Algérie : CQFD

« En revanche, je sais que la fraude fera partie des gênes de l’humanité, et pas seulement de celle des Algériens. On aura beau développer des méthodes très élaborées pour lutter contre, les fraudeurs trouveront toujours le moyen de les contourner, ou de les » cracker ».

Par Mohamed Abdoun :

Il est certain que je n’aime pas trop ressasser, mais l’exerce s’avère parfois incontournable. Que l’on en juge. On nous annonce en effet que pas moins de » 8 fonctionnaires, dont des femmes, travaillant à l’annexe administrative communale de la cité Draïa Ahmed (1.700 logements) de Souk Ahras comparaîtront courant de la semaine devant le procureur de la République près le tribunal de la ville « . Les concernés, précise encore le communiqué de la justice, sont » accusés de falsification de formulaires de souscription de signatures pour un des postulants à la prochaine présidentielle « .

Ce cas de fraude électorale, parfaitement typique on va dire, a été mis à jour par » des membres de la délégation de wilaya de l’autorité nationale indépendante des élections « . Cela tend à mettre en relief le rôle de cette commission. D’autant que son président, Othmane Menadi, précise une dépêche de la très officielle APS, » a qualifié ce qui s’est passé de fait isolé « , ajoutant qu’ » aucune velléité de fraude ne sera tolérée afin d’assurer la transparence de l’opération électorale « . Fin de citations.

Cela me pousse à me rappeler tout naturellement récente et pompeuse déclaration faite tout récemment par le président de cette commission himself, Mohamed Charfi en personne. Celui-ci nous réserverait une surprise de taille, à savoir une méthode révolutionnaire et inédite rendant impossible toute forme de fraude, quels qu’en soient la nature ou l’intensité.

En attendant d’en savoir plus, donc, voilà que l’on découvre qu’il y a déjà eu fraude. Que cette » bande » ait été démasquée ne nous dit pas si le cas est véritablement isolé, ou si des individus de même acabit activent également dans d’autres régions du pays. La question est d’autant plus permise et légitime que les légalisations sont désormais permises chez les notaires d’abord, et que l’on ne nous donne pas le nom du candidat qui a bénéficié des » largesses » de la bande à Souk Ahrass.

Cela me rappelle même qu’au moment de la collecte des plus de cinq millions de signatures en faveur du président démissionnaire, quand il était encore candidat s’entend, une connaissance m’avait appelé à partir d’une entreprise publique dont je tairai le nom. Il leur était exigé, à l’entrée, de laisser leurs cartes d’identité. On devine un peu pourquoi.

Les récalcitrants étaient tout simplement empêchés d’accéder à leur lieu de travail et menacés des pires sanctions qui soient. Au finish, le hirak a forcé le président-candidat à abdiquer, mais le DG de cette société a été promu ministre entre temps. Je vous laisse deviner la suite, car moi je n’ose pas.

En revanche, je sais que la fraude fera partie des gênes de l’humanité, et pas seulement de celle des Algériens. On aura beau développer des méthodes très élaborées pour lutter contre, les fraudeurs trouveront toujours le moyen de les contourner, ou de les » cracker « .

Souvenez-vous, par exemple, comment Trump a été » favorisé » grâce aux réseaux sociaux. Ne pouvant pas bourrer les urnes, les hackers ont tout simplement influencé les électeurs en diabolisant ses adversaires. Et de m’interroger une fois de plus en quoi consiste cette méthode révolutionnaire de Mohamed Charfi ? Et si elle est vraiment infaillible, pourquoi ne pas déposer un brevet, ce qui nous assurerait de substantielles rentrées d’argent, et nous dispenserait même de cette loi tant controversée sur les hydrocarbures… Avis !

M. A.

La Tribune des Lecteurs, 21 oct 2019

Tags : Algérie, élections, fraude,

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