par Madjid Khelassi
Plus de 30 embarcations, transportant des Harraga algériens, ont été interceptés sur les côtes d’Almeria (Sud de l’Espagne), en seulement 48 heures, et ce durant le week-end qui a précédé l’Aid El Fitr.
Ces chiffres rapportés par le quotidien espagnol OK Dario, montrent l’ampleur du phénomène migratoire algérien vers la rive européenne de la Méditerranée.
D’après le Haut Commissariat des nations-unies pour les réfugiés, 2000 Harraga arrivent à rejoindre chaque mois, les rivages sud du continent européen, sur des embarcations clandestines avec pour principales destinations, l’Espagne, l’Italie et la France.
Son rapport du 12 mai 2021, fait état de 10 000 Harraga depuis janvier 2021.
10 000 Harraga en 4 mois…Le paradis algérien tant chanté vire à une géhenne quotidienne.
Chômeurs, ouvriers spécialisés, cadres , médecins, architectes, enseignants, sportifs.
La panoplie migratoire s’étoffe et se « mixte ». C’est un catalogue multigamme.
Les personnes qui mettent les voiles, sont certes des personnes touchées par la précarité, voire la pauvreté, mais beaucoup d’entre- eux sont des pauvres qui ne devraient pas l’être. Car disposant d’un capital culturel ou professionnel assez élevé, mais qui ne trouve pas preneur dans l’Algérie réelle.
On passe ainsi de la migration des précaires à celle des intellectuels. Dramatique équation, qui souligne la faillite de notre système économique et social.
Pour ces candidats, l’espoir, coincé quelque part, ressemble à un vieux vinyle rayé.
Donc l’espoir est supprimé. Place à une réalité, qui souvent, se termine par le chavirage tragique d’une felouque voguant vers un ailleurs meilleur.
El Harga, brûlure contemporaine des déshérités, ou comment on est anéanti par un espoir en congé permanent.
Dans tous les ports et plages d’Algérie, surgit, chaque soir, un Aladin des mers, qui embarque, moyennant un joli pactole, des milliers d’algériens en classe tous risques, vers un eldorado incertain.
Houle et mal de mer, éléments imprévisibles déchaînés…la traversée vire souvent à l’ordalie marine. Et les rêves, déjà en pointillés, sombrent dans la lagune d’une destinée malmenée.
El Harga, décision définitive, tourneuse de tête et tueuse…Qu’a cela ne tienne !
Tous les Harraga vous diront qu’ils préfèrent ça, à l’Algérie (l’ancienne et la nouvelle), qui n’a jamais rien compris au rêves contrariés de ses enfants.
La Nation, 16 mai 2021
Etiquettes : Algérie, migration, harga, harragas, pateras, Almeria,
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