Commission Emploi et relations sociales de la CGEM
Liste des membres du sous-groupe Emploi
- Mohamed BACHIRI
- Aicha BEYMIK
- Bertrand GAULANDEAU
- Maria BELGNAOUI
Chargée d’études CGEM : Najwa Mounir
Introduction
Tout le monde s’accorde à dire que le chômage est devenu une priorité nationale, que la situation ne peut plus durer. La question alors est pourquoi avons-nous du mal à sortir de ce fléau ? Les mesures prises des différents gouvernements ont-elles été efficaces ? le monde économique est-il suffisamment mobilisé ?
Que de questions auxquelles nous devons trouver un début de réponse pour ne pas sacrifier une génération de jeunes , et partant pénaliser notre croissance future.
Il est temps aujourd’hui de mettre cette préoccupation au centre du débat national auprès de l’ensemble des acteurs de notre pays – en particulier les opérateurs économiques et politiques et les partenaires sociaux – et de les mettre en face de leurs responsabilités.
Nous ne pouvons plus mettre notre destin entre les mains des seuls investisseurs étrangers pour la création d’emploi.
Ils sont importants pour l’avenir de notre pays, mais ils doivent être également relayés par une dynamique nationale que nous pourrions appeler «le civisme économique» : investir, payer ses impôts, créer des emplois durables, respecter la législation en vigueur et installer un climat de confiance avec les partenaires sociaux, les salariés et l’administration.
Si le civisme économique est un devoir pour les opérateurs, ceux-ci ont un droit qui doit être garanti par le législateur et appliqué par l’administration. Le droit de pouvoir commercer dans un environnement juridique sain, flexible, avec des règles concurrentielles transparentes et des recours simples et efficaces.
Il est urgent de rétablir cette confiance entre le monde économique, l’administration et les partenaires sociaux pour lutter efficacement et durablement pour la création d’emploi. Il faut que chacun joue pleinement son rôle. Il faut que chacun accepte l’autre comme un partenaire et non comme un ennemi.
Il est important pour nous de montrer une image mobilisée pour que celle-ci soit porteuse d’espoir, pour que nous soyons tous engagés vers cette création de richesses qui, de fait, crée de l’emploi. Il nous faut absolument comprendre que seule l’entreprise crée de la richesse dans notre pays et que l’emploi ne peut se faire par décret.
Partant du principe que l’entreprise est le seul moteur du progrès social, il faut lui créer les conditions de cette réussite pour que la société puisse bénéficier de l’ensemble de ce résultat. Pour cela, il faut permettre à l’entreprise, par des moyens nouveaux, de recruter des jeunes diplômés, développer la formation et donc l’employabilité de ses collaborateurs.
Il faut réinventer une nouvelle forme d’intermédiation dans le cadre du marché du travail, il faut que la flexibilité soit mieux organisée et rendue accessible aux entreprises.
Le monde a changé et l’économie est un grand espace sans frontières où il faut sans cesse s’adapter pour survivre. C’est pourquoi, l’emploi à vie n’a plus de sens dans cette économie de marché.
La mondialisation impose un rythme à l’entreprise qui la pousse à s’adapter en permanence. C’est pourquoi le législateur doit être formé à la question économique pour mieux en saisir les enjeux et permettre ainsi aux entreprises de s’adapter. Qu’on le veuille ou non, la notion de contrat de travail évolue. La flexibilité n’est plus un débat, mais bien une exigence pour le service de l’entreprise. Pour autant, cette flexibilité ne peut et ne doit se faire en précarisant les salariés. D’ou la nécessité absolue d’imaginer notre fléxicurité.
Nos défis, quels sont-ils ?
Imaginer le travail de demain, changer le rapport au travail pour les salariés, avoir une vision nouvelle de l’entrepreneuriat et de l’entreprise, accepter le rôle fondamental des partenaires sociaux, ne plus former des compétences ou des filières dont notre pays n’a plus besoin, voilà nos véritables défis pour les années à venir.
