par Madjid Khelassi
L’Algérie gagne 2 places en 2020 dans l’indice de perception de la corruption selon un rapport établi en janvier 2021 par l’ONG allemande, Transparency international.
Elle est classée à la 104e place sur 180 pays et reste très saignante dans le domaine. Elle est au même rang que le Kosovo, le Salvador, la Côte-d’Ivoire et la Thaïlande et bien loin de ses voisins (La Tunisie est au 69erang et le Maroc au 86e).
La Issaba sous les verrous ou pas…La tchipa, inodore, incolore est omniprésente.
Echkara, disent les Algériens de cette dîme qui vous ouvre les portes les plus cadenassées : achat des voix d’une urne, paiement d’une intervention administrative, déblocage d’une interdite affaire d’importation, obtention du permis de construire sans conditions, effacement des tablettes des impayés du fisc ou d’une ISTN…la liste est aussi longue que le tracé du territoire national dans lequel se pratique la corruption.
Combien ça coûte ? La question est déjà une opération. L’exhalaison des liasses agit comme l’absinthe et rend possible tous les passe-droits. C’est un loto quotidien qui fait danser toute la sphère bureaucratique…du planton au maître des lieux.
Mairies, daïras, wilayas, directions de l’urbanisme et du foncier, douanes et tutti quanti…sont le cadre intimiste du bruit des glissières du cartable tentateur et du Kraft des enveloppes auxquelles personne ne résiste.
C’est la galerie des glaces où tout le monde se mire…dans le chiffre des méfaits. Et le théâtre où se pratique, à nul autre pareil, l’art de joindre le geste à la parole.
Service public, dit-on de ces instances qui organisent l’Himalaya bureaucratique, pour ensuite se faire les Sherpas du bakchich.
A votre service…mais cash : Je me beurre, donc je suis…Nouvelle version d’un cogito dévastateur qui semble signifier : Bienvenue à Rachoua-Land, contrée de l’ancienne Numidie, devenue le souk des fonctionnaires ripoux.
La Rachouacratie …fille naturelle de la bureaucratie, née sous les décombres d’une Algérie démembrée, ne vient que se greffer sur une autre tare…L’autocratie, mère de tous les vices.
La Nation, 31 jan 2021
Tags : Algérie, corruption, gabégie,
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