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BILAN DES MISSIONS ·Anders Kompass a déjà été par mauvais temps, au cours de sa carrière à l’ONU. Ensuite, il s’agissait de ses contacts avec le gouvernement marocain dans le dossier infecté du Sahara occidental. Mais aussi dans cette affaire, Anders Kompass a été acquitté par les enquêteurs internes de l’ONU.
En tant que haut responsable de l’ONU, Anders Kompass a soumis des informations sur le fonctionnement interne de l’ONU au gouvernement marocain. Il est appelé « le bon ami du Maroc » dans les rapports de l’ambassadeur sur leurs entretiens individuels sur le conflit infecté vieux de 40 ans au Sahara occidental. La mission d’examen a pris connaissance des documents.
Anders Kompass « est un très bon ami du Maroc », il nous a aidés à neutraliser l’opposition au Maroc, écrit Omar Hilale, ambassadeur du Maroc à Genève dans l’un des rapports qu’il envoie au ministère des Affaires étrangères à Rabat.
Fuite sur Twitter
Les rapports, qui n’ont pas été confirmés par le Maroc ou l’ambassadeur, sont datés entre 2011 et 2014 et divulgués sur Twitter à l’automne 2014 par un pirate anonyme se faisant appeler @chris_coleman24.
Le compte Twitter est désormais fermé, mais les plus de 700 documents restent en ligne et Anders Kompass est cité nommément dans une vingtaine de signalements. L’ambassadeur du Maroc décrit comment son « bon ami » (Kompass) lors de réunions individuelles a rendu compte en détail du fonctionnement interne de l’ONU dans l’un des conflits les plus prolongés dans lesquels l’organisation mondiale est impliquée, l’occupation marocaine du Sahara occidental.
« Mon bon ami »
Les efforts de l’ambassadeur pour contrer un accord sur le Sahara Occidental sont soutenus selon les informations divulguées par « l’ami » Kompass. Pour le Maroc, il est crucial que le mandat de l’ONU pour intervenir dans le conflit ne soit pas prolongé, et Anders Kompass promet fin janvier 2013 d’en parler à son patron, le haut-commissaire aux droits de l’homme Navi (Navanethem) Pillay. L’ambassadeur a été informé que Pillay aura une réunion importante avec le médiateur de l’ONU dans le conflit, Christopher Ross, cinq jours plus tard. Après la rencontre entre Ross et Pillay, l’ambassadeur reçoit également un rapport détaillé sur la stratégie de Ross dans le conflit.
L’ambassadeur Omar Hilale écrit le 31 janvier 2013 :
« Par conséquent, j’ai demandé à mon bon ami, Anders Kompass, chef des opérations sur le terrain au Département des droits de l’homme de l’ONU, de faire prendre conscience à Mme Pillay de l’importance d’éviter de faire la moindre promesse quant à une éventuelle expansion de la Minursos [ONU -force in Western Sahara UG’s note] mandat en termes de droits de l’homme… M. Kompass m’a promis d’en discuter avec Mme Pillay avant la rencontre avec M. Ross le 5 février.
Candidats à un autre poste
Lorsque les documents sont divulgués, Anders Kompass est le chef des opérations sur le terrain au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), un poste de haut rang au sein de l’ONU. En même temps, il postule pour un meilleur poste en tant que commandant en second du Haut Commissaire. Dans les télégrammes divulgués, l’ambassadeur Hilale rend compte des ambitions de Kompass au ministère des Affaires étrangères du Maroc avec les mots « … à la lumière de cela, il est très probable que le candidat le plus probable sera le Suédois, AK… » .
Ses contacts étroits avec le Maroc seraient dus précisément à ses ambitions professionnelles et à une attente de soutien de la part des alliés du Maroc au sein du système onusien : la France et l’Espagne. Chose qu’il réfute lui-même.
– J’ai postulé pour le poste de haut-commissaire adjoint et j’ai été interviewé pour le poste, raconte Anders Kompass à Uppdrag granskning. Mais la seule chose que j’ai vue, c’est qu’il [l’ambassadeur du Maroc, ndlr] rapporte à Rabat qu’Anders Kompass a postulé. Il ne dit rien que le Maroc devrait soutenir Anders ou devrait faire ceci ou cela parce qu’Anders est un ami. Non, il a seulement correctement informé qu’Anders est candidat.
Détails des réunions internes de l’ONU
D’après ce que lui a dit l’ambassadeur, la rencontre entre le médiateur de l’ONU Christopher Ross et le haut-commissaire Navi Pillay en février 2013 porte sur deux questions très importantes dans le conflit du Sahara occidental : donner à la force de l’ONU MINURSO le droit d’intervenir dans les cas de violation des droits de l’homme violations, et l’importance de hauts représentants de l’ONU comme Pillay qui visitent les deux parties au conflit et pas seulement le Maroc.
