par Abdou BENABBOU
Une lettre adressée au président Tebboune par la célébrissime Brigitte Bardot et dont nous sommes aussi destinataires ne permet pas de savoir s’il faut faire preuve d’empathie ou au contraire céder à la tentation des sourires hébétés. L’ancienne plus belle femme du monde, aujourd’hui à la tête d’une fondation protectrice des animaux, supplie avec un pathétisme marqué le président algérien de s’engager dans une lutte sans merci contre la torture que subissent chats et chiens en Algérie. «Nous sommes des êtres humains, vous ne pouvez pas accepter que de telles abominations soient pratiquées sur des animaux qui n’ont commis aucun délit sauf celui de naître», écrit-elle.
Age et rides très avancés obligent, la divine actrice star qu’elle a été est dans un autre nouveau rôle qu’elle a choisi. Son activisme remarquable pour le bien des êtres non pensants est un choix respectable et elle est en droit d’attendre une écoute engagée. Mais pour entendre ses prières et ses recommandations, on ne peut pas faire table rase de son engagement forcené avec l’extrême droite française qui considère l’émigration humaine et son errance comme un danger pour son pays. Dans ses sorties médiatiques, elle a toujours affirmé qu’elle était farouchement opposé à l’humanisme dont les humains errants avaient droit. On est forcément interloqué quand on constate que des émotions et des compassions soient affichées par ceux qui acceptent des chiens dans leurs lits mais refusent farouchement d’accorder un bout d’air à un émigré. On s’interroge alors sur la nature et le bien-fondé de la signification donnée à la charité et on se demande par quel vecteur la civilisation humaine est portée. S’appliquer à mettre à la disposition des cabots hôtels, salons de coiffure et esthéticiennes et pester en même temps contre un être humain de passage qui ose mettre un pied sur un trottoir ne peut que choquer.
Les millions de femmes et d’enfants emprisonnés sous le dôme des bombes et qui n’ont pour musique à écouter que le crépitement des kalachnikovs ou les désespérés engloutis par les mers et qui n’ont pour stèles que les épaves des océans, auraient dû être tentés de se transformer en chiots.
Dans sa lettre adressée au président Tebboune pour défendre la nature animale, madame Brigitte Bardot aurait pu aussi l’éclairer sur le sens qu’elle donne à l’être humain.
Le Quotidien d’Oran, 03/07/2021
Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Brigitte Bardot, chiots, chats, animaux, moutons,
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