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Sahel: Des armes en provenance de l’Europe utilisées par des groupes armés
LONDRES – Des experts en armement d’Amnesty international ont révélé que des armes de fabrication européenne ont été utilisées par des groupes armés dans la région du Sahel.
Selon un rapport publié mardi sur le site de l’ONG, des armes de fabrication serbe ont été identifiées dans des vidéos publiées par des groupes armés au Sahel, notamment un groupe affilié à l’organisation terroriste autoproclamée « Etat islamique » (Daech),.
« Les nouveaux fusils, certains étant les modèles les plus récents qui existent, correspondent à des transactions entre la Serbie et le Burkina Faso, ce qui laisse à penser que ces armes ont été vendues récemment au gouvernement burkinabé avant de tomber entre les mains de groupes armés », d’après le rapport.
L’analyse des données relatives aux transactions commerciales montre aussi que la République tchèque, la France et la Slovaquie exportent de grandes quantités d’armes légères et de petit calibre au Sahel depuis que cette région est en proie à l’insécurité.
Ces transactions ont été réalisées, bien que la Serbie, la République tchèque, la France et la Slovaquie ont ratifié le Traité sur le commerce des armes (TCA), qui interdit tout transfert d’armes s’il existe un risque qu’elles servent à commettre ou faciliter des violations des droits humains, relève le rapport.
« Dans ce contexte qui ne cesse de s’aggraver, les Etats doivent faire preuve d’une extrême prudence en matière de transferts d’armes au Sahel. Il existe un risque inacceptable que les armes soient détournées vers des groupes armés (…) Alors que se tiendra la semaine prochaine la conférence annuelle sur le Traité sur le commerce des armes, nous engageons tous les Etats à se montrer à la hauteur de leurs obligations et à ne pas valider de transferts d’armes susceptibles de favoriser des violations des droits humains », a déclaré Patrick Wilcken, responsable du programme entreprises, sécurité et droits humains à Amnesty International, cité dans le rapport.
Le 30 août, des délégués de 110 pays se rencontreront à Genève à l’occasion de la septième Conférence des Etats parties au Traité sur le Commerce des Armes (TCA).
Le TCA interdit aux Etats d’exporter des armes lorsqu’il existe un risque prépondérant que ces armes servent à commettre ou à faciliter des génocides, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou de graves atteintes aux droits humains.
Cela englobe le risque que les armes vendues à des gouvernements soient cédées illégalement à des auteurs d’atteintes aux droits humains.
Pour établir son rapport, Amnesty International a recueilli et analysé plus de 400 contenus numériques en provenance du Burkina Faso et du Mali, dont des photos et des vidéos authentifiées, publiées sur les réseaux sociaux par des membres de groupes armés entre janvier 2018 et mai 2021.
Ces images montrent des stocks d’armes, ainsi que des fusils entre les mains des éléments de divers groupes armés à la fois au Mali et au Burkina Faso.
Si la plupart des armes visibles sont des Kalachnikovs, datant de plusieurs décennies, Amnesty International a identifié 12 cas dans lesquels les hommes armés avaient des armes plus récentes, fabriquées par l’entreprise serbe Zastava, qui n’étaient pas disponibles avant le début des combats dans le nord du Mali en 2011.
Même s’il est impossible de retracer précisément la chaîne de responsabilité, il est fort probable, pour Amnesty, que « ces armes aient été détournées vers des groupes armés, soit par des canaux illicites soit par des prises sur les sites des affrontements ».
« Les armes serbes que nous avons identifiées prouvent une nouvelle fois que les armements vendus à des gouvernements de la région du Sahel risquent de tomber aux mains de groupes armés violents et d’alimenter un conflit qui ne cesse de s »aggraver », prévient l’ONG.
« En 2020, lorsque la Serbie a effectué son dernier transfert d’armes déclaré vers le Burkina Faso, les violences entre les groupes armés étaient déjà constatées. Si la Serbie avait mené une réelle évaluation des risques, elle aurait conclu que les ventes d’armes au Burkina Faso risquaient fort de contribuer à des violations des droits humains », souligne Patrick Wilcken.
APS
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