Faire prendre conscience aux opérateurs économiques, la place qu’ils doivent occuper et le rôle qu’ils doivent assumer dans la l’intégration, la formation et l’accompagnement des jeunes diplômés en particulier.
Accepter l’idée que le système d’éducation ne peut fournir des individus expérimentés d’ou la nécessité de contribuer aux développements de leurs compétences au début de leur carrière professionnelle.
«Tous pour l’emploi», c’est contribuer là où nous sommes, avec nos moyens, à dire NON au chômage et à la précarité, et OUI pour une dignité qui permette à une frange de la population de rester debout.
Cette contribution sur les pistes qui pourraient nous aider à créer des emplois durables a pour objet d’ouvrir un débat, d’inventer d’autres voies. Loin de se vouloir technique, elle est d’abord le fruit d’un benchmarking, d’expériences et de travail sur le terrain de la commission Emploi et relations sociales de la CGEM qui ose et qui innove. Merci au sous-groupe qui a travaillé sur ce projet.
Projetons-nous dans l’avenir, notre seul ennemi est le chômage. Sachons alors nous mobiliser et donner une dimension nouvelle au mot patriotisme.
Jamal BELAHRACH
Président de la Commission Emploi et Relations Sociales
Les indicateurs du chômage au second trimestre 2010
(source HCP Maroc)
État des lieux
- Inadéquation entre la demande des entreprises en compétences et l’offre en matière de formation du système éducatif.
- Peu d’implication des entreprises dans la dynamique de création d’emploi, en particulier des jeunes diplômés.
- Inefficience de l’intermédiation.
- Faiblesse des aides à l’emploi.
- Fiscalité des salaires élevée entraînant un niveau de l’encadrement très faible.
- Absence de dynamique de formation au sein des entreprises pour développer l’employabilité des salariés.
- Flexibilité insuffisante du Code du Travail.
Les préalables pour une lutte efficace contre le chômage
- Reconnaissance nationale du rôle et de la mission de l’entreprise comme moteur principal de la croissance et de la création de l’emploi
- Acceptation formelle et respect par les opérateurs économiques du principe de la non-précarité des salariés dans le développement de l’entreprise.
- Acceptation de la flexibilité comme outil de management nécessaire pour le développement de l’emploi et de l’entreprise par l’État, l’administration et les partenaires sociaux
- L’entreprise doit assumer son rôle formateur
- L’emploi doit être au cœur du dialogue social entre les entreprises et les partenaires sociaux
- L’employabilité des salariés, élément essentiel de la lutte contre le chômage.
- Le civisme économique doit être un état d’esprit permanent.
- L’adaptabilité du Code du Travail en fonction de l’évolution de l’économie.
Les axes de réflexion
- Créer de nouveaux contrats pour aider les entreprises privées à recruter.
- Repenser l’intermédiation pour fluidifier le marché du travail.
- Flexibiliser le marché de l’emploi en privatisant le placement des chômeurs.
- Développer l’accès à la formation pour tous.
- Alléger la fiscalité des salaires pour les jeunes diplômés
- Adapter l’éducation et la formation aux besoins de l’entreprise.
- Développer les formations courtes (bac +2) et en alternance pour plus de compétitivité.
Les objectifs
- Mobiliser l’ensemble des forces vives pour créer, développer l’emploi durable et l’accès à la vie active.
- Positionner l’entreprise comme le véritable créateur de richesse et d’emploi.
- Sensibiliser les partenaires sociaux, les législateurs et l’administration à la question économique et au fonctionnement de l’entreprise en créant de nouveaux dispositifs.