Aujourd’hui, les soldats de l’ONU de la MINURSO assistent sans être autorisés à intervenir dans les nombreux abus documentés qui se déroulent au Sahara Occidental. Leur mission n’inclut pas les violations des droits de l’homme.
Dès le lendemain de la rencontre, l’ambassadeur peut rendre compte en détail du contenu de la rencontre au ministère des Affaires étrangères dans la capitale marocaine, Rabat : « J’ai l’honneur de vous communiquer ci-dessous les points les plus importants de l’information que mon « ami » du HCDH a obtenu lors de la rencontre d’hier [entre Pillay et Ross] : Monsieur Ross a informé Mme Pillay de sa récente visite dans la région… Il a précisé… qu’il laisse toutes les recommandations concernant les droits de l’homme dans le Sahara au Haut Commissaire… » Mais le médiateur Ross a également souligné qu’il espérait qu’elle soulèverait cette question.
Face à une visite en zone de conflit
La Haut-Commissaire Pillay était confrontée à une visite importante dans la zone de conflit et une autre question urgente lors de la réunion était de savoir si elle se rendrait dans les camps de réfugiés dans le désert du Sahara où les Sahraouis occidentaux vivent dans des tentes et des huttes depuis que le Maroc occupe leur terre depuis plus de 40 ans. il y a des années. Ross lui a conseillé de faire une telle visite, mais l’ambassadeur a pu rassurer le ministère des Affaires étrangères à Rabat qu’elle n’a donné à Ross aucune information sur ce point.
L’ambassadeur Omar Hilale écrit le 8 février 2013 :
« La Haut-Commissaire ne s’est engagée à suivre aucun des conseils ou recommandations qui lui ont été donnés par M. Ross. Elle n’a pas réagi à sa recommandation de visiter le Sahara. Concernant la recommandation d’élargir le mandat de la Minurso en matière de droits de l’homme, elle a répondu que « c’est au Secrétaire général de l’ONU de décider ce qu’il souhaite voir figurer dans le rapport au Conseil de sécurité ».
L’ambassadeur Hilale déclare également dans les documents divulgués qu’Anders Kompass a plus d’influence sur le Haut Commissaire que ceux que le Maroc considère comme des ennemis dans le conflit. « pour le moment [elle est] plus encline à écouter le chef des opérations de terrain [Anders Kompass] que le chef du groupe Mena, le Tunisien Frej Fenniche, qui l’a trompée… et a agi dans son dos… »
Ne refuse pas les contacts
Anders Kompass ne nie pas les contacts avec Hilale, mais estime que c’était une partie tout à fait normale de son travail à l’ONU à Genève.
– Mon travail consistait à avoir des contacts avec les diplomates, c’est-à-dire les représentants des pays à Genève, donc ce n’était pas seulement l’ambassadeur du Maroc mais avec des ambassadeurs de nombreux pays, dit Kompass à Uppdrag gränskning.
– De nombreux pays ont été très critiques à l’égard de notre travail et ont tenté d’arrêter ou d’entraver notre travail en faveur des droits de l’homme. Ensuite, cela impliquait d’avoir des contacts et d’essayer d’expliquer ce que représentait le travail des droits de l’homme.
Avoir de bons contacts au sein de l’ONU
Kompass estime que l’explication des nombreux rapports de l’ambassadeur Hilale sur leurs réunions est l’importance de la question du Sahara occidental pour le Maroc et que l’ambassadeur a voulu se présenter comme une personne ayant de nombreux et bons contacts dans le système des Nations Unies.
– Tout le monde à l’ONU, à la fois à Genève et où il travaille actuellement en tant qu’ambassadeur du Maroc [à l’ONU] à New York, a vu que c’était dans sa personnalité de rapporter beaucoup. Vrai ou pas. Dans bon nombre de ces rapports divulgués, il semble qu’il voulait se présenter comme une personne qui avait de très bons contacts avec la bureaucratie de l’ONU, dit Kompass.
– Je ne lui ai pas donné plus d’informations que ce qu’il savait déjà.
Tumulte international
L’attention autour d’Anders Kompass est toujours grande. En Suède, Svenska Dagbladet et Tidskriften Västsahara, entre autres, écrivent.
Le britannique The Guardian, l’espagnol El País et l’influent magazine américain Foreign Policy attirent également l’attention sur les fuites.
Après la fuite de l’automne 2014, Kompass a été dénoncé et enquêté par l’enquêteur interne de l’ONU (BSCI), qui l’a cependant acquitté en mai de l’année suivante de l’accusation d’« avoir été la source d’informations non autorisées pour le gouvernement marocain ».
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