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Cette fermeture de l’espace aérien par l’Algérie aux avions civils et militaires marocains, que d’aucuns ont qualifiée de surenchère de la part d’Alger envers Rabat, a peut-être un début d’explication : la coopération militaire israélo-marocaine qui vient de franchir une nouvelle étape autrement plus sérieuse et inquiétante pour la paix et la stabilité de la région Maghreb.
Avec l’accord qui vient d’être conclu entre Rabat et Tel-Aviv pour la fabrication de drones dits « kamikazes » et l’équipement des avions marocains de systèmes de communication avancés et d’amélioration de leur visée, on est entré dans une situation de guerre froide extrême qui peut à tout moment déraper. D’autant que cet accord survient quelque temps après qu’Israël a fourni au Maroc le logiciel espion Pegasus lui permettant d’espionner l’Algérie et quelque temps après que le Makhzen eut affiché publiquement son soutien au MAK.
Que l’Algérie ait ou non anticipé cet évènement, le fait est que la présence militaire israélienne aux frontières de l’Algérie nécessitée par la fabrication de drones au Maroc est un pas de plus dans l’escalade des tensions.
Aujourd’hui, on feint de s’étonner d’une présence militaire israélienne à nos frontières. Or, la coopération entre Rabat et Tel-Aviv en matière de renseignement et autre est déjà ancienne. Selon les confidences d’un ex-chef du Mossad, Meir Amit, rapportées en mars 2015 par le quotidien israélien Yediot Aharonot, cette coopération a débuté en 1960, deux ans avant l’indépendance de l’Algérie ! Dans son enquête sur l’assassinat du leader de la gauche marocaine Mehdi Ben Barka en 1965 et dont on n’a jamais retrouvé le corps, Yediot Aharonot révélait, documents à l’appui, l’implication du Mossad dans cette affaire qui avait alors fait la « Une » de l’actualité mondiale.
Mieux encore, en juin 2017, à l’occasion du 50e anniversaire de la guerre de juin 1967, des documents déclassifiés par Israël révélaient comment le roi Hassan II avait livré au Mossad un enregistrement audio des échanges ayant eu lieu au sommet de la Ligue arabe à Casablanca, donnant ainsi à Tel-Aviv des informations clés lui permettant de battre les armées égyptienne et syrienne en cinq jours et d’occuper le Sinaï, le Golan syrien, la Cisjordanie et Jérusalem-Est !
Enfin, ce sont des experts israéliens et américains qui ont aidé à la construction du « mur de sable » d’une longueur de 2 700 km au Sahara Occidental et dont le financement a été assuré par des capitaux saoudiens ! Comme quoi…
Turquie. Récemment, d’après une dépêche de l’AFP datée de vendredi, l’armée marocaine a acquis des drones de combat turcs – des Bayraktar TB2 — « dans le cadre de la modernisation de l’arsenal des FAR (Forces armées royales) afin de se préparer à faire face à tout danger et aux récentes hostilités ». La société Baykar, qui fabrique ces Bayraktar TB2 et qui est dirigée par un gendre du Président Erdogan, a de plus assuré la formation des militaires marocains chargés d’utiliser ces joujoux ayant fait leurs preuves en Libye contre les forces du maréchal Haftar.
On notera à ce propos qu’Alger n’a pas encore réagi, alors que cette livraison de drones turcs dans le contexte actuel interroge sur le positionnement d’Ankara, sans doute parce que l’Algérie ne veut pas ouvrir un nouveau front. Il en est de même du MSP et de son chef A. Makri qui n’arrêtent pas de vanter la Turquie d’Erdogan : pas un mot sur cette livraison d’armes au Maroc quand on a vu avec quelle célérité le même Makri et toute une frange de l’islamisme algérien étaient montés au créneau pour fustiger El Watan pour une photo mal cadrée du minaret de la Grande Mosquée d’Alger !
Pour le reste, cette tension avec le Maroc ne doit pas masquer les difficultés socio-politiques auxquelles est confronté le pays. Il en est ainsi de l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat et que l’on a tendance à confondre avec la spéculation sur les prix. Ou de cette solution consistant à laisser glisser la valeur du dinar, au risque d’installer l’inflation dans une situation durable, voire de la sous-estimation du réchauffement climatique et de ses effets, de l’ampleur que prend la harga, ou encore de cette tendance à durcir graduellement le verrouillage du champ politique et médiatique…
À jeudi…
Hassan Zerrouky
N. B. : À Lyès Sahar, qui vient de nous quitter, et avec qui on a passé de bons moments au Matin en 1996-98.
Le Soir d’Algérie, 30/09/2021
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