Les 20 propositions pour développer l’emploi
Mesure | contenu |
Création
d’un contrat d’intégration professionnelle (CIP) avec
période d’essai de 3 mois renouvelables
Cible : bac + 3 et plus |
Réduction de l’IS de 50 % du cout annuel total du salarié Droits sociaux intégrales y compris la CIMR Durée 24 mois |
Création
d’un contrat Première expérience (CPE) en CDD avec période
d’essai de 6 mois
Cible : Niveau bac , bac et Bac + 2 |
Salaire > SMIG Durée max de 24 mois Réduction forfaitaire de l’IS de 15 000 dhs par an par jeune diplômé Droits sociaux intégrales y compris la CIMR Prime formation de l’état 20% du temps de travail doit être dédié à la formation au moins Nomination obligatoire d’un tuteur au sein de l’entreprise |
Repositionnement
du contrat ANAPEC dans sa forme actuelle
| Donner un véritable statut aux salariés et ne pas les considérer comme des stagiaires |
Rendre le stage en entreprise obligatoire lors du cursus scolaire et universitaire (étudiants et professeurs) | Minimum de 25 % du temps de la scolarité |
Contrat d’insertion de personnes en situation d’ handicap (CSH). | Réduction de l’IS de 70 % du cout annuel total du salarié Droit sociaux intégrales y compris la CIMR Subvention pour tout investissement liée à l’adaptation des postes de travail |
Créer
un observatoire de l’éducation, de l’emploi, de
l’employabilité et de l’entrepreneurship
| Piloter, suivre l’évolution des besoins et faire des propositions pour favoriser la création de l’emploi Etre force de propositions officielle dans les programmes universitaires et ou scolaire |
Création du contrat de développement de l’exportation (CDE) | Réduction de la CNSS à un tx de 10 % Droit sociaux intégrales y compris la CIMR |
Réduire le tx de CNSS de 20 % à 15 % |
Taux
de 15 % pour élargir l’assiette et permettre aux entreprises
de créer des postes de travails.
Transférer la charge sociale sur la TVA sociale car assiette de cotisants vers les consommateurs |
Mieux
développer l’orientation des élèves et des étudiants en
fonction des besoins du marché du travail
|
|
Développer
la formation en alternance.
| Dans toutes les filières techniques, gestion et commerciales Impliquer l’entreprise dans les programmes de formation |
Développer les formations courtes (bac + 2) dans les filières techniques, gestion et commerciales. |
|
Développer la culture de l’entreprise et de l’entreprenariat pendant la scolarité |
|
Inciter les chefs d’entreprise ou les cadres à enseigner dans les écoles |
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Établir une charte d’engagement des entreprises. |
|
Permettre aux demandeurs d’emploi d’accéder aux formations qualifiantes grâce aux chèques formation. |
|
Créer des chèques formation pour les entreprises |
|
Mettre en place les crédits d’impôt formation |
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Créer le congé individuel de formation. |
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Financer les bilans de compétences pour les réorientations professionnelles. |
|
Conclusion
A l’heure ou la crise nous a fait perdre 30 millions d’emplois dans le monde et mis plus de 210 millions de personnes au chômage, nous concentrer sur la création d’emploi devient une priorité pour notre pays. Pour absorber les futures arrivants sur le marché du travail dans le monde, plus de 440 millions d’emplois devront être crées.
Notre taux de chômage national ne doit pas être un leurre et nous faire oublier la gravité de la situation en matière d’emploi. Plus de 18 % de nos jeunes diplômés sont au chômage et cela n’est pas acceptable.
Tous pour l’emploi, c’est l’urgence de passer d’une vision idéologique à une vision pragmatique de l’économie de marché…
La CGEM se veut être un véritable acteur proactif qui ose et qui innove sur toutes les questions centrales qui concourent à la compétitivité de l’entreprise, au développement d’une croissance durable et installer une image de l’entreprise responsable et patriote.
Ces 20 propositions sont la base d’un débat que nous voulons constructifs dont le seul dessein est d’accompagner le projet sociétal d’un Maroc nouveau où nos entreprises sont compétitives, où notre marché est attractif pour les investisseurs et où nous créons de la richesse pour permettre à chacun doit avoir sa place.
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