Les services secrets marocains de connivence avec le crime organisé

Les dirigeants du Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ne manquent jamais une occasion pour tenter d’alerter la communauté internationale sur un grave problème qui risque d’envenimer durablement les relations et le bon voisinage entre les pays du Maghreb.
Il s’agit bien entendu du trafic de drogue en provenance du pays de Mohamed VI. Une autre fois, le Premier ministre du gouvernement de la RASD, Abdelkader Taleb Amar, venu clôturer l’Université d’été organisée à Boumerdès (45 km à l’est d’Alger) du 3 au 21 août pour la cinquième année consécutive à l’intention des cadres du Polisario et de la RASD, a soulevé ce problème mais en désignant distinctement les principaux accusés, à savoir le régime marocain, son armée et, surtout, ses services secrets qui «utilisent ce trafic pour financer les bandes armées qui activent au nord du Mali». 
Lors de son intervention devant les cadres de son pays et un grand nombre d’invités, des diplomates notamment, Taleb Amar a fait brièvement allusion à ce problème : «La politique d’expansion suivie par la Maroc est la raison principale qui entrave la construction du Maghreb. A cela s’ajoute la production et l’exportation de la drogue comme politique pour engranger des gains, financer et utiliser les bandes du crime organisé afin d’agresser tous ceux qui s’opposent ou qui résistent à la politique marocaine de destruction dans la région.» 
A la fin de son allocution, nous avons relancé le Premier ministre sahraoui pour avoir plus de précisions sur ce dossier en lui rappelant que l’accusation est très gravement portée contre les forces armées et les institutions d’un Etat souverain. Il dira que «ceci n’est pas seulement nos déclarations. Les comptes-rendus des Nations unies disent que plus de 60% des saisies au niveau international sont de provenance marocaine. Je le répète, ce ne sont pas nos affirmations. Tout le monde sait qu’au nord du Maroc des milliers d’hectares sont cultivés de hachich. Ceci n’est un secret pour personne. On sait en outre que la drogue est une source de financement des caisses noires du régime marocain et de ses services secrets. Par ailleurs, depuis que l’étau s’est resserré au niveau des frontières européennes contre les trafiquants, ces contrebandiers se sont investis dans les réseaux au sud. Nous avons constaté que dans le mur de défense, des passages sont ouverts jour et nuit aux trafiquants qui travaillent avec des bandes armées au nord du Mali. Ces bandes armées du Mali transfèrent ces énormes quantités de hachich vers d’autres destinations. Nous sommes en outre certains que les revenus provenant du trafic de hachich financent des groupes armés. Personne n’ignore que les Djamaat ettawhir oual djhad n’existent que depuis le kidnapping de trois personnes dans les camps de réfugiés et depuis leur agression contre l’Algérie. Ceci atteste la relation entre les services secrets marocains et les groupes armés. Certains poussent actuellement à la légalisation de la production et la commercialisation de la drogue et son utilisation comme source économique et surtout un moyen de pression politique et outil de relation avec les groupes armés. Ce sont aussi les observateurs neutres et qualifiés qui attestent de cette situation.» 
En fait, c’est tout de même un Premier ministre d’un gouvernement d’une république reconnue par 84 Etats qui porte publiquement de graves accusations pour crime organisé : dès lors qu’attend Interpol ou tout autre organisme international qualifié pour enquêter sur ce trafic industrialisé ? 
De son côté, l’Algérie qui subit de plein fouet ce fléau se contente de lancer ses gendarmes et policiers contre les contrebandiers locaux ; n’existe-t-il pas d’autres moyens politiques et juridiques pour mettre la communauté internationale devant ses responsabilités au sujet de ce problème qui risque, à long terme, de détruire la cohésion sociale particulièrement parmi les jeunes ? 
Abachi L.
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