Profitant de nos émotions suscitées par des actes terroristes, le gouvernement, l’Assemblée Nationale et le Sénat continuent d’accuser et d’instrumentaliser l’islam, nos pratiques religieuses, nos corps. Ils s’attaquent à nos dignités et à nos libertés y compris de conscience, en instaurant toujours plus de restrictions, de contraintes et d’obligations aux personnes musulmanes et notamment des femmes faisant de nous des ennemis effectifs ou potentiels de l’intérieur.
L’islamophobie d’État encore et toujours !
Le sénat vient de voter l’interdiction du port du hijab pour les mères accompagnatrices, l’interdiction du Burkini dans les piscines et espaces de baignade publics ainsi que l’interdiction de port de signes religieux pour les mineures dans l’espace public.
L’heure est extrêmement grave. Le point de non retour est atteint.
Alors que la pandémie est incontrôlable et que les vies humaines sont négligées au profit du « sauvetage » de l’économie, nos dirigeants préfèrent débattre de ce que portent ou ne portent pas les femmes qui accompagnent nos enfants lors de sorties scolaires, lorsqu’elles se baignent ou encore les mineures dans l’espace public.
Nos enfants sont en danger. Et ce n’est pas l’islamisme qui les menace comme voudrait le faire croire les théories complotistes de notre gouvernement mais bien l’État lui-même qui, dans ses institutions, notamment par le biais du projet de loi contre ledit séparatisme, légalise, normalise et amplifie les discriminations visant les femmes qui portent le voile. Depuis la loi de 2004, les mesures restrictives visant les femmes portant le foulard – qu’elles soient élèves, étudiantes, mères – ne cessent de s’empiler.
Par ces dernières, ce sont les corps des femmes que l’on cherche à contrôler, ce sont nos enfants que l’on veut priver d’éducation, ce sont nos enfants que l’on traumatise par d’innombrables scènes humiliantes et déshumanisantes.
Par ces dernières et notamment parce qu’elles s’appuient sur une politique qui instrumentalise la cause des femmes à des fins racistes, c’est l’exploitation des femmes musulmanes que l’on veut assurer avec la réappropriation de leur corps par le corps d’État, comme en période coloniale. L’islamophobie sexiste indiscutable dans ces amendements se présente comme une réponse à un besoin de libérer les femmes. Qui libère qui que ce soit en le privant d’exister dans l’espace public ? En organisant l’effacement total des femmes musulmanes de tous les espaces de la société, qu’ils soient éducatifs, professionnels, politiques ou de loisirs, c’est l’enterrement de l’État de droit que l’on consolide.
Avec cette loi, le gouvernement Macron savait qu’il ouvrait plus grand encore la boîte de Pandore permettant une surenchère raciste sans fin. Il déclarait lui même que « le voile n’est pas conforme à la civilité française ». Le même ouvrait la chasse aux soi-disant « signaux faibles de radicalisation » pour en réalité donner un signal fort aux franges électorales les plus racistes.
Plus que jamais, nous affirmons que les musulmans et musulmanes de ce pays ne seront pas les marches-pieds de présidentiables aux discours islamophobes.
Nous scruterons les propos et programmes électoraux des uns et des autres pour dénoncer localement et nationalement les postures islamophobes.
Après avoir rassemblé ce dimanche 21 mars, des milliers de personnes dans les rues de grandes villes en France, nous poursuivons avec le Front contre l’islamophobie et pour l’égalité des droits pour toute-s, notre combat pour exister à égalité de traitements et de droits.
Front contre l’islamophobie et pour l’égalité des droits pour tou-te-s
02/04/2021
The International Solidarity Movement, 2 avr 2021
Etiquettes : France, loi du séparatisme, religion, Islam, islamophobie,