« Sans prétendre couvrir toutes les pratiques contraires aux droits humains, les violations relevées en la matière par l’Association marocaine des droits humains (AMDH) donnent une image du non-respect de l’Etat des droits et des libertés en dépit de ses engagements nationaux et internationaux », a souligné M. Ahmed El Haij, président de l’organisation dans une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport 2013 sur les droits de l’homme au Maroc. Il a affirmé que l’ensemble des violations relevées dans ce rapport de 234 pages « sont suffisantes pour mettre en évidence l’orientation générale de la politique publique en la matière ».
Ainsi, dans le chapitre des droits civils et politiques, le responsable de l’AMDH a noté que son organisation a « enregistré de nombreuses violations commises directement ou indirectement par l’Etat (…) dans les locaux de la police, dans les lieux publics, dans les centres hospitaliers à cause de négligences, dans les prisons à cause du surpeuplement, de l’absence des conditions d’hygiène et de la montée de la violence, suite à des évènements de protestation, lors des manifestations et des sit-in ».
Selon le rapport, « l’Etat a excellé en matière des fausses accusations de droit commun attribuées aux détenus pour camoufler la nature de la détention (…) en leur attribuant des accusations telles le trafic de la drogue, l’obstruction de la voie publique, l’agression ou l’humiliation des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions etc. »
Le document a, par ailleurs, fait observer que la situation des libertés publiques a été caractérisée par une « régression notable du fait de la répression croissante exercée lors de manifestations pacifiques, l’agression et l’arrestation des défenseurs des droits humains ». « Les violations touchent aussi le droit de créer des associations, la liberté de la presse, la liberté syndicale, la liberté de circulation et les droits des individus à l’expression et le droit d’organisation des instances politiques », a ajouté le rapport.
L’ONG a également relevé la régression du classement du Maroc dans l’échelle de la liberté de la presse de l’organisation Reporters sans frontières le classant 136è parmi 180 pays dans son rapport annuel 2013, et de rappeler « un nombre de cas d’agressions physiques de journalistes, pendant l’exercice de leurs fonctions et notamment pendant les manifestations contre la grâce du pédophile de Galvan »(début août 2013). Daniel Galvan, de nationalité espagnole, a été condamné à 30 ans de prison ferme dans l’affaire de viol de 11 enfants à Kénitra.
En outre le rapport a considéré que l’année 2013 s’est caractérisée par la poursuite et l’intensification visant l’activité des défenseurs des droits humains et particulièrement les militants de l’AMDH, en violation, selon M. El Haij, de la déclaration de l’assemblée générale des Nations-Unies adoptée le 9 décembre 1998. « Plus de 70 cas de poursuites judiciaires et d’arrestations à l’encontre des défenseurs des droits humains », ont été suivis par l’AMDH, a-t-il indiqué.
S’agissant du chapitre des droits économiques, sociaux et culturels, le rapport a souligné notamment la persistance du chômage qui ne fait que s’aggraver (9,2 % en 2013 soit 1 081 000 chômeurs), une intensification des grèves dans de nombreux secteurs publics et semi-publics et une inquiétante situation dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Le rapport a abordé, d’autre part, la situation des droits de la femme qui « n’a pas connu une d’avancée significative par rapport à l’année précédente malgré le discours officiel », les systèmes législatifs relatifs aux droits de l’enfant qui « ne sont toujours pas en harmonie avec la législation internationale ». L’AMDH émet depuis 1995, son rapport annuel sur la situation des droits humains au Maroc.
http://www.tribunelecteurs.com/fichier/21_6_2014/rabat.html
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