à Alger, jeudi dernier.

Accompagné par les Secrétaires d’Etat à la Coopération internationale et à l’Energie, ainsi que par les patrons d’Enagás, Antoni Llardén, et de Naturgy d’Antoni Basolas, le chef de la diplomatie espagnole, s’exprimait en perspective d’une donnée géopolitique et géo-énergétique nouvelle, la fin du contrat d’exploitation par l’Algérie du gazoduc Maghreb-Europe (GME), le 31 octobre prochain.

Le 26 août dernier, en effet, il avait annoncé que l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel algérien ne sera plus assuré via le GME, un gazoduc d’une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an qui transite par le Maroc avant d’atteindre la péninsule ibérique via le détroit de Gibraltar. Ces opérations de fourniture en énergie, avait ajouté Mohamed Arkab, se fera entièrement à travers le gazoduc Medgaz qui relie Beni Saf à Almeria à travers la Méditerranée pour une capacité de 8 milliards de m3 par an mais qui devrait être progressivement augmentée, avait-il assuré.

On connaît les raisons de la décision du gouvernement algérien de ne plus recourir au GME. Elles sont en relation avec la rupture avec le Maroc voisin fin août dernier en réponse à «l’hostilité» et aux menées agressives du royaume contre la stabilité de notre pays. On savait moins les aspects techniques à gérer en fonction du «gap» de fourniture à combler après l’abandon, le 1er novembre prochain, du GME, alors que le client ibérique va connaître une hausse de la demande interne sur fond d’un renchérissement des prix de l’énergie sur son marché.

Alors qu’il n’y a pas de doute que l’Algérie ne déroge pas à son statut de fournisseur fiable du client et partenaire espagnol, il s’agit de négocier au mieux la façon de combler l’écart d’approvisionnement. Des sources évoquent la possibilité, pour notre pays, d’assurer la continuité de sa fourniture par bateaux GNL, mais rien d’officiel n’est encore confirmé.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est l’entente politique entre Alger et Madrid de trouver une solution bénéfique aux deux parties. En témoigne l’audience accordée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune au ministre José Manuel Albares Bueno, et l’engagement du chef de l’Etat en faveur du renforcement de la coopération entre les deux pays. En témoignent, également, les déclarations du chef de la diplomatie Ramtane Lamamra qui a parié sur le bilatéral algéro-espagnol et son «élargissement aux secteurs des énergies renouvelables, de l’agriculture et de la construction navale, en soutien au partenariat économique étroit qu’il convient de hisser au niveau des relations privilégiées entre les deux pays voisins», a-t-il dit à l’issue de la séance de travail qu’il a eue avec son homologue espagnol.

La relation entre Alger et Madrid «est appelée à se développer pour davantage de réalisations futures car il s’agit d’un objectif reflétant la volonté politique et les capacités des deux pays dans les différentes domaines économiques», a encore déclaré Ramtane Lamamra.

Si la partie de l’accord politique est acquise, il reste maintenant aux opérateurs concernés, Sonatrach et Naturgy notamment, de négocier les questions techniques. L’Algérie couvre actuellement entre 40 et 45% du gaz consommé par l’Espagne. Le reste, en gaz liquéfié, provient de divers pays, en tête les Etats-Unis et le Nigeria. Pour le Maroc, la fin de l’exploitation du GME par l’Algérie aura un impact très lourd, le royaume perçoit une taxe de passage du gazoduc sur son territoire. Une partie importante de son réseau de production d’électricité tourne au gaz prélevé sur le GME. Privé de cette ressource, il devra intensifier l’activité de production à base de charbon et payer plus cher son énergie sur d’autres marchés.

Kahina Sidhoum

Reporters, 03/10/2021

Visited 1 times, 1 visit(s) today

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*