Hirak, Libye, Sahara Occidental…
Dans une interview accordée à la chaîne qatarie El Jazeera, le chef de l’Etat est de nouveau revenu sur la situation politique du pays et les questions internationales. Interrogé par le journaliste algérien Abdelkader Ayadh, Abdelmadjid Tebboune a expliqué l’attitude des autorités par rapport aux marches du hirak. Selon lui, « les dernières manifestations étaient d’origine inconnue » et que les slogans qui y étaient scandés « sont contradictoires » et « ne sont pas identifiables » sur le plan idéologique. Il a rappelé qu’au moins « cinquante wilayas » ne connaissent plus de manifestations ces derniers temps. Une manière de signifier que le mouvement populaire ne mobilise plus comme ce fut le cas auparavant. Cela ne l’a pas empêché de rappeler l’importance du Hirak dans le départ de Abdelaziz Bouteflika. Le président de la République a indiqué, dans ce sens, que « 13 millions d’Algériens » ont « sauvé le pays de la Issaba » et « stoppé le 5ème et la prolongation du 4ème mandat ». « Le hirak authentique a sauvé l’Algérie de la déliquescence » et que « la issaba voulait exploiter la maladie de l’ancien président pour faire main basse sur le pays durant 5 autres années ». Il a accusé les membres du cercle de l’ancien président de la République, au nombre de 50, d’avoir « détourné des centaines de milliards de dollars à l’étranger ». Il reconnaît que récupérer cet argent n’est pas chose facile, mais il annonce que l’Etat algérien travaille « avec des pays amis » pour cela. « La justice a récupéré tous les biens apparents » qui appartenaient aux membres de la « issaba », a ajouté le chef de l’Etat. A la question de savoir s’il craint le courant islamiste, Abdelmadjid Tebboune a précisé que « le courant islamiste qui existe en Algérie est différent des autres qui activent dans d’autres pays ». En revanche, il a redit sa conviction que « l’Algérie s’est débarrassée, à jamais, de l’islam idéologique ». Une référence à l’islamisme prôné, dans les années 1990 par le Front islamique du Salut (FIS-dissous).
‘‘On a failli intervenir en Libye…’’
Comme à chaque intervention, le chef de l’Etat n’a pas omis d’évoquer les questions internationales. Il a ainsi révélé que l’Algérie «était sur le point d’intervenir en Libye » si les « mercenaires étaient entrés dans Tripoli ». Relancé par le journaliste s’il s’agissait d’une intervention militaire, Abdelmadjid Tebboune a répondu : « d’une façon et d’une autre ». Une chose est certaine, « nous avions dit que Tripoli était une ligne rouge et nous savions de quoi nous parlions. Le message a été reçu par qui de droit », a-t-il commenté tout en réitérant sa détermination à empêcher qu’une « capitale nord-africaine soit prise entre les mains de mercenaires ». Il a dévoilé également que « des colonnes de terroristes, lourdement armés » ont traversé la zone frontalière de l’Algérie « et personne n’est intervenu ». C’est justement pour faire face à « toute éventualité » que l’armée algérienne « effectue des entraînements » ces derniers temps. Abdelmadjid Tebboune a également réitéré le principe immuable du soutien au peuple sahraoui. « Notre position ne changera pas étant « sur la question sahraouie et « l’Algérie refuse la solution de fait accompli », a tranché le chef de l’Etat qui rappelle que c’est l’ONU qui a déclaré le Sahara occidental comme « une colonie ». « Nous n’avons aucun problème avec le Maroc, mais il semble que les Marocains ont un problème avec nous », a-t-il encore ajouté à propos des relations algéro-marocaines. Au sujet de la Palestine, le chef de l’Etat a rappelé le soutien de l’Algérie au peuple palestinien et s’en prend, de nouveau, aux pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël. « Il y a une feuille de route arabe qui évoque la terre contre la paix. Or, il n’y a ni terre, ni paix. Je ne comprends donc pas pourquoi normaliser » les relations avec l’Etat hébreu, a-t-il interrogé.
Akli Ouali
L’Est Républicain, 09 juin 2021